Analyse média

Cette tribune qui occupe la première page recto-verso du journal est signée au verso du nom de Fabricius.

Le journal – défini par deux fois (haut de la page gauche et en encadré) – « Journal indépendant » – porte en sous-titre, par dérision, une phrase extraite de l’appel du 25 juin 1940 lancé par le maréchal Pétain : « Je hais les mensonges qui vous ont tant fait de mal ». La tribune formant la une sur deux colonnes est intitulée « Votre opinion est la nôtre ». Elle porte en sous-titre pour ce numéro: « Comment « ils » font l’histoire », et montre, exemples à l’appui, comment l’idéologie nazie s’est emparée de l’éducation et, plus spécialement, des livres scolaires destinés à enseigner une histoire qu’elle falsifie grandement.

L’originalité de cette page tient au fait qu’elle se livre à une analyse de fond de l’idéologie nazie, à travers le rappel d’un de ses poncifs principaux : la supériorité de la race aryenne qui, pour ne pas devenir « abâtardie et négrifiée » comme la France, justifie les autodafés de livres, la surveillance des enseignants et des contenus enseignés. Au passage, l’accent est mis sur le mot  « Umschulung » (rééducation), récurrent dans le discours nazi. Le texte montre que c’est en fait une vision nazie de la France, « éternelle ennemie de l’Allemagne », qui se met en place, avec la mention de quelques points d’histoire et l’appel au sentiment régional : l’opposition nord / sud devient fondatrice d’une histoire de France construite sur d’autres oppositions (protestants / catholiques, gens de droite / gens de gauche). 

This opinion column, taking up the first page, front and back, of the newspaper is signed on the back with the name Fabricius.

The paper - defined twice (upper left corner and framed) - “Independent Newspaper” - as the subtitle and mockingly includes an extract from the call made by Pétain on June 25^th, 1940: “I hate the lies that have hurt you so”. The paper's first page was mostly comprised of two columns entitled “We've Heard What You've Had to Say”. This particular edition contains the subtitle “How “they” make history”, and provides supporting examples on how the Nazi ideology had taken over the educational system as well as school textbooks that they had largely falsified.

The originality of this page lays in a thorough analysis of the Nazi Ideology, through the recall of one of the main Nazi convictions stating the superiority of the Aryan race in order to not become “bastardized” or “mixed with other races”, like France is, justifying the burning of books, the surveillance of teachers and pedagogical contents. In the article emphasis is put on the German word “Umschulung” or “reeducation” that recurred in Nazi speeches. The text shows that this is in fact the Nazis’ perception of France, the “eternal enemy of Germany” which is set up with several historical points and a call to regional sentiment: the opposition of the north and the south as a fundamental part of French history that only led into other oppositions (Catholics versus Protestants, right wing politics versus left wing politics).

Contexte historique

Sur le journal (1)
Organe du mouvement Libération nationale d'Henri Frenay, Vérités est créé en août 1941 et fait suite aux Petites Ailes. Il diffuse en zone Sud des informations militaires et économiques et bénéficie des chroniques religieuses du père Chaillet ("Testis"). S'il condamne la collaboration, le journal manifeste un intérêt pour certains aspects de la Révolution nationale, respecte Pétain, puis prend peu à peu ses distances à l'égard du régime de Vichy. Fin 1941, Vérités fusionne avec Liberté pour fonder Combat.

 

Sur les événements de la période (2)
Ce journal paraît après un mois d’août qui a connu un renforcement important de la répression. Elle est inaugurée le 12 par le discours dit « du vent mauvais » prononcé par le maréchal Pétain puis, deux jours plus tard, par la création (antidatée) des brigades spéciales. Celle-ci est suivie, sept jours plus tard, par l’attentat de Pierre Georges ("colonel Fabien") contre un aspirant de la Kriegsmarine, au métro Barbès-Rochechouart. Cet attentat est suivi de la mise en place par Vichy de tribunaux d'exception, les sections spéciales, chargés de la répression, qui prononcent trois condamnations à mort de communistes et une condamnation aux travaux forcés à perpétuité. La répression va s’intensifier dans les mois suivants.


Concerning the newspaper

Pertaining to the National Liberation movement created by Henri Frenay, Vérités was launched in August 1941 and succeedeed to Les Petites Ailes. Vérités allowed circulating military and economic information in the Southern Zone. The religious chronicles were signed by Father Chaillet ("Testis"). Although condemning collaboration, the newspaper was showing interest for some aspects of the Vichy's Government' s National Revolution, showing respect for Pétain, before gradually moving away from the Vichy regime. By the end of 1941, Vérités merged with newspaper Liberté to form newspaper Combat.


Concerning the events of the period

This newspaper began circulating after France was undergoing tougher repression in August, marked by Pétain’s so-called “bad wind” speech on August 12^th. Then two days later by the creation of special brigades. This was followed by the attack of Pierre Georges (“Colonel Fabien”) against an aspiring member of the “Kriegsmarine” in the metro station Barbès-Rochechouart. This attack was followed by the installment of the special courts by the Vichy government, with special sections in charge of repression that had already sentenced three young communists to death penalty and the sentencing of a man to life forced labor. The repression only intensified in the months that followed.