Hans Mosch

Légende :

Allemand antinazi qui a sacrifié sa vie au service de la Résistance.

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest

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Analyse média

Cet ancien apprenti-boulanger, né en Saxe en 1901, était devenu un responsable politique du Parti communiste (KPD). Il avait combattu en Espagne avec les Brigades internationales. À la fin de 1943 ou au début de 1944, il rejoint le maquis d’Allemands antinazis en Lozère.

La photographie date certainement d’avant guerre.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

Un maquis d’Allemands antifascistes s’était créé en Lozère. Profitant du relief difficile, du camouflage des bois et des nombreuses fermes abandonnées d’une région en pleine désertification, ce maquis, devenant le refuge de nombreux évadés des camps et GTE (Groupement de travailleurs étrangers) du Gard et de la Lozère, avait pris de l’ampleur. De petits maquis de haute Lozère avaient été rassemblés à La Fare, dans le secteur de Jalcreste, sous l'autorité de "Montaigne" (François Rouan), ingénieur des BTP, officier de réserve, ancien des Brigades internationales. Il avait été décidé d'inclure dans le maquis "Montaigne" « les antifascistes allemands dont la connaissance du français était insuffisante pour qu'ils puissent se faire passer pour Alsaciens ».

Hans Mosch, interné au GTE de Crest, s’évade et rejoint ce maquis d’Allemands antinazis. Comme il parle assez bien le français, il est chargé de sillonner la région et de retrouver ses compatriotes isolés, dépendant de GTE ou appartenant à un autre maquis. C'est ainsi qu’un groupe de six « bûcherons » formé dans la région de Séderon rejoint la Lozère. Hans Mosch accueille ces hommes à leur arrivée dans un petit hôtel au col de Jalcreste. L’un des voyageurs raconte : « Mosch nous salua et nous accueillit, le visage rayonnant de joie. Nous le connaissions depuis l’Espagne, et des retrouvailles si amicales nous faisaient presque oublier la clandestinité ». Il les conduit à La Fare, un village abandonné à demi en ruines dans la montagne. Hans doit effectuer de nombreux voyages pour retrouver des camarades dispersés dont l'adresse lui était fournie par le PCF. Pour utiliser le train, il lui fallait des vêtements corrects : « Chacun y alla de sa petite contribution pour qu'il puisse partir, habillé en homme tant soit peu civilisé ». On pense que trente à quarante Allemands furent ainsi "récupérés". Le groupe s'est étoffé en outre de maquisards de nationalités diverses, dont quelques Français.
Peu après, le maquis d’Allemands est réuni à un maquis de jeunes Français – comprenant également un fort contingent espagnol – et se met sans enthousiasme sous la dépendance de son chef, le commandant Jean Capel, dit "Barot", Otto Kühne conservant la direction politique. Au début avril, une attaque allemande de grande envergure est annoncée : les 120 maquisards vont être encerclés par 2 000 hommes. "Barot" décide d’attendre sur place et de se défendre. Les maquisards allemands jugent que c’est une folie et qu’il faut se hâter de transférer le camp, puis continuer les embuscades. La discussion devient houleuse : Hans Mosch en arrive à proposer que leur groupe se sépare du maquis français. Finalement les Allemands décident de rester « par discipline ».
L’attaque d’encerclement par les vallées des Gardons a lieu les 12 et 13 avril 1944. Mosch réussit à passer à travers les mailles avec un groupe de jeunes Français. En mai, comme les désaccords avec le chef persistent, Otto Kühne envoie Hans Mosch négocier le retrait de son groupe du maquis Barot. Le refus de "Barot" de laisser leurs armes aux maquisards allemands oblige Mosch à un deuxième voyage. Sur son trajet, le 30 mai 1944, au hameau du Magistavol, près de Florac, il tombe sur des Waffen SS (en majorité des Français) déguisés en maquisards, il résiste, mais est abattu de deux balles à la poitrine et à la tête.


Auteurs : Robert Serre
Sources : S.d . Dora Schaul, Resistance Erinnerungen… Collectif s.d. Philippe Joutard, Jacques Poujol, Patrice Cabanel, Cévennes, terre de refuge, 1940-44, Max Chaleil / Presses du Languedoc, 1987. E. et Y. Brès, Un maquis... René Maruejol et Aimé Vielzeuf, Le maquis « Bir Hakeim », imp. Sadiac Nîmes, 1947, rééd. Le Camariguo Nîmes, 1982. Adam Rayski, « La guerre et la Résistance, l’intégration par le sang », "Des maquisards allemands dans les Cévennes, Hommes et Migrations". Témoignage Béranger. Un film de la chaîne Arte sur les anti-nazis allemands évoquait son parcours.