Alain de Boissieu
Légende :
Alain de Boissieu, commandement de l’Escadron de Protection du général Leclerc et du PC avancé de la 2e DB. Il participe aux combats du Luxembourg avec deux de ses pelotons.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Lieu : France - Ile-de-France - Paris
Contexte historique
Alain de Boissieu est né le 5 juillet 1914 à Chartres. Son père était assureur-conseil. Après des études au collège Sainte-Croix du Mans et à l’école Sainte-Geneviève de Versailles, il entre à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en octobre 1936. Sorti de l'ESM dans la promotion du Soldat Inconnu, le sous-lieutenant de Boissieu poursuit sa formation militaire à l’Ecole d’Application de la Cavalerie de Saumur en septembre 1938. Il obtient également trois certificats de licence à la Faculté de Paris. Lors de la déclaration de guerre, le sous-lieutenant de Boissieu sert au Groupe de Reconnaissance de la 10e Division d’infanterie (15e GRDI). Chef de peloton de canons antichars, il arrête une attaque ennemie, le 11 juin 1940, au nord d’Epoye, dans la Marne, détruisant trois blindés et faisant preuve du plus grand calme et de la plus grande énergie. Encerclés dans le bois de la ferme Milan par les Allemands qui viennent de prendre le village voisin d’Epoye, les canons de 25 antichars, ne pouvant tirer de nuit, doivent être sauvés de la capture. Avec l’autorisation du commandant de la position de défense, le sous-lieutenant de Boissieu décide de rassembler les 35 cavaliers de son peloton dans le layon le plus large et de charger au sabre les Allemands qui surveillent les sorties en direction de la plaine, tandis que les fantassins voisins couvriraient la charge par une diversion. L’opération réussit avec quelques pertes et les servants emballés se retrouvent sur la route de Beine ; Alain de Boissieu confie alors le peloton à son sous-officier adjoint, le maréchal des logis chef Barbé, puis il revient à pied dans le bois de la ferme Milan pour prendre le commandement des fantassins qui avaient protégé la sortie de son peloton. Les fantassins rejoignent ainsi leur unité à Beine ; le sous-lieutenant de Boissieu tente avec le chef de bataillon de la Rochefordière, qui commande la position, de gagner le camp de Mourmelon et le 15e GRDI. Ils sont faits prisonniers le 12 juin dans une embuscade allemande à hauteur du mont Cornillet.
Deux fois cité pendant la campagne de France, c’est en Belgique, le 19 juin, au cours du transfert de son détachement de prisonniers vers l’Allemagne, qu’il prend indirectement connaissance de l'appel prononcé la veille par le général de Gaulle à la radio de Londres. Il tente de s’évader du train qui le transporte à Mayence. Promu lieutenant en septembre 1940 pendant sa détention, il s'évade de l’Oflag II D en Poméranie le 28 mars 1941 avec deux camarades, le sous-lieutenant Klein et le lieutenant Branet, et gagne l'URSS où il est de nouveau interné, après avoir demandé à rejoindre le général de Gaulle en Angleterre. L’offensive allemande de juin 1941 joue en faveur des internés français, rassemblés dans un camp à Mitchourine au sud de Moscou, dont une liste est communiquée aux nouveaux alliés britanniques qui la transmettent aux Forces françaises libres. Avec 185 camarades, emmenés par le capitaine Billotte, Alain de Boissieu parvient à rejoindre, par Arkhangelsk et le Spitzberg, l’Angleterre où il signe son engagement dans les FFL, à Camberley, le 12 septembre 1941. Servant à l’Etat-major particulier du général de Gaulle à Londres pour remplacer un officier blessé, il suit un entraînement de parachutiste et de commando puis prend part aux opérations de Bayonne à Pâques 1942 et au raid sur Dieppe en août 1942.
En décembre 1942, le capitaine de Boissieu est envoyé en mission dans l'Océan Indien, sous les ordres du général Legentilhomme. Il participe alors aux opérations du rétablissement de l'autorité française à Madagascar et à Djibouti avec le Bataillon de marche n° 2 (BM 2) des FFL. En mars 1943, il rejoint, sur sa demande, la Force "L" du général Leclerc en Tunisie et est affecté au 3e Bureau de l'Etat-major. La Force "L" devient, en juillet 1943, au Maroc, la 2e Division blindée (2e DB). En février 1944, Alain de Boissieu est affecté au commandement de l’Escadron de Protection du général Leclerc et du PC avancé de la 2e DB avec un escadron de chars légers et d’obusiers de 75. Ses lieutenants sont Pierre de la Fouchardière, Philippe Duplay et Hervé de Lencquesaing. Il débarque en Normandie le 30 juillet 1944 et est blessé le 12 août à La Lande de Goult dans l'Orne par l'explosion d'un obus antichar de 75 alors qu’il aidait le chef du char "l’Ourcq" à sortir de sa tourelle, son tireur blessé ; tous les servants sont tués à l’exception du capitaine de Boissieu qui est éjecté dans l’herbe. Il se distingue lors des combats de la forêt d'Ecouves en réduisant une résistance blindée allemande.
