Dispositif d’attaque pour libérer Valence le 31 août 1944
Légende :
Dispositif d’attaque dessiné par le commandant Bénézech pour libérer Valence le 31 août, une libération rapide, mais néanmoins meurtrière. Quatorze compagnies de résistants drômois encerclent la ville et, au petit matin, y pénètrent. La Libération est rapide, mais se paie encore dans plusieurs accrochages de quelques morts et blessés. Lorsque les blindés américains arrivent, l'essentiel est fait.
Genre : Image
Type : Plan
Producteur : Réalisé par le commandant Bénézech
Source : © AERD Droits réservés
Détails techniques :
Croquis sur une page de carnet.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône
Analyse média
31 août 1944, appliquant le dispositif d’attaque dessiné par le commandant Bénézech, les résistants de la Drôme libèrent leur chef-lieu.
Le commandant Bénézech, adjoint de « Legrand », dessine sommairement le schéma d’attaque de Valence. Toutes les compagnies FFI (Forces françaises de l'intérieur) de la Drôme ont un rôle à jouer. Le plan indique par des pointillés leur point de départ à 4h et leur objectif. Rassemblées en trois groupes à Alixan, Chabeuil et Beaumont-lès-Valence, les compagnies vont converger sur Valence qu’elles doivent atteindre à 7h30.
Contexte historique
La Résistance drômoise a à cœur d'effacer l'échec, dont elle refuse la responsabilité, de la tentative du 24 août et de couronner tous ses efforts pour chasser et anéantir l'ennemi par la libération du chef-lieu du département, l'éviction des pouvoirs pétainistes et l'installation immédiate de son administration provisoire.
Valence attend sa libération. Au magasin des Nouvelles Galeries, boulevard Bancel, il y aurait des montagnes de cocardes tricolores prêtes à être vendues pour deux francs. Un drapeau tricolore est confectionné chez madame Cherin, dont le mari est déporté depuis trois mois, mais dont le café rue Génissieux continue à servir de point de rencontre à la Résistance. À 22 h, le 30 août, « Legrand » donne l'ordre d'attaquer le lendemain à 4 h du matin les troupes allemandes qui tiennent Valence. Les FFI seuls mèneront cette attaque, sans le soutien des Américains, qui n'a pas été demandé. À ce moment-là, le "régiment de la Drôme" compte 7 500 hommes armés et encadrés.
Un appel du futur maire de Valence, Jean Buclon, est imprimé en affiches. Les paquets, transportés à travers la ville sur un charreton de plâtrier, sont stockés dans la cave du quincaillier Crouzet, rue Émile Augier, où le futur conseil municipal attend patiemment l'heure de se rendre à la mairie toute proche. Le dispositif d'attaque est résumé dans le croquis du commandant Bénézech. Chaque compagnie du 2e bataillon Centre-Drôme sous les ordres du lieutenant-colonel De Lassus Saint-Geniès ("Legrand") et du commandant Bénézech ("Antoine"), doit gagner sa base de départ avant 4 h du matin et se mettre en marche après le passage des blindés US sur les routes principales. Chacune a un secteur d'opérations et des objectifs à conquérir : bâtiments administratifs, industriels, emplacements stratégiques, carrefours, entrées...
Au nord, par la route de Saint-Marcel-lès-Valence :
* la compagnie Morin, basée au sud d’Alixan, devra créer un bouchon sur la N7 au nord de Valence,
* la compagnie Chrétien, de Montélier, a le même objectif
* la compagnie Sabatier, qui est à Charpey fera bouchon sur la route de Romans
* la compagnie Planas l'y retrouvera, venant de Châteaudouble.
Au centre, par la route de Chabeuil :
* la compagnie Brentrup, qui est à Vaunaveys, gagnera, par la rue Faventines, le Champ de Mars et l'hôtel de la Croix-d'Or où se trouve le PC des forces allemandes,
* la compagnie Kirsch, qui est au nord de Barcelonne, s'installera au quartier Brunet pour assurer la garde du PC du bataillon,
* la compagnie Perrin prendra le contrôle de la gare, la poste, la Banque de France, l'annexe des subsistances.
