Roland Bechmann, dit Lescot
Légende :
Roland Bechmann, dit Lescot, ou encore Gammon-Lescot, commandant de la section d’engins chargée d’interdire l’accès routier du massif devant Saint-Nizier-du-Moucherotte, à partir du 13 juin 1944, date du bouclage du massif du Vercors - sans date
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives Famille Bechmann Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes)
Contexte historique
Roland Bechmann est né à Paris le 1er avril 1919.
Son père, architecte, a combattu dans l’artillerie, pendant toute la guerre de 1914-18 ; son grand-père, Georges Bechmann, à peine sorti de l’école Polytechnique, à 22 ans, a participé à la défense de Paris assiégé en 1871 ; ingénieur en chef de la ville de Paris, il fut chargé en 1914, avec le grade de lieutenant-colonel, de l’organisation du « camp retranché » de Paris.
Carrière militaire :
En 1938-39, il suit des cours de préparation militaire et des cours de pilotage. Refusé dans l’aviation, il est mobilisé dans l’infanterie en novembre 1939 et envoyé au centre de formation d’aspirants d’infanterie d’Auvours (Sarthe).
Le 18 juin 1940, il tente vainement de faire décoller vers l’Angleterre un avion de guerre abandonné sur le terrain d’aviation local.
Après l’armistice, il est volontaire, en août, avec d’autres élèves-aspirants, pour encadrer les jeunes mobilisés envoyés dans les Chantiers de la jeunesse.
Dégradé dès octobre 1940 du fait de ses origines juives, il est démobilisé le 4 janvier 1942, après un an dans un Chantier de la jeunesse du Vercors.
En relation, depuis fin 1940, avec Jean Prévost et Pierre Dalloz, il participe à des actions mineures de Résistance.
À partir de février 1944, après avoir transmis à un réseau de résistants, à Paris, des documents dissimulés dans les plans de son projet de diplôme d’architecte, Roland Bechmann se consacre à temps plein aux fonctions qui lui sont assignées dans la Résistance, en liaison avec le comité de combat du Vercors. Il participe à plusieurs de ses réunions. Il est notamment chargé du minage préalable des accès du Vercors en prévision du futur bouclage.
Lieutenant FFI, il assure aussi l’instruction à l’emploi des armes reçues, en particulier les lance-roquettes bazookas, les bombes Gammon (ce qui lui vaut le pseudonyme de Gammon-Lescot), ainsi que les dispositifs de mise à feu des explosifs.
Après le bouclage du Vercors, le 13 juin, il reçoit le commandement de la section d’engins chargée d’interdire l’accès routier du plateau, devant Saint-Nizier, à la charnière entre les deux compagnies Goderville et Brisac, qui tiennent la position. Après des combats toute la matinée, l’ennemi est parvenu à quelques dizaines de mètres ; à court de munition, le petit groupe reçoit in extremis le renfort de la section de l’adjudant-chef Chabal. Sous la protection du feu de leurs camarades, dont trois sont tués, les deux chefs et un volontaire lancent à très faible distance des bombes Gammon sur l’ennemi, qui finit par se replier.
Atteint d’une septicémie à la suite de ses blessures, Lescot est évacué. Après l’ordre de dispersion du Vercors, il reprend le maquis alors qu’il commence à se rétablir. Il prend le commandement de maquisards égarés, les guide par la montagne, les réarme et leur fait traverser les lignes allemandes.
Il se maintient dans le Royans jusqu’au débarquement du 15 août, puis rejoint, dans Grenoble libérée, le commandant du Vercors, pour se mettre à sa disposition. Il est nommé à l’école militaire d’Uriage, comme instructeur des hommes issus de la Résistance, qui s’engagent dans l’armée régulière. Il est démobilisé en juillet 1945.
Carrière après-guerre :
Après avoir étudié, en 1937-1939, l’architecture à l’école des Beaux Arts de Paris et obtenu en même temps sa licence d’histoire à la Sorbonne, il passera en 1978 son doctorat de géographie.
De 1946 à 1986, il construit en France des pavillons, des immeubles, des ensembles importants de logement sociaux, une maison de retraite, un grand lycée agricole près d’Avignon, qui sera inscrit à l’inventaire des monuments historiques, et diverses autres réalisations.
Parallèlement, il fonde en 1964 une association et une revue qui se préoccupent dès cette époque des problèmes d’environnement, de protection et d’aménagement équilibré du cadre de vie, de développement raisonnable. La revue paraîtra jusqu’en 2002.
Ses différents centres d’intérêt l’amènent à publier une série d’ouvrages sur la construction, et à étudier l’influence des facteurs de l’environnement dans différents cadres et à diverses époques.
Distinctions :
Officier de la Légion d’honneur ; Croix de guerre 1939-1945 (deux palmes).
Auteur : Philippe Huet, in Actes du colloque Les Militaires dans la Résistance, Ain-Dauphiné-Savoie, 1940-1944, Anovi, 2010.
Sources :
Archives Famille Bechmann.
Archives ANPCVV - Grenoble.