Marie-Madeleine Fourcade
Légende :
Marie-Madeleine Fourcade, dite "Hérisson", premier chef d'état-major féminin d'un réseau de Résistance, et en l'occurence, du plus gros réseau de renseignement, le réseau Alliance
Marie-Madeleine Fourcade ("Hérisson"), first female chief of staff of a Resistance Network, in this case the Alliance Network, the largest intelligence network all over the country
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France
Contexte historique
Issue d'une vieille famille coloniale (son père est sous-directeur des Messageries maritimes), Marie-Madeleine Bridou est née à Marseille le 8 novembre 1909 et a vécu jusqu'à l'âge de 10 ans en Extrême-Orient. Pensionnaire du très huppé Couvent des Oiseaux, résidant ensuite cinq ans dans le bled marocain, mariée au colonel Méric dont elle a cinq enfants, elle partage depuis 1938 les passions nationalistes du commandant Loustaunau-Lacau, dit "Navarre". Secrétaire du groupe de publications d'extrême droite qu'il a créé, elle est à ses côtés à Vichy en 1940 et participe à la rédaction de l'appel à "La Croisade" qu'il fait parvenir à Londres par divers intermédiaires, dont Jacques Bridou, son frère, puis à la création du réseau Alliance en avril 1941 sous l'égide de l'Intelligence Service, après le refus opposé par le général de Gaulle.
Audacieuse, sachant s'entourer de dévouements nombreux, elle prend le relais de "Navarre" après son arrestation en mai 1941 et guide avec le commandant Faye, "Aigle", le développement de cette organisation à forte composante militaire et masculine. Elle-même prend le pseudonyme de "Hérisson", qui laisse planer le doute sur son sexe, et donne à chaque agent un pseudonyme d'animal, d'où le nom "Arche de Noé" du réseau. Ce dernier, très bien équipé, s'étend et fournit aux Britanniques de nombreux renseignements sur les sous-marins et les bases de V1 et V2. Fin 1941, le réseau possède des filières de passage de la ligne de démarcation des Pyrénées, des points d'hébergement, des agents de renseignement et de liaison.
Menant une vie itinérante, d'abord à travers la zone Sud au gré des déplacements de la centrale du réseau (Pau, Marseille, Toulouse, etc.), elle échappe à plusieurs reprises aux arrestations, en partie grâce aux appuis de ce dernier dans l'appareil vichyste. Elle a bénéficié une première fois de la valise diplomatique pour se replier clandestinement en Espagne à la fin de 1941. Arrêtée à son état-major à Marseille le 10 novembre 1942, peu après l'embarquement clandestin du général Giraud organisé par Alliance, elle peut s'évader avec ses compagnons en cours de transfert vers Castres grâce à la complicité de policiers liés au réseau (dont le commissaire Théus, futur responsable du réseau Ajax). Le travail du réseau se poursuit et, en février 1943, le PC est installé à Lyon.
Partie à Londres le 18 juillet 1943, elle participe à l'intégration d'Alliance dans les services giraudistes, puis dans l'organisation plus ou moins unifiée par le Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA) au printemps 1944. Revenue en France en juillet 1944 pour reprendre en main le réseau qui a été décimé, elle est arrêtée à Aix-en-Provence par la Gestapo, parvient à s'évader et à rejoindre le maquis. Elle participe ensuite avec son réseau à l'avance des troupes alliées. Après la Libération, elle se consacre à la recherche de ses compagnons déportés et fonde l'Amicale du réseau Alliance dont elle est la liquidatrice.
Vice-présidente de l'Association nationale des Médaillés de la Résistance et de la Fédération des réseaux de la France combattante, devenue gaulliste active, membre du Rassemblement du peuple français, elle milite pour le retour au pouvoir de De Gaulle en 1958, fonde avec Léon Delbecque la Convention républicaine qui est intégrée à l'UNR (Union pour la Nouvelle République), dont elle devient membre du comité central. Présidente du Comité d'Action de la Résistance (CAR) qui fédère une cinquantaine d'associations, de 1962 à sa mort, elle constitue à la demande de Maurice Papon, le jury d'honneur chargé en 1981 d'examiner son passé résistant et qui, sous la présidence de Daniel Mayer, rendra un verdict compréhensif. Elle a été députée à l'Assemblée des communautés européennes en 1981-1982.
