Noël et André Aversenq
Légende :
Ouvriers du livre, imprimeurs clandestins, arrêtés, incarcérés à la centrale d’Eysses et déportés.
Genre : Image
Type : Photo
Producteur : Inconnu
Source : © L’insurrection d’Eysses (19-23 février 1944). Une prison dans la Résistance, ouvrage conçu pa Droits réservés
Détails techniques :
Coupure de journal de qualité médiocre.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Tain-l’Hermitage
Analyse média
Portraits de Noël, le père, et d’André Aversenq, son fils. Ces photos sont tirées de l’ouvrage : L’insurrection d’Eysses (19-23 février 1944). Une prison dans la Résistance, ouvrage conçu par l’Amicale des Anciens Détenus Patriotes de la Centrale d’Eysses, avec le concours de Jean-Guy Modin, Editions Sociales, Paris, 1974.
Elles proviennent certainement d’une coupure de journal d’après-guerre.
On aperçoit un trombone.
Chaque photo est accompagnée d’un texte :
« Noël AVERSENQ
Fondateur de l’Imprimerie de la Presse qui a sorti l’Humanité et les Cahiers du Communisme pendant toute la clandestinité.
MORT A DACHAU EN 1945 »
« André AVERSENQ
Responsable des imprimeries clandestines, qui a défendu l’imprimerie illégale de Tain-l’Hermitage les armes à la main où il fut grièvement blessé.
MORT A MAUTHAUSEN EN 1945 »
Noël et André Aversenq, ouvriers du livre, sont tous deux imprimeurs clandestins pour le PCF. Ils se sont retrouvés, après leur arrestation le 2 septembre 1943 pour André et le 23 septembre 1941 pour Noël, à la centrale d’Eysses avant de mourir en déportation.
Auteurs : Robert Serre
Contexte historique
Le 2 septembre 1943 entre Tain-l’Hermitage et La Roche-de-Glun, les forces militaires et policières, françaises et italiennes, bénéficiant de bavardages imprudents, mettent à sac une importante imprimerie de la Résistance et en éliminent les dirigeants et les employés en les emprisonnant ou en les déportant.
C’est en cherchant les auteurs du sabotage d’une ligne électrique à haute tension que les gendarmes français accompagnés d’un peloton de carabiniers italiens de Tain, renseignés par une femme naïve et trop bavarde, tombent sur une imprimerie clandestine de la direction nationale du PCF pour la zone Sud, « exploitée par 4 communistes notoires, nouvellement fixés dans la commune de La Roche-de-Glun ». Le principal responsable de cette imprimerie, André Aversenq, était un ouvrier du livre de Montpellier où Noël, son père, vieux militant du parti communiste, avait dirigé l’imprimerie de La Presse tirant Le Travailleur du Languedoc, organe régional du PCF.
L’imprimerie drômoise dirigée par André Aversenq imprimait L’Humanité clandestine, les Cahiers du Communisme et des tracts pour la zone Sud. Membre des premiers groupes communistes qui organisaient dès juillet 1940 la Résistance en zone Sud, il avait monté de toutes pièces, à Lyon, l’une des premières imprimeries patriotiques illégales. Journaux, tracts, papillons, et même des affichettes en couleurs en étaient sortis pendant des mois pour être diffusés dans l’ensemble de la zone alors non occupée.
Les militaires démantèlent l’imprimerie. Les gendarmes effectuent trois arrestations (2 hommes, Louis Imbert et Charles Fréchard, et une femme). Le quatrième résistant, André Aversenq, 31 ans, se défend et abat le gendarme Terrail, natif de Véronne (Drôme). Dans la confusion, entre les machines et les marbres, un officier de gendarmerie lui tire, à bout portant, une balle en plein front. Le projectile pénètre entre les deux yeux et traverse le crâne pour aller se loger derrière l’oreille gauche. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Aversenq n’en meurt pas. Mais, grièvement blessé, il est arrêté à son tour « quelques heures plus tard, après intervention d’un important renfort de gendarmerie et de police ».
Des quatre prisonniers, la femme est relâchée. Dès les jours suivants, un tract est diffusé sous le titre « Sauvez-les ! ». André Aversenq, blessé, est transporté à Grenoble où il est condamné à 20 ans de travaux forcés. Envoyé à la centrale d’Eysses, il y retrouve son père, Noël Aversenq, âgé de 71 ans, arrêté le 23 septembre 1941. Il est ensuite déporté à Mauthausen où il mourra en 1945, comme son père à Dachau. Louis Imbert et Charles Fréchard pourront rentrer des camps de Buchenwald et Dachau.
Auteurs : Robert Serre
Sources : AN, F/1CIII/1152, rapport préfet du 03/11/1943. SHGN, rapport R4 Cie Drôme n° 70/4, 73/4 105/4. AD Rhône, 3808 W 313. ADD, 11 J 39, 255 W 89, mémorial de l’oppression. Pour l’amour de la France. Drôme nord, terre d’asile et de révolte. Claude Genest, Tain … op. cit. Burles, La Résistance et les maquis en Drôme-Sud. Cayron Alberte et André, Peuple de la nuit, La Fontaine de Siloé 1998. Ducros Louis-Frédéric, Montagnes ardéchoises dans la guerre, tome 2. Ruby Marcel, Résistance et Contre-Résistance à Lyon et en Rhône-Alpes, Horvath 1995. Notice Aversenq établie par Roger Pierre pour le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier. Douzou Laurent, Libération-sud. Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Le Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945, Paris, éditions Tirésias, 2004. tome I, 1 446 pages, tome II, 1 406 pages, tome III, 1 406 pages, tome IV, 1 282 pages. Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, les déportés politiques, résistants, otages, nés, résidant ou arrêtés dans la Drôme, éd. Peuple Libre / Notre Temps, avril 2006. Collectif, Stéphane Beaumont dir., Histoire de Montélimar, Privat 1992. Mémorial Buchenwald, mémorial Flossenburg. Permezel Bruno, Montluc, op. cit. Martin Patrick, La Résistance dans la Drôme, op.cit. Martin Patrick, La Résistance dans la Drôme. Collectif, Eysses contre Vichy, 1940-…, éd. Tirésias, Michel Reynaud, 1992. L’insurrection d’Eysses (19-23 février 1944). Une prison dans la Résistance, ouvrage conçu par l’Amicale des Anciens Détenus Patriotes de la Centrale d’Eysses, avec le concours de Jean-Guy Modin, Editions Sociales, Paris, 1974.