Témoignage sur la co-belligérance italienne à Levie
Légende :
Entretien entre le colonel de Peretti et Marcel Santoni sur le ralliement de certains soldats volontaires italiens aux résistants corses, septembre 2004
Genre : Film
Type : Vidéo
Source : © Archives privées Marcel Santoni Droits réservés
Détails techniques :
Film en couleur d'une durée de quatre minutes et 17 secondes.
Date document : septembre 2004
Lieu : France - Corse
Contexte historique
(1) Septembre-octobre 1943 : le passage de l'image d'un ennemi à un "allié repentant" Les combats de la Libération vont faire évoluer dans un sens positif mais limité la représentation de l'Italien dans l'imaginaire social corse. La cobelligérance italienne déclarée officiellement le 11 septembre 1943 ralliant les forces militaires du Regio Esercito dans le camp anglo-américain, contre l'Allemagne, fait théoriquement des soldats italiens des alliés et non plus des occupants. [...]. Le passage des Italiens dans le camp des alliés est vécu dans les rangs allemands comme une trahison. L'image négative de l'Italien - piètre combattant, indiscipliné, voleur - qui prédominait déjà chez les soldats allemands est amplifiée par ce bouleversement d'alliance. Les Allemands considèrent donc les Italiens comme des traîtres : nombreux seront ceux qui, en Corse, seront faits prisonniers et parfois exécutés sommairement par les troupes allemandes.[...] La cobelligérance a eu le grand mérite de détendre en partie les relations entre anciens occupants et insulaires mais elle ne veut pas dire que l'italophobie des Corses ait pour autant disparu.[...] On constate qu'après la Libération, la perception de l'Italien se caractérise, dans l'imaginaire social corse, par le retour du stéréotype du travailleur agricole immigré et que, par conséquent, l'impact positif de la cobelligérance n'a été que temporaire ou limité".
(2) Dans la foulée du déclenchement du soulèvement populaire décrété le 8 septembre 1943 au soir dans la région d'Ajaccio, la Résistance insulaire prit trois initiatives : Paulin Colonna d'Istria, en pourparlers avec le général italien Magli à Corte, lui demande de choisir rapidement entre la neutralité, l'hostilité ou la coopération avec les patriotes corses, à quoi Magli finit par répondre par une position de neutralité vigilante. Le 10 septembre, Magli avertit Senger und Etterlin que la liaison routière Casamozza-Corte-Ajaccio ainsi que l'embranchement en direction de Zicavo et de Petreto-Bicchisano devient être laissés à la seule disposition des troupes italiennes, les troupes allemandes ne devant utiliser que la côte orientale pour gagner Bastia.
La décision de se ranger aux côtés des patriotes corses fut favorisée, le 11 septembre 1943 à 10 heures, par la réception d'un message explicite du général Roatta : "Considérez les troupes allemandes comme ennemies." Une heure plus tard, Magli réunit autour de lui les commandants des grandes unités pour les avertir du changement de statut des Allemands et leur fournir les consignes suivantes, le début des opérations étant prévu le 13 à 6 heures : attaque par la division Friuli des positions allemandes au nord de Bastia et à Borgo, suivie d'une progression en direction de Porto-Vecchio, attaque du terrain d'aviation de Ghisonaccia, constitution d'importants barrages à Santa-Lucia-di-Porto-Vecchio, Ospedale, Zonza, Petreto-Bicchisano, Aullène et Serra di Scopamène, mise à disposition des maquisards corses sur les flancs et les arrières des Allemands.
La cobelligérance ne se manifesta pas seulement par des actions communes avec les patriotes corses, notamment dans la partie méridionale de l'Ile de Beauté, afin de bloquer l'accès d'Ajacio aux unités allemandes, elle se fit institutionnelle par l'intégration d'unités italiennes au détachement de l'Armée d'Afrique et la définition commune de la libération de Bastia. Le général Magli rencontra le général Henry Martin le 17 septembre à Ajaccio, puis, quatre jours plus tard, le général Giraud venu d'Alger. C'est ensemble que fut décidé le plan de reconquête de Bastia. En fait, l'implication des troupes du VII corps d'armée dirigée par Magli n'excéda pas 20 % de son effectif, soit entre 16 000 et 18 000 hommes, appartenant pour l'essentiel à la Friuli et à la 225e DC, la plupart des autres militaires transalpins demeurant passifs ou favorisant la logistique des troupes françaises débarquées.
(1) D'après Sylvain Gregori, Tra Lucchese è nimicu, la représentation mentale dans l'imaginaire social corse, 1938-1943, Etudes corses, 1997.
(2) D'après Jean-Louis Panicacci, l'Occupation italienne, Sud-Est de la France, juin 1940 - septembre 1943, PUF de Rennes, 2010.