Remise des armes à Crest le 6 juin 1944
Légende :
Les hommes de la compagnie Pons reçoivent leur arme individuelle.
Genre : Image
Type : Dessin
Producteur : Réalisation Albert Fié
Source : © Archives privées Albert Fié Droits réservés
Détails techniques :
Gouache sur papier dessin, 15 x 21 cm.
Date document : 1993
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest
Analyse média
Le document fait partie d'une série de 150 dessins qu'Albert Fié a consacrée à son entrée et à son parcours dans la Résistance dans la région de Crest. Il a été réalisé en 1993, c'est-à-dire pratiquement cinquante ans après l'événement. Cette distribution d'armes est un des souvenirs les plus forts d'Albert Fié. Comme sur toute son œuvre, on retrouve sa signature et l'emblème de la compagnie Pons, l'ancre de marine associée à la croix de Lorraine. L'ancre s'explique par l'origine de Paul Pons, officier de la marine marchande.
On assiste à la remise des armes dans la matinée du 6 juin 1944 sur une place de Crest. Les visages sont sereins, voire gais. Ce sont des armes légères, individuelles qui sont données aux hommes. Pratiquement aucun ne porte le brassard des FFI (Forces françaises de l'intérieur), signe de reconnaissance et d'identité. Le brassard sera distribué une quinzaine de jours après. Au premier plan, on distingue une mitraillette STEN, plus loin des fusils. Deux hommes portent un pistolet à la ceinture. Celui qui donne une arme, un fusil Remington, à Albert Fié est Alix Sabatier. Derrière, l'homme au béret, avec une veste sombre, un pantalon bleu est Paul Pons. Par la suite, dans les dessins d'Albert Fié, Paul Pons portera le képi de la marine marchande et une veste bleue.
Auteurs : Alain Coustaury
Contexte historique
À Crest, sous la direction du capitaine Paul Pons, a lieu une distribution d'armes aux volontaires qui se présentent sur la place du champ de foire, place de la Liberté sur laquelle se dressait la statue de l'insurgé déboulonnée depuis 1942. L'opération se déroule dans une ambiance très particulière de levée en masse, d'enrôlement des volontaires. Le souvenir des actions de résistance au coup d'état de 1851 du futur Napoléon III imprègne les participants, particulièrement les responsables.
C'est un moment fort que traduit ce dessin. Le 6 juin 1944, le débarquement sur les côtes normandes est en cours. Grâce au message radiodiffusé, pour le réseau Buckmaster-Roger, « La pistache est verte », la nouvelle est connue depuis quelques heures. Toute la nuit, les responsables de la Résistance regroupent leurs hommes. Longtemps attendue, espérée, cette opération militaire déclenche une vague d'enthousiasme qui se traduit, pour la Résistance, par son émergence au grand jour. Comme dans beaucoup de maquis, les armes sont extraites de leur cache. Elles y avaient été soigneusement conservées après les parachutages des mois précédents. Albert Daumas les apporte avec sa camionnette, d'autres véhicules pétaradants arrivent chargés de caisses. Les récipiendaires sont pour la plupart des « sédentaires » qui n'ont reçu que peu d'instruction militaire, sauf pendant leur service militaire. Leur connaissance des armes, leur utilisation, leur entraînement sont donc déficients. Suivant les ordres reçus, Crest devait être occupé dès l'aube par les forces de la Résistance. Dès que les groupes sont armés, Pons leur désigne une tâche.
L'ambiance survoltée de la matinée va se transformer en angoisse quand, dans l'après-midi, les forces allemandes vont se présenter à l'entrée ouest de la cité et se heurter au barrage dérisoire mis en place par la Résistance sur la route nationale 93. Un combat inégal va s'engager qui va tourner au désavantage des résistants. Courageux mais ne disposant pas d'armes capables de répondre à celles de soldats allemands aguerris, ils battront en retraite.
Comme pour la distribution des armes, Albert Fié a traduit par des dessins ces épisodes dramatiques.
Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Archives privées Albert Fié. Dvd-rom sur la Résistance dans la Drôme – Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.