Le puits de la ferme des Griolles à Combovin
Légende :
Citerne de la ferme des Griolles, à Combovin, où a été retrouvé Lucien Faure, le 22 juin 1944.
Genre : Image
Type : Bâtiment
Source : © AERD Droits réservés
Détails techniques :
Photographie noir et blanc extraite de René Ladet, Ils ont refusé de subir.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Combovin
Analyse média
Les trois radios qui émettaient depuis cette ferme sont abattus après s’être défendus jusqu’à épuisement de leurs munitions. Un maquisard de 24 ans, Lucien Faure, est pris le corps criblé de balles. Il est sauvagement torturé avant d’être jeté dans la citerne par l’ouverture dont le volet est ouvert sur la photographie. Il en sera extrait agonisant et mourra peu après.
De nos jours, le bâtiment, en ruines, est quasiment inaccessible à cause des broussailles.
Auteurs : Robert Serre
Sources : René Ladet, Ils ont refusé de subir.
Contexte historique
En janvier 1943, Marcel Barbu, fondateur de l’usine et de la communauté Boimondau (Boitiers de Montres du Dauphiné) à Valence, qui sort de la prison de Fort-Barraux, achète la ferme Mourras à Combovin afin d’avoir un refuge en cas de nécessité. Il y crée un camp de réfractaires rapidement connu des occupants italiens et de la Milice, qui y font deux perquisitions sans succès. Une école de formation des cadres de la Résistance y est organisée. Fin octobre 1943, un maquis d’une quarantaine d’hommes s’installe sur la commune. Fin janvier 1944, Michel Prunet (« Michel ») en prend le commandement. L’accroissement des effectifs le conduit à occuper les baraquements construits par la communauté Barbu
Le 1er mars 1944, le camp est attaqué par des GMR (Gardes mobiles de réserve) qui, faute de trouver les maquisards, alertés et enfuis, incendient la ferme, puis vont à Valence piller l’usine : ils saisissent neuf membres de la communauté, en fusillent un et déportent les autres. Le 6 mars, ce sont les Allemands qui assaillent le maquis Michel, heureusement prévenu cette fois encore. Les occupants se vengent en arrêtant quatre réfractaires à La Baume-Cornillane : l’un s’échappe, mais Jacques Baud, 22 ans, René Douzet, 23 ans, et Antoine Longhino, 20 ans, qui travaillaient sur un chantier des Eaux-et-Forêts, sont torturés au siège de la Gestapo à Valence. Le lendemain, les Allemands incendient la ferme de Marquet et deux baraques de Barbu, et emmènent à Gigors-et-Lozeron les trois prisonniers qu’ils contraignent à monter pieds nus dans la neige, sur la montagne de la Raye où ils sont fusillés.
Le 6 juin, De Lassus installe le PC FFI (Forces françaises de l'intérieur) à Combovin, à la ferme Belle où il retrouve Drouot. L’administration civile de la Résistance s'installe chez le maire de la commune. Drouot ("L'Hermine") ne cesse de réclamer des armes, des tentes, de l’habillement et de l’argent à Alger, deux parachutages ratés ayant causé une perte presque totale.
Les Allemands continuent à harceler les résistants : le 12 juin, leur aviation détruit la bergerie précédemment occupée par la compagnie Ladet.
Le 19, l'état-major départemental FFI renforcé de trois membres importants du CDL (Comité départemental de Libération), Follet, Planel et Marty, déménage son PC à la ferme Clair Noir, au sud de la commune.
Le 22 juin, les Allemands lancent cette fois une attaque en force : à 7 h 30, six avions lâchent 80 bombes sur Combovin, tuant des civils, Nancy Modeste Didier, Émilie Grenier de la Tour, née Vieux, Germaine Lagriffe, Pascal Testa, ainsi qu’un jeune homme non identifié.