Au sud, par la route de Beaumont-lès-Valence :
* la compagnie Maisonny, cantonnée à La Baume-Cornillane, devra prendre la mairie, la fabrique de pâtes Gélibert et Tézier et la caserne Latour-Maubourg,
* la compagnie Challan-Belval,
* la compagnie Péquignot,
* la compagnie Wap, qui est à Ourches,
* la compagnie Chapoutat, qui est venue d'Aouste à Étoile,
* la compagnie Pons viendra de Crest pour créer un bouchon sur la N 7 au sud de Valence, puis prendre la gare.
À ces groupes se joindront une compagnie FTP (Franc-Tireur et partisan) venue du sud dans la région de Montvendre, plus le PC de l'état-major qui doit se diriger vers l'hôtel de la Croix-d'Or, et le PC du 2e bataillon, vers le quartier Brunet.
Peu avant l'aube, comme convenu avec les maquis de l'Ardèche prêts à appuyer l'offensive si nécessaire, une fusée est lancée, signal de l'attaque sur Valence. À 6 h, la compagnie Brentrup pénètre la première dans la ville par la rue Faventines. Elle ramasse des prisonniers place Championnet, avenue Gambetta et au parc Jouvet. De Lassus suivi de son état-major entre à Valence derrière cette compagnie à 7 h 30. En plusieurs lieux, les résistants doivent livrer des combats sporadiques.
Les hommes du maquis Pierre pénètrent sans difficulté, mais ils rencontrent une sérieuse résistance allemande dans le quartier des Îles, au bord du Rhône : au cours de l'accrochage, deux résistants sont grièvement blessés. Les 310 hommes de la compagnie Pons attaquent par le sud avec pour objectif la gare, la RN 7, le pont des Anglais. L'un de ses groupes, commandé par Maurice Guyon, se trouve dans la ville et descend par l'avenue Victor Hugo et la rue des Balives, pour venir à leur rencontre. Des combats sporadiques émaillent la progression des hommes, c'est ainsi que le capitaine Fernand Lévi dit Ferdinand Lambertin, du groupe Maurice, est tué dans le quartier de Valensolles, tandis que Samuel et Baudouin, de la section Dujet, ont été tués par deux officiers prisonniers dont ils avaient négligé de fouiller les poches. Vers dix heures, le gros de la compagnie opère sa jonction avec le groupe de Guyon. Ils procèdent au nettoyage du parc Jouvet. Puis ils connaissent des escarmouches devant le cinéma Le Provence, sur le boulevard, en centre-ville.
La compagnie Sabatier assure le nettoyage du quartier du Polygone et du cimetière. Le groupe d’Henri Faure rejoint Valence en fin de matinée après avoir nettoyé le terrain d'aviation de la Trésorerie. La prise de Valence n'est donc pas une partie de plaisir. De nombreux Allemands encore dans la ville avaient pour mission de livrer des combats de retardement. Bénéficiant de l'effet de surprise, les patriotes cueillent en plein sommeil des Feldgrauen qui, ivres de fatigue, s'étaient allongés sur les bancs de l'avenue Victor-Hugo. D'autres, près du Champ de Mars, capturent une prolonge d'artillerie et ses servants. Des milices patriotiques de la ville viennent renforcer les FFI, gênant parfois leur action en traversant les champs de tir. Aux premières heures du jour, Marcel Rossignol hisse sur l'Hôtel de Ville de Valence le drapeau français préparé la veille chez madame Cherin.
La libération a été rapide, beaucoup de soldats allemands, autrichiens, polonais, se sont rendus sans difficulté. Les miliciens ont été vite capturés. Lorsque trois chars US arrivent sur la place Madier-de-Montjau vers 9 h, les derniers points de résistance de la ville ont été anéantis, tout est fini, les FFI ont déjà libéré la ville. Les FFI ont fait un millier de prisonniers et vingt tués chez les Allemands. Treize FFI ont été tués.
Auteurs : Robert Serre
Sources : AN, BCRA, 3AG2/478, 171Mi189. ADD, 255 W 89, 97 J 91. Combats pour le Vercors et pour la liberté, Drôme-Nord, terre d’asile et de révolte, 1940-1944, La Picirella, Témoignages sur le Vercors, Henri Faure, Étais-je un terroriste ?, Pons, De la Résistance à la Libération, Micoud, Nous étions cent cinquante maquisards, Ladet, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme (Mémoires d'un corps-franc et d'une compagnie FFI). Portes-lès-Valence "zone rouge", 1942-1944, Pour l’amour de la France, Drôme-Vercors 1940-1944