Nancy Bertrand, agent de liaison
Légende :
Cette femme de 42 ans, modeste, mais convaincue, a participé sans s’épargner à la Résistance. Elle a été massacrée à trois semaines de la Libération.
Genre : Image
Type : Portrait
Producteur : Inconnu
Source : © AERD Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest
Analyse média
Portrait de Nancy Bertrand. Cette photographie date certainement d’avant-guerre.
Contexte historique
Nancy Bertrand est née à Gigors (Drôme) le 10 janvier 1902. Elle était marchande de chaussures dans la rue du Pont à Crest (actuelle rue Maurice Long). Le rôle de cette fille du peuple dans la Résistance est certes effacé, mais elle lui a rendu d’inestimables services, qu’elle a payés de sa vie dans d’atroces conditions.
Elle camoufle des réfractaires au STO (Service du travail obligatoire) ou des personnes recherchées par les Allemands. Elle transporte des messages, des petits papiers qu’elle va chercher à la ferme Lombard à Cobonne, au-dessus de la porte du four à pain ; elle les cache dans ses cheveux ou dans le guidon de son vélo. Pendant toute la durée de l’occupation allemande, elle a servi d’agent de liaison entre les combattants du maquis et leurs familles, contribuant grandement au maintien de la confiance et du moral. Elle a continué cette tâche dans l’été 1944 en pleine période de représailles ennemies, au mépris du danger. C’est au cours d’une de ces missions, au moment où elle s’apprêtait à passer les lignes, qu’elle est arrêtée le jeudi 3 août, après avoir négligé de suivre les conseils de Lombard qui lui avait signalé le danger des patrouilles des Mongols.
Elle est prise au « tournant de l’église », après qu’elle ait remonté la vallée de la Sye et remis le message à son contact. Le lendemain, elle est vue par un détenu dans la cour du collège Saint-Louis de Crest, en piteux état. Sans jugement aucun, en pleine nuit, elle est amenée dans un champ du quartier Leyronnat, au sud de Crest, et sauvagement assassinée sur ordre du Major allemand Haverland et de sa maîtresse Marie-Jeanne Piénars ou Petiard, originaire de La Tour-du-Pin. Son corps affreusement mutilé n’est retrouvé dans le champ de Boffard, au quartier des Gardettes, que le 7 août. Chalamel, de La Croix-Rouge le fait transporter à l’hôpital. Le docteur Thiers prélève des fragments de vêtements, le dentier, une broche, une chaussure grâce auxquels, malgré l’état de décomposition, son beau-frère et des amies peuvent l’identifier. Les obsèques le 9 août 1944, présidées par le pasteur Foltz, se déroulent avec une énorme affluence.
Elle repose dans le cimetière de famille, dans son village de Gigors. Le conseil municipal de Crest, dans sa séance du 13 décembre 1944 a donné son nom à une rue de la ville. Une plaque commémorative a été inaugurée en 2009 dans la rue principale de son village.
Auteurs : Robert Serre
Sources : ADD, 255 W 89, mémorial de l'oppression. AC Crest, 4 H 2. P. Martin, Thèse. Pons, De la Résistance à la Libération. Témoignage Noël Sauret. Le Dauphiné Libéré 22, 28 et 31 mars 2009. Le Crestois, 20 mars 2009.