Des hommes de la compagnie Perrin tentent alors de porter secours à la population et d'aider à sortir les victimes des décombres. La compagnie Houtman, en formation, est liquidée, le lieutenant Jean Houtman est tué par une bombe. Les troupes allemandes, profitant du désarroi et de la faiblesse de l’armement des résistants, montent rapidement sur le plateau de Combovin. Ils s’emparent du commissaire régional des éclaireurs unionistes, André Mounier, 43 ans, agent des PTT à Valence, qu’ils abattent devant le temple. Un cultivateur de Suze, Pierre Bonnet, 23 ans, et un agriculteur de Piégros-la-Clastre, Élie Planel, 21 ans, sont arrêtés et déportés à Neuengamme : le premier y mourra, le second décèdera pendant son rapatriement le 4 juillet 1945 dans un hôpital de Paris.
Une seconde colonne ennemie équipée d'une automitrailleuse et d'un petit canon descend du plateau supérieur. Bien renseignés et accompagnés de miliciens français, les Allemands assaillent la ferme Mottet. Émile Mottet, son épouse Louise et leur fille Marie-Louise sont fusillés, ainsi que les maquisards Cereda et André Lyonnet.
Poursuivant leur assaut, les Allemands arrivent à la ferme des Grioles, Les radios qui y sont installés sont tués en se défendant jusqu'à épuisement de leurs munitions comme l’indique le tas de douilles vides à leurs côtés : Guy Venderer et Edward Nasch, officiers des forces aériennes françaises libres, Claude Isacovici, 22 ans, d’origine roumaine, sont retrouvés criblés de balles. En cherchant un peu plus dans la ferme, on découvre au fond de la citerne, Lucien Faure, 24 ans, agonisant, qui une fois remonté à l'aide de cordes de parachutes, rendra son dernier soupir. Le malheureux était criblé de balles et, alors qu'il vivait encore, les Allemands l’ont torturé en lui transperçant les joues à coups de baïonnettes avant de le jeter dans le puits.
Les Allemands se rendent enfin à la ferme Belle (ex PC de l'état-major FFI) qu’ils incendient. Mais ils ne vont pas jusqu’à la ferme Clair Noir, ce qui montre que leurs renseignements datent de plus de trois jours.
Outre les deux fermes incendiées, on recense de nombreux immeubles détruits ou endommagés au village de Combovin. Le plateau est réoccupé le soir par les résistants. Le commandement réitère sa demande de bombardement de l'aérodrome de Chabeuil : «"L'Hermine" à "Bayard"…Veuillez demander urgence bombardements terrains aviation de Valence où stationnent actuellement de 50 à 60 appareils allemands. ».
Auteurs : Robert Serre
Sources : ADD, 132 J 1, 1920 W. Poujol, Protestants dans la France en guerre. Pour l'Amour de la France, A-J Mendel, Les Protestants français pendant la 2e Guerre mondiale, colloque. Livre-Mémorial des déportés de répression… Martin, Thèse. Ladet, Ils ont refusé de subir. Pons, De la résistance à la Libération. Duval, Les années noires. Micoud, Nous étions cent cinquante maquisards. La Picirella, Témoignage sur le Vercors. Henri Faure, Étais-je un terroriste ? Témoignage de Roger Maisonny. Vincent-Beaume. Monuments aux morts, plaques commémoratives et stèles Combovin, Vaunaveys, Valence, Bourg-lès-Valence, Montclar-sur-Gervanne, Poste Valence. La Voix populaire de la Drôme, 23 août 1947. Le Crestois 17-11-45, Le Lien n° 34 du 15 mars 1946. Journal Officiel 1987.
Auteur(s) : carte Alain Coustaury et AERI - Sources : Collection AERD-AERI
Plaque commémorative à CombovinDebièvre, Grimaud, Plantier et Simery ont été tués dans d’autres circonstances
Auteur(s) : Photo Alain Coustaury - Sources : collection Alain Coustaury
Monument commémoratif à CombovinPrès de la ferme des Grioles
Auteur(s) : Photo Alain Coustaury - Sources : collection Alain Coustaury
Monument commémoratif à CombovinPrès de la ferme des Grioles.
Auteur(s) : Photo Alain Coustaury - Sources : collection Alain Coustaury
La ferme des GriolesSources : AERD