Messages relatifs aux parachutages en Corse
Légende :
Messages relatifs aux parachutages en Corse, rédigés par "Annibal", c'est-à-dire Maurice Choury
Genre : Image
Type : Document
Source : © Archives Maurice Choury Droits réservés
Date document : Sans date
Lieu : France - Corse
Analyse média
Maurice Choury annonce le changement des noms de code des terrains et l'affectation des messages.
"Morue" ou "Poire" désigne le terrain situé au col d'Arusola, à l'ouest de Tasso.
"Truite" ou "Abricot" désigne le terrain situé entre Azilone et la cote 844.
"Brochet" ou "Raisin" désigne le terrain situé entre Parapoggio et la cote 924.
"Perche" ou "Pomme" désigne le terrain situé près de la Pointe Grimaldella, au sud-ouest de Cauro.
"Saumon" ou "Ananas" désigne le terrain situé près du col de Tazzara, près d'Ucciani.
"Ablette" ou "Nèfle" désigne le terrain situé sur le plateau d'Eze-Bastelica.
"Maquereau" ou "Mandarine" désigne le terrain situé à la BoccanAlla Croce-Cruzzini.
"Gardon" ou "Prune" désigne le terrain situé près du sommet Pietra-Cinta, au nord-ouest de Palneca.
"Requin" ou "Banane" désigne le terrain situé à la cote 485, près d'Arro.
"Limande" ou "Pamplemousse" désigne le terrain situé à l'ouest d'Incudine, au nord du col de Cheralba.
"Méduse" ou "Grenade" désigne le terrain situé près du col de Bottaggio-Tasso.
"Tanche" ou "Noix" désigne le terrain situé entre Mezzavia et Afa.
"Sardine" ou "Amande" désigne le terrain situé au sud d'Evisa.
Maurice Choury, La Résistance en Corse, "tous bandits d'honneur !", préface d'Arthur Giovoni, Editions sociales, Paris, 1958.
Contexte historique
L'occupation intégrale de la Corse avec plus de 80 000 Italiens auxquels s'ajoutent, pendant l'été 1943, environ 7 000 Allemands rend extrêmement périlleux les parachutages. La topographie accidentée est à la fois un avantage et une difficulté. L'organisation exige la communication de messages, la prévision de l'accueil, ainsi que les transports.
1 - Les messages :
Rédigés par Maurice Choury, alias "Annibal", ils doivent être transmis à Londres puis, le plus souvent, à Alger. Ils indiquent les coordonnées du terrain et son nom de code : des noms d'animaux ou de fruits (par exemple pour "Morue" sur la commune de Frasseto : " J'ai retrouvé le cahier bleu dans ma chambre" et pour "Pieuvre" dans la région de Zicavo : "Les pêcheurs se lèvent de bonne heure le matin"). Manuscrits, sur papier d'écolier, ils témoignent du peu de moyens techniques dont disposaient les résistants. Transmis par radio, ces messages sont ensuite repris par la BBC ou la radio d'Alger pour avertir les équipes de réception.
2 - Les problèmes et les incidents :
Le terrain doit être balisé par des feux, ce qui le rend repérable par l'occupant. La nuit doit être claire, ce qui oblige à l'attente de nuits de pleine lune, toujours au détriment de la sécurité. L'endroit doit être isolé sans être inaccessible pour des hommes qui doivent repartir lourdement chargés. Les containers, soutenus par des parachutes, contiennent des armes, des munitions, des vivres, des chaussures, des vêtements, des brassards, parfois de l'argent. Ces contenus sont portés ensuite souvent à dos d'homme. Les containers, largués de trop fortes altitudes, peuvent être perdus, détournés par des paysans, des bergers, ou repérés par des patrouilles italiennes. Les comités d'arrondissement se plaignent du peu de précision des largages. Accrochages avec les carabiniers et perquisitions brutales ont été fréquents. Dans la nuit du 21 au 22 août 1943, un parachutage sur "Belette", au nord-ouest de Porto Vecchio, a été repéré par les Allemands qui ont pris des otages et menacé de les fusiller. Une action audacieuse des patriotes a permis de les délivrer. Un officier allemand a été tué. Quand un terrain est "brûlé", il faut avertir Alger et changer les rendez-vous, ce qui explique, en partie, le nombre élevé des terrains répertoriés.
Hélène Chaubin, CD-ROM La Résistance en Corse, AERI, 2007.