Laurent Preziosi
Légende :
Laurent Preziosi, militant socialiste, membre de la mission Pearl Harbour débarquée en Corse à partir du 14 décembre 1942, ici après-guerre
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © ANACR Corse-du-Sud Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en couleur.
Date document : Sans date
Lieu : France
Contexte historique
Laurent Preziosi est né à Maison-Carrée (Algérie) le 22 juin 1912. Originaire de Taglio Isolaccio, Laurent Preziosi exerce en Algérie le métier d'instituteur. C'est un membre actif des Jeunesses socialistes. Etudiant à l'université d'Alger, il fait partie d'un cercle d'amis, parmi lesquels l'écrivain Max-Pol Fouchet et l'avocat Yves Dechezelles - qu'on retrouvera, à la déclaration de la guerre dans les groupes de Résistance, ceux-là mêmes qui aideront au débarquement des Anglo-saxons le 8 novembre 1942. Le nouveau gouvernement Pétain-Laval, né de la défaite, sanctionne, dès son avènement, le militant ardent défenseur du Front populaire pour sa participation aux grèves du 30 novembre 1938. Durant sa suspension en 1938, avant sa révocation, Laurent Preziosi trouve un poste de rédacteur au journal Alger républicain où il renforcera ses liens d'amitié avec Albert Camus. Révolté par l'internement des 27 députés communistes en Algérie, il leur apporte son aide. Pour l'exercice de son activité syndicale et politique, il s'était rendu souvent sur le continent où il avait établi de nombreux contacts avant même la déclaration de guerre. En Corse, où il avait souvent séjourné, il pouvait compter aussi sur de nombreuses relations et sur sa famille. Son père et sa mère, rentrés d'Algérie, y résidaient désosormais. Il doit fuir Alger pour éviter une déportation certaine au camp de prisonniers politiques de Djenein Bou-Rezg. C'est à Bastia qu'il touve un emploi dans la filiale d'une entreprise d'import-export de légumes appartenant à un responsable socialiste de Marseille, René Tomasino. Ce travail lui permettra de sillonner la Corse sans éveiller les soupçons de Vichy. Averti par Max-Pol Fouchet de l'imminence d'une opération d'envergure des Alliés en Afrique du Nord, il revient clandestinement en Algérie en février 1942. Il s'établit à Oran. Lors du débarquement des Alliés le 8 novembre (Opération Torch), il fait partie des commandos qui aideront à terre au succès de l'opération. Quand est formé le projet d'une mission clandestine (mission Pearl Harbour) en Corse occupée pour établir le premier contact entre Alger et la Résistance de l'île, Laurent Preziosi est l'homme idoine parce que, outre qu'il parle corse, comme Toussaint Griffi, il a l'avantage sur les trois autres membres du réseau d'avoir de nombreuses et solides amitiés et relations politiques.
La mission commandée par le commandant de Saule, constituée par Laurent Peziosi et par les cousins Pierre et Toussaint Griffi, est débarquéee du sous-marin Casabianca dans la nuit du 13 au 14 décembre 1942 en baie de Topiti. Avec la complicité de la population et l'aide de l'abbé Mattei, Domnique Antonini, un ancien militaire, des familles Nesa, Versini, Camilli et Alfonsi, les clandestins, avec leur poste radio, rejoignent le village de Marignana, d'où ils seront acheminés vers la Haute-Corse. Alors que le radio Pierre Griffi se sédentarise quand il peut pour émettre, les autres membres de la mission sillonnent la Corse pour nouer des contacts. Il participe à la première importante livraison d'armes, le 6 février 1943 sur la plage d'Arone (au sud de Piana) avec les responsables locaux et ceux d'Ajaccio, dont notamment Jean Nicoli, André Giusti, François Carli et André Bozzi. La mission obtient l'accord des responsables locaux pour la préparation d'un débarquement. Ils fournissent à la mission leurs renseignements sur l'implantation et la force de l'ennemi, notamment l'équipe de de Montera sur Bastia, de Pascal Valenti sur Corte, de Pierre Casale sur St-Florent, des Frères Dominique et Roch Spinosi sur Calvi et de Nonce Bienelli, Jean Nicoli et Arthur Giovoni sur Ajaccio. Le 24 février 1943, Laurent Preziosi et Toussaint Griffi reçoivent l'ordre de rentrer à Alger parce qu'ils ont été repérés par l'occupant italien. Leur mission est quand même accomplie. Le sous-marin Casabianca les récupèree près de Solenzara dans la nuit du 10 au 11 mars suivant.
Laurent Preziosi, malgré la promesse qui lui avait été faite de retourner en Corse pour la libération de l'île, ne pourra y participer. Il sera en revanche débarqué sur les côtes de Provence pour participer à l'opération "Dragoon" (débarquement de Provence) et à la libération du continent. Il participe ensuite au Gouvernement provisoire de la France libre dans le cabinet d'Adrien Tixier, ministre du Travail et des Affaires sociales d'où prendra naissance la nouvelle et définitive carrière de haut fonctionnaire de Laurent Preziosi. Il sera entre autre, délégué français à la Conférence internationale du Travail et auditeur à l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale.
Il décède le 5 novembre 2010 à Paris.
Laurent Preziosi était officier de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du Mérite. Il était également détenteur de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes et étoiles, de la Médaille de la Résistance, de la médaille militaire, de Combattant volontaire de la Résistance et de la médaille d'or de l'Etoile civique.
Laurent Preziosi et Toussaint Griffi, son compagnon d'armes, ont co-écrit Première mission en Corse occupée, Éditions L'Harmattan, 1988.
Antoine Poletti pour l'ANACR de Corse-du-Sud.