Hameau de Tastevin à Thines, dans l’Ardèche
Légende :
Hameau où logeait un maquis venu de la Drôme et massacré le 4 août 1943. La commune de Thines, désertée, a été regroupée dans la commune appelée Malarce-sur-la-Thine.
Genre : Image
Type : Carte postale
Producteur : Inconnu
Source : © Collection Robert Serre Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique en couleur.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Thines
Analyse média
Carte postale du hameau de Tastevin, sur la commune de Thines, dans le département de l’Ardèche.
À droite du cliché, la maison où logeaient les huit maquisards du groupe FTPF. En face, à gauche, la maison de madame Louche, qui sera massacrée avec son petit-fils.
Auteurs : Robert Serre
Contexte historique
Le 17 juillet 1943, à la demande de Dick Vincent, frère de Gaston Vincent (« Azur ») de la mission OSS-Brown, un groupe de résistants FTP (Francs-tireurs et partisans) est transféré du maquis de la Fournache, dans les Baronnies, au sud de la Drôme, vers le hameau de Tastevin dans la commune de Thines, pays sauvage et reculé au sud-ouest de l’Ardèche et en limite de la Lozère. Ce pâté de maisons, au fond d’une vallée, paraît insoupçonnable. La mission du détachement, commandé par Charles Blanc (« Charly »), est de recevoir un parachutage d’armes qui doit avoir lieu le 10 août sur un plateau voisin. Le groupe de jeunes maquisards est accueilli avec sympathie par les gens du village.
Le 31 juillet 1943 arrive à Thines un inconnu qui dit apporter au locataire de la maison des nouvelles de sa sœur. Il fait habilement parler les habitants, puis les maquisards auxquels il demande à se joindre. Ceux-ci, méfiants, refusent mais laissent partir l’inconnu. Les jours suivants, les relations avec la population locale se renforcent au cours d’un bal improvisé le 1er août sur la terrasse de l’habitation du groupe FTP.
Mais le matin du 4 août, des soldats allemands, une centaine, venus silencieusement durant la nuit, cernent le hameau et ordonnent aux maquisards de se rendre. Leur refus déclenche un mitraillage intense de la maison. Le combat est inégal. Six maquisards et trois habitants du hameau sont tués, la voisine la plus proche, âgée de 90 ans, son petit-fils et un voisin.
Les six résistants venus des Baronnies drômoises et tués à Thines sont : Alphonse Bataille et Mathieu Ferrer, dont on ne sait rien, Henri Silhol, le seul Ardéchois du groupe, résistant communiste d'Aubenas venu au maquis de la Fournache pour échapper au STO (Service du travail obligatoire). Les trois autres sont des Drômois : Maurice Finck, d’une famille de communistes expulsés de Lorraine, résistant de Buis-les-Baronnies, cuisinier du groupe, qui étant de garde donne l’alerte, mais qui est fauché par une rafale de mitrailleuse lorsqu’il tente de sortir de la ferme en flammes, Georges Bernard, appelé "Gaston" pour le distinguer de son homonyme, né en 1921 à Beaumont-Monteux, ouvrier à Romans, membre du Parti communiste, et Charles Blanc, né en 1920 à Bathernay, résidant à Romans. Bernard et Blanc se sont suicidés ensemble.
Il semble qu’un seul maquisard ait réussi à s’échapper : Fernand Arnaud, bien que blessé, dissimulé dans un roncier dont il s’enfuira deux jours après.
Le huitième, Georges Bernard aurait d’abord été fait prisonnier par les Allemands, puis soit exécuté, soit déporté.
Le traître était un Marseillais agent de la Gestapo, Jean Jalabert.
Un monument et un remarquable cénotaphe de Marcel Braconnier rappellent cette tragédie et sont le cadre, tous les 5 ans, d’une cérémonie commémorative.
Auteurs : Robert Serre
Sources : AN, BCRA, 3AG2/478-171Mi189. ADD, 9 J 3, 1920 W. Demontès A., L’Ardèche martyre, Ed. Mazel, 1946. Ducros Louis-Frédéric, Montagnes ardéchoises dans la guerre, Bourg-lès-Valence, 1977. Mémoire d’Ardèche et Temps Présent, n°43 août 1994. Villard Sylvain, pseudonyme du colonel Rigaud, La tragédie de Thines, Privas, Imp. Cévenole. 1993. Collectif, cédérom La Résistance dans l’Ardèche, AERI-Musée départemental de la résistance en Ardèche et de la déportation, 2004 Martin. Thèse A. Chaffel. Pons. Dufour. Morvan. Plaque com. Romans. Monument aux morts Buis-les-Baronnies. Plaque à Malarce-sur-Thine (Ardèche).
Monument intégrant la stèle initiale, inauguré le 1er août 1948 au hameau du Tastevin, en mémoire des six maquisards et de trois personnes du lieu tués par les Allemands le 4 août 1943. On distingue deux plaques proposant trois inscriptions aux passants.
Dimensions approximatives : 1,50 x 0,50 x 0,50, soit 375 dm3.
© Sylvain Villard, Les sacrifiés de la Fournache, p.324, mars 2011 (cliché Michel Seyve) – droits réservés.
Une des trois plaques du monumentPlaque la plus à gauche sur le monument aux morts du 4 août 1943, relatant les événements qui ont marqué ce jour-là, le hameau du Tastevin.
© Cliché Michel Seyve – droits réservés.
Une des trois plaques du monumentPlaque la plus à droite sur le monument aux morts du 4 août 1943, relatant les événements qui ont marqué ce jour-là, le hameau du Tastevin.
© Cliché Michel Seyve – droits réservés.
Maison BastideLa maison Bastide, avec la terrasse sur laquelle a eu lieu le bal du 1er aoùt 1943, donné par les maquisards et ouvert aux jeunes du pays au hameau de Tastevin (Thines, Ardèche). Sur la droite de la maison, à hauteur de la partie supérieure de la porte, on distingue la plaque commémorative « Honneur aux héros de la Résistance ».
© Cliché Michel Seyve – droits réservés.
Plaque à l’honneur des maquisards de TastevinCette plaque se trouve sur le mur de la maison Bastide. Il s’agit d’ « Don du Conseil Municipal de Thines 1948 ».
© Cliché Michel Seyve – droits réservés.
Gilbert Comte sur la terrasse de la maison BastideGilbert Comte, fils du maire de Thines à la Libération, habitant maintenant la maison de sa mère à Tastevin, témoigne devant Claude Seyve ; il tient en main l’ouvrage écrit par Émile Comte, son père, intitulé Le massacre de Thines au hameau de Tastevin.
© Cliché Michel Seyve – droits réservés.
Maison BastideLa maison Bastide, à droite sur les pentes du hameau du Tastevin, dans les arbres.
© Cliché Michel Seyve – droits réservés.