Sabotage ferroviaire aux conséquences dramatiques
Légende :
Sabotage ferroviaire aux conséquences dramatiques à Vercheny et dans les communes de Barsac, Pontaix et Sainte-Croix. Le train de permissionnaires allemands a déraillé à la suite du sabotage de la voie et a pris feu.
Genre : Image
Type : Sabotage
Producteur : Inconnu
Source : © AERD, collection Pierre Vincent-Beaume Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique en noir et blanc.
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vercheny
Analyse média
Photographie du sabotage ferroviaire, dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943, aux conséquences dramatiques à Vercheny et dans les communes environnantes de Barsac, Pontaix et sainte-Croix.
Ne subsistent du train que les carcasses métalliques. Les Allemands font rechercher les victimes par des Français réquisitionnés. Ils ne disposent que d’une petite grue pour dégager les ferrailles. Des corps carbonisés sont alignés dans le champ voisin.
Auteurs : Robert Serre
Contexte historique
Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943, à l’initiative d’Alfred Simonot, chef de gare par intérim, un groupe résistant de Saillans-Vercheny décide de saboter la voie sur la ligne Livron-Briançon, entre Vercheny et Pontaix. Ce groupe opère sous les ordres de Georges Dujet, instituteur à Vercheny, avec Beltrandi, employé à la SNCF, René Abonnenc, 23 ans, qui mourra en déportation, le docteur Hilaire, responsable local des FTP, Marcel Samuel, et deux étudiants Henri Genevès, qui sera fusillé par la suite, et Serge Basset, dit Alexis, qui sera déchiqueté accidentellement par l’explosion prématurée d’une mine.
Faute d’explosifs, avec des outils fournis par Simonot, ils déboulonnent et ripent les rails sur une longueur d’une centaine de mètres au km 41,890. Vers 7 h du matin, un train de permissionnaires allemands, la machine et 14 wagons, déraille et prend feu à cause de braseros allumés par les soldats pour se préserver du froid. La paille des litières aidant, un wagon citerne d’essence s’enflamme, 14 wagons sont incendiés, provoquant l’explosion des deux wagons de munitions. Douze soldats allemands trouvent la mort dans cette opération. Une quarantaine de blessés sont évacués sur Valence où 7 décèdent. Soit au total 19 morts. La voie est rendue impraticable pendant huit jours du fait de ce sabotage accompagné de la mise hors service d’une grue de fort tonnage venue en dépannage pour dégager la voie.
Les secours aux victimes sont rapidement exigés par les Allemands. C’est ainsi que le résistant André Saviard, ambulancier à Die, participe au transport de soldats blessés, ce qui n’empêchera pas qu’il soit arrêté quatre mois plus tard et déporté à Buchenwald. Il en est de même pour l’infirmière Odette Malossane, appelée à soigner les Allemands blessés dans le train et qui sera prise dans la grotte de la Luire. Le lendemain, 23 décembre 1943, Jean Veyer, allant voir sa nièce née à l’hôpital de Die, est témoin de l’accueil des soldats allemands grièvement brûlés à Vercheny. La maternité a été réquisitionnée pour eux. Tous les médecins et toutes les infirmières s’empressent autour d’eux. Mais ce comportement humain n’empêchera pas qu’une terrible répression s’abatte sur la région.
Cinq jours plus tard, le 27 décembre 1943, les Allemands sont là pour les représailles : ils raflent trois hommes pour chacun de leurs 19 morts, soit 57 hommes pris dans les quatre communes les plus proches, Barsac, Pontaix, Sainte-Croix et Vercheny. Les 57 sont déportés en Allemagne. 38 d’entre eux n’en reviendront pas.
Auteurs : Robert Serre
Sources : AN, B.C.R.A. 3AG2/478, 171 Mi 189. AN, 72 AJ 120 n°7. AN, F/1CIII/1152, rapport préfet du 03/01/1944. Archives SNCF. Vincent-Beaume & Serusclat. SHGN, rapport Cie Drôme R4. ADD, 97J 91, T9 J 3/5, T9 J 8/6 Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l’amour de la France, Drôme-Vercors 1940-1944, édition Peuple Libre 1989. Pons Paul, De la Résistance à la Libération. La Picirella Joseph, Témoignages sur le Vercors. Burles …, La Résistance et les maquis en Drôme-Sud. Ladet René, Ils ont refusé de subir. Tillon Charles, Les FTP, Julliard, 1962, communiqué n° 30 des F.T.P.F. Zone sud du 10 janvier 1944. Veyer Jean, Souvenirs sur la Résistance dioise, p. 25. P.Bolle, Die, histoire... Des indésirables, p. 321, témoignage d'Élisabeth Katz. Colloque les Protestants français pendant la Seconde Guerre mondiale, p. 579. Martin Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, 1940-1944, thèse de doctorat de l’Université Paris IV Sorbonne, 2001. Albert Fié (Archives compagnie Pons, dossier 2). Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, les déportés politiques, résistants, otages, nés, résidant ou arrêtés dans la Drôme, éd. Peuple Libre / Notre Temps, avril 2006.
Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1943.
Auteur(s) : Robert Serre - Sources : © AERD, collection Pierre Vincent-Beaume, droits réservés.
Corps d’Allemands retirés des décombres du trainLe 22 décembre 1943 à Vercheny.
Auteur(s) : Robert Serre - Sources : © AERD, collection Pierre Vincent-Beaume, droits réservés.
Monument aux morts de VerchenyIl se situe à Vercheny-le-Haut. Marque bien la différence entre les morts au combat et les déportés raflés après le sabotage sur la voie ferrée à Vercheny. Au loin, la vallée de la Drôme et les montagnes mouvementées du Diois.
Auteur(s) : Robert Serre - Sources : © AERD, collection Alain Coustaury, droits réservés.