Coming from an old colonial family (her father being the former deputy of maritime communications) Mary-Madeleine Bridou was born in Marseilles on November 8th 1909 and lived until the age of 10 in the Mid-East. A former resident of the aristocratic boarding school, Couvent des Oiseaux in Paris followed by a sejour at the Bled in Marrakesh, Morocco, Fourcade married the General Méric with whom she had five children. She shared the nationalist passions of Loustaunau-Lacau who was also known as “Navarre”. Serving as his secretary for his group of far right publications, Fourcade was present with him in Vichy in 1940 and again for the creation of the Alliance network which reached all the way to London through the help of the U.S. Intelligence Service after being denied help from General de Gaulle.
In May 1941 “Navarre” was arrested and Fourcade audaciously took over the control of the Alliance Network with the help of a certain Captain Faye (“Aigle”, or “Eagle”), and both helped the network, mostly comprising men and military professionals, grow. Fourcade began to be referred to at this time as “Hedgehog”, an alias that ensured ambiguity of gender as she gave her fellow agents animal code names, the whole team being known as “Noah’s ark”. The Alliance Network went on to be a very well equipped network that provided Information to the British on German submarine activity as well as for the bases of V1 and V2. By the end of 1941, Alliance was able to develop possibilities to pass through the Demarcation Line along the Pyrénées, secure numerous shelters, and provide reconnaissance and liaison agents.
Due to being constantly pursued by the Vichy regime, Fourcade led a very transient life. She had to move the Alliance Network’s headquarters several times through the Southern Zone (Pau, Marseilles, Toulouse, etc.) and through her diplomatic connections was granted clandestine passage into Spain in 1941. She was finally arrested at her headquarters on November 10th, 1942 after having successfully organized General Giraud’s escape, but was able to escape en route to a prison in Castres thanks to the presiding Police officers that also belonged to the Resistance, among which was Commissioner Théus, who would become the leader of another Resistance network, Ajax. She then continued on with her work as head of the Alliance network that moved headquarters to Lyon in 1943.
Fourcade left for London on July 18th 1943, where she worked to integrate the Alliance Network into General Giraud’s services, then as an organization united on the behalf of the Central Bureau of Intelligence Operations (Bureau Central de Renseignements et d’Action, BCRA) and Free France in the spring of 1944 only to return to France in July to lead the Network that had previously been dismantled. There, Gestapo forces in Aix-en-Provence arrested her where she was once again able to escape and join the maquisards. She then used the network to help orchestrate the advance of Allied troops. After Liberation she dedicated herself to the continuing search for those who had been deported to work camps in Germany and became the head of the Friends of the Alliance Network, of which she was the founder.
As the vice-president of the Association nationale des Médaillés de la Resistance and La Fédération des réseaux de la France combattante, an active Gaullist and a member of the Rassemblement du peuple Français, Fourcade campaigned for De Gaulle to return to the presidency in 1958. Working with Léon Delbecque she founded the Convention républicaine, which was integrated with the UNR, l’Union pour la Nouvelle République where she became a committee member. She also served as the President of the Comité d’Action de la Résistance (CAR), which was in charge of fifty other organizations from 1962 until her death. At the request of Maurice Papon, she formed in 1981 the honorary jury charged with investigating his life and activities within the Resistance. Under the direction of Daniel Mayer, the jury cleared him with a comprehensive verdict. Fourcade was elected deputy of the Assemblée des communautés européennes from 1981 to 1982.
D'après Jean-Marie Guillon, in Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Paris, Robert Laffont, 2006.
Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, Paris, Fayard, 1968.
Georges Loustaunau-Lacau, Mémoires d'un Français rebelle (1914-1948), J and D-Atlantica Eds, 2003.
Traduction : Sarah Buckowski