Carte du parcours de Roland Bechmann pendant la dispersion

Légende :

Carte du parcours de Roland Bechmann, Lescot, pendant la dispersion

Genre : Image

Type : Carte

Producteur : Christophe Clavel

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Carte en couleur sur fond en relief.

Date document : 2014

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

La carte a été élaborée spécifiquement pour l’exposition virtuelle, à partir du témoignage de Roland Bechmann recueilli en janvier 2012. Elle décrit les lieux de repli et itinéraires de Roland Bechmann à partir du 23 juillet 1944 pour sortir du Vercors.
Les rectangles blancs indiquent les dates ; les verts, les lieux de repli ; les flèches, les déplacements.


Philippe Huet

Contexte historique

L’ordre de dispersion du maquis, diffusé par son chef François Huet (Hervieux) le 23 juillet après-midi, prescrivait aux maquisards de rejoindre par petits groupes les zones-refuges du Plateau. Les troupes aguerries situées à proximité de ces zones et encadrées purent s’y conformer ; d’autres, isolées, non prévenues ou encore situées dans des zones inappropriées au repli, durent improviser, parfois avec des pertes pour ceux qui tentèrent le franchissement de l’encerclement allemand. Néanmoins, l’ordre sauva plusieurs milliers de maquisards.

Tous les parcours étudiés ont été analysés selon une grille commune décrivant les aspects concrets du vécu des maquisards pendant cette période de dispersion. La voici pour Roland Bechmann, Lescot.

 

Anticipation de l'ordre
Atteint de septicémie suite à des brûlures lors des combats de Saint-Nizier, R. Bechmann est soigné par sa belle-mère, Claude Jean-Prévost, épouse de Goderville et médecin, avec des médicaments fournis par le Dr Ullmann, médecin à l’hôpital de Saint-Martin, qui est saturé. R. Bechmann réside aux « Valets », commune de Saint-Agnan-en-Vercors, dans la maison louée (1) par Jean Prévost en avril 1944, pour lui-même et sa famille (son épouse et ses deux fils, Alain, âgé de 12 ans, et Michel, ainsi que son gendre (R. Bechmann, son épouse Martine, et leur bébé Marie-Laure). 


Prise de connaissance  
R. Bechmann est prévenu par deux ou trois chasseurs de Chabal, en repli vers « Le Collet de la Coinchette » après la fin de Valchevrière, probablement le 23 juillet après-midi.


Mise en œuvre 
R. Bechmann, avec les chasseurs, auraient évacué les armes de l’entrepôt voisin à l’école des Chabottes et les aurait cachées dans un pierrier.

R. Bechmann remplit son sac à dos (nourriture et armes) et part en vélo pour rejoindre le PC de Huet, qu’on lui indique à Saint-Martin, être en forêt de l’Allier, au-dessus du village. Ne trouvant pas le PC, il franchit la crête de l’Allier par le Pas du même nom et redescend vers « Chatelus », où les fermes brûlent. Il remonte vers Saint-Martin et rencontre trois gendarmes en uniforme : ce sont des résistants de Saint-Nazaire-en-Royans qui cherchent à y revenir. Ils sont perdus et affamés et lui demandent de les nourrir et de les sortir de là. Ils passent la nuit dans le bois et redescendent vers les Echevis, où une ferme les nourrit et leur indique que la route des Petits Goulets n’est pas surveillée. Méfiant, il oblige les gendarmes à remonter par la montagne pour sortir vers la grand route de Sainte-Eulalie-en-Royans vers l’est. Après reconnaissance, espacés et armés, ils suivent la route. À Saint-Michel, ils réveillent un cafetier connu des gendarmes, qui leur dit que Saint-Nazaire-en-Royans est un enfer tenu par la Gestapo, qui juge sommairement et fusille les maquisards. Deux gendarmes, qui ont de la famille à Saint-Nazaire-en-Royans, passent outre. R. Bechmann et le gendarme Place regagnent la forêt et y dorment, puis, dans les jours suivants, frappent au presbytère de Rochechinard, où réside M. Ban, membre du Secours National de l’État Français, missionné pour aider les réfugiés et sinistrés. Il a donc un ausweis pour monter en Vercors, où il donne des nouvelles aux « Valets », avec le message de R. Bechmann « Si vous êtes bien là, restez-y » : Martine Bechmann, son épouse, prend un vélo (sans frein ! une branche qui traîne sur le sol en tient lieu) et descend au presbytère, accompagnée d’Alain Prévost, transportant son bébé sur son porte-bagage. Les retrouvailles ont lieu deux jours plus tard (27 ou 28 août 1944). Fin août, R. Bechmann se rend à Romans, que Thivollet vient de reprendre, et s’enquiert de Huet ; Thivollet lui dit qu’il est à Grenoble, où, par le train, R. Bechmann conduit sa famille.

Huet l’affectera ultérieurement à la mission interalliée d'Adrien Conus, dont il écrit les rapports, puis à l’Ecole des Cadres du colonel de Virieu, à Saint-Martin-d’Uriage.

Lieu de repli 
Les Echevis, Rochechinard.


Les armes
 
R. Bechmann est armé d’un P 38 américain et d’un 6,35 mm caché contre sa cuisse. Il a une dizaine de grenades dans son sac ; il en donne deux à chaque gendarme (aucun n’était armé) sur la route de Sainte-Eulalie-en-Royans. Il aurait évacué les armes des Chabottes.

À la ferme des Echevis, il découvre des armes cachées par d’autres maquisards dans le foin.

 

Eau et ravitaillement 
Il emporte de la nourriture des « Valets », et se ravitaille aux fermes (Les Echevis) avec les gendarmes « affamés », qui mangeaient des cerises quand il les a trouvés.


Liaison 
Roland Bechmann recherche le PC-état-major du Vercors.

 

Proximité avec les Allemands 
- L’avion allemand d’observation « Le mouchard » passe plusieurs fois les 23 et 24 juillet.
- R. Bechmann essuie un tir de mortier dans la pente (le pré) côté Royans, assez serré ; les Allemands tirent depuis Saint-Martin visant la forêt, les obus passent la crête…
- Pas de poste fixe sur la route de Sainte-Eulalie-en-Royans, mais des patrouilles allemandes.
- Les Allemands n’ont pas brûlé « Les Valets », malgré les médicaments trouvés. Claude Jean-Prévost a dit qu’elle était médecin et qu'elle soignait Martine, sa belle-fille.

 

Dates et retour en plaine 
Probablement entre le 27 juillet et le 10 août 1944.

 

(1) La maison est toujours habitée aujourd'hui. Une plaque y est apposée.

 

Pour en savoir plus :

La dispersion - essai de synthèse (P. Huet)

 

Visualiser le parcours de dispersion en 3 D :

1- Installer Google Earth, en téléchargeant le lien ici
2- Cliquer sur "Visualiser le parcours de dispersion"
3- Un fichier se télécharge au bas de l'écran
4 - Cliquer sur le fichier pour l'ouvrir
5- Naviguer sur les lieux, notamment à l'aide du pictogramme , zoomer, dézoomer, etc.


Auteur : Philippe Huet

Cartographie 3 D interactive : Thierry Bontems

Sources : 

Témoignage recueilli par l'ANPCVV et Philippe Huet le 12 janvier 2012.

Richard Marillier, Issues de secours. Vercors 1944, Le-Précy-sur-Thil, Editions de l’Armançon, 2000, 118 p.