Il fait de même à Paris, le 25 août 1944, lorsqu'il engage deux de ses pelotons contre un ennemi fortement organisé au point d'appui du Luxembourg, parvenant à l'ébranler au point de le faire capituler quelques heures plus tard.
En Alsace, en décembre 1944, le capitaine de Boissieu est affecté sur sa demande au 501e Régiment de chars de combat (501e RCC) dont il commande la 3e Compagnie de chars moyens. Il est cité à nouveau, lors des opérations du 25 janvier au 2 février 1945, pendant la campagne d’Alsace, où il prépare et fait exécuter à sa compagnie de chars des opérations non appuyées par de l'infanterie, du fait de l’épaisseur de la neige, obtenant chaque fois un succès complet avec un minimum de pertes. Il participe avec le capitaine Dronne à la première attaque d’un village de nuit pour éviter les antichars qui protégeaient Marckolsheim. Affecté en avril 1945 au cabinet militaire du général de Gaulle à Paris, rue Saint Dominique, il obtient cependant de rejoindre pour quelques jours la 2e DB qu'il rejoint, début mai 1945, à Berchtesgaden. Rentré en France, il est promu chef d’escadrons en juin 1945.
Le 2 janvier 1946 à Paris, Alain de Boissieu épouse Elisabeth de Gaulle. Après avoir suivi les cours de l’Ecole d’Etat-major à Paris, il se voit refuser de servir en Indochine, s’étant occupé du retour du Prince Vinh San en Annam, et il est affecté en Afrique équatoriale (août 1947-novembre 1949) au Secrétariat de la Défense de l'ensemble AEF-Cameroun. Il retrouve ensuite le 501e RCC, en qualité de responsable des services techniques, avant d'être affecté à l’Etat-major de la Zone stratégique d'Afrique centrale (1952-1953) à Dakar. Breveté de l’Ecole supérieure de Guerre en 1955, le lieutenant-colonel de Boissieu sert ensuite pendant une année à Paris, à l'Etat-major du commandant en chef de la Zone stratégique de l'Afrique centrale. Ayant demandé un commandement en Algérie, il est placé, en juin 1956, à la tête du 4e Chasseurs dans le Constantinois. Il y fait, dans des circonstances difficiles, la preuve de ses qualités militaires "aussi bien dans la pacification de son territoire que dans l'organisation et l'exécution des opérations" ; il reçoit la Croix de la Valeur Militaire avec deux citations et la cravate de Commandeur de la Légion d’Honneur. Promu colonel en septembre 1958, il devient directeur du Cabinet militaire du Délégué général du Gouvernement Mr Paul Delouvrier et du général Maurice Challe, commandant en chef en Algérie. En octobre 1959 il rejoint à Paris l'Inspection générale de l'Arme blindée et de la Cavalerie comme chef d'Etat-major avant de suivre, en 1961, les cours du Centre des hautes études militaires et de l’Institut des hautes études de la Défense nationale. Le colonel de Boissieu commande alors la 2e Brigade blindée à Saint-Germain-en-Laye (septembre 1962-septembre 1964) et, promu général de brigade, reçoit le commandement de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et de l'Ecole militaire interarmes de Coëtquidan (septembre 1964- septembre 1967). Le général de Boissieu commande ensuite pendant deux ans la 7e Division mécanisée à Mulhouse avant d’être nommé Inspecteur de l'ABC (Arme blindée - Cavalerie) et membre du Conseil supérieur de la Guerre (1969-1971). Général d'armée en mai 1971, il exerce les fonctions de chef d’Etat-major de l'Armée de Terre jusqu'en février 1975. Vice-président du Conseil supérieur de l'Armée de Terre en 1972 et 1973. Grand Chancelier de la Légion d'Honneur et Chancelier de l'Ordre National du Mérite (1975-1981). Membre du Conseil de l'Ordre de la Libération depuis novembre 1970, le général d'armée Alain de Boissieu est nommé, en septembre 2002, Chancelier de l'Ordre de la Libération par décret du Président de la République.
Le général d'armée Alain de Boissieu est décédé le 5 avril 2006 à Clamart dans les Hauts-de-Seine. Il est inhumé à Colombey-les-Deux-Eglises en Haute-Marne.
Vladimir Trouplin