Cimetière d’Allan

Légende :

Où s’alignent les tombes des dix résistants piégés et massacrés par les Allemands en 1944.

Genre : Image

Type : Tombes

Producteur : Photo Brigade de gendarmerie

Source : © ADD, fonds Vincent-Beaume, photo Brigade de gendarmerie Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Photographie des tombes, dans le cimetière d’Allan, des dix résistants piégés et massacrés par les Allemands en 1944 : Marcel Delaby, Daniel Quinaud, René Barallon, Louis Bied, Jean Brisset, Paul Garraud, Georges Lemaire, Pierre Masson, André Marron, et Louis Vincent.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

Le jeudi 30 mars 1944 à l'aube, un petit groupe détaché du maquis Pierre (Challan-Belval), commandé par les lieutenants Marcel Delaby et Daniel Quinaud, mène une opération de récupération d'essence à la gare de Châteauneuf-du-Rhône. Sur une voie de garage, un wagon chargé de bidons a attiré l’attention du groupe démuni de combustible pour ses véhicules. Trop désireux de profiter de l’aubaine, les résistants ne voient pas qu’il s’agit d’un piège.

Les deux chefs de ce groupe étaient des combattants courageux et expérimentés.
Marcel Delaby, né à Bordeaux en 1917, passe sa jeunesse à Casablanca (Maroc). Sursitaire de la classe 1937, il s'engage pour 6 ans en 1939. Il commence les cours de l'ESM (Ecole spéciale militaire) à Saint-Cyr, les termine en 1941 à Aix-en-Provence. Affecté au 27e RI en 1941, il devient lieutenant en mars 1942, puis à la démobilisation de l'Armée d’armistice, il se retire à Lyon où résidait sa famille. Il vient se mettre à la disposition de Challan-Belval, chef du maquis Pierre, au cours de l'été 1943. Il est placé au Barnier, sur la commune de Saint-Ferréol-Trente-Pas. Difficilement accepté au début, il sait rapidement s'imposer par ses qualités humaines jointes à une autorité naturelle que renforçaient son expérience et ses connaissances militaires. Par des exercices quotidiens, où il donnait le meilleur de lui-même, il avait fait du Barnier une petite unité bien soudée et parfaitement apte à remplir les missions qui lui seraient confiées.
Chef de deux groupes du maquis Pierre occupant les fermes de l'Aubagne et de Nazareth, propriétés de l’abbaye d’Aiguebelle, dans les bois de la commune d'Allan, Daniel Quinaud, 22 ans, était originaire de Pons (Charente-Maritime). En 1941, âgé de 19 ans, il s'était engagé au 14e groupe de transmission de Grenoble. À la dissolution de l'Armée d'armistice, il trouve une situation à Lyon et, très vite, prend contact avec la Résistance. D’abord chargé durant l’été 1943 d'encadrer et de donner une instruction militaire aux jeunes, il fait partie de la promotion de l'école des cadres du maquis de Combovin. Il rejoint ensuite Challan-Belval à l'automne 1943 : il est chargé du ravitaillement des maquis. Il devient lieutenant au maquis Pierre.

Selon certains récits, alors que l'opération touche à sa fin, un camion d'Allemands surgit. Les officiers aux postes de garde, Delaby et Quinaud, font face pour donner le temps aux autres de battre en retraite. Delaby est abattu, Quinaud, blessé à la rotule, est pris. Les hommes qui se sont emparés de l'essence gagnent les collines voisines mais ne peuvent rejoindre le camp pour donner l'alerte. Plusieurs d’entre eux se réfugient à la ferme d’Aubagne. Tandis que deux maquisards partent au ravitaillement et qu’un autre va chercher du secours, les Waffen SS attaquent la ferme. Face aux 30 Allemands, les quelques hommes résistent toute la matinée jusqu’à épuisement de leurs munitions. Deux sont tués dans le combat. Leur tombe, à proximité de la ferme est honorée régulièrement. Les autres maquisards sont capturés et amenés sur la place de la Mairie à Allan. Jean Bernay, responsable du groupe demeuré à la ferme, a tenté en vain d’entraîner ses camarades dans la fuite. Lui seul parvient, bien que blessé à la jambe, à s’échapper et, aidé par deux moines, les frères Yves et Bruno (chirurgien à l’abbaye d’Aiguebelle), à regagner le maquis Pierre à Beaufort, après sa convalescence à Taulignan puis à Dieulefit où selon sa volonté, il sera inhumé. Les prisonniers sont fusillés contre le mur du préau de l’école. Le blessé Quinaud, emmené à Viviers, est ramené le lendemain devant les cadavres de ses camarades. Ne pouvant se tenir debout, il est fusillé à genoux.
Outre Delaby et Quinaud, les victimes du combat ou du massacre qui a suivi sont : René Barallon, né à Saint-Romain-d'Ay (Ardèche), 22 ans, employé à Lyon, Louis Bied, 21 ans, étudiant, originaire de Saint-Étienne (Loire), Jean Brisset, originaire de Lyon, fils d’un avocat à la Cour, étudiant, venant d’un maquis de la vallée d’Azergues, Paul Garraud, né à Lyon, 21 ans, étudiant, fils du doyen de la Faculté, ayant appartenu à un maquis de Haute-Savoie, arrêté et emmené en Allemagne, il s’était évadé en gare de Dijon, avait rejoint difficilement Lyon, puis le maquis Pierre, Georges Lemaire, originaire d’Aubervilliers ou d'Aulnay-sous-Bois (Seine, maintenant Seine-Saint-Denis), employé, Pierre Masson, 20 ans, domicilié à Montélimar, quartier de Chomillac, ouvrier, André Marron, 20 ans, forgeron et Louis Vincent, employé, tous deux originaires de Villeurbanne (Rhône).


Auteurs : Robert Serre
Sources : AN archives BCRA, 3AG2/ 478-171Mi189. ADR, 3808 W 249. ADD, 1920 W, 97 J 28, 132 J 1. Pour l’amour de la France. La Picirella. Burles. Challan-Belval. Vincent-Beaume. Vernin. Martin. Pons. M. Martel, Allan, mon village, de juin 1940 à août 1944, imprimerie Leroy, Le Teil, 1947, 27. Terre d'Eygues n°13, p. 17, témoignage d’Henri Paris. A.Tena, notes 1946. Mémorial Allan. Plaque com. Allan. MAM Montélimar. Dévédrom Résistance Drôme-Vercors fiches 24485 -23576.