Carte du parcours de la Compagnie Daniel, section Jacquelin(e), pendant la dispersion
Légende :
Carte du parcours de la Compagnie Daniel, 4e compagnie de l'AS Drôme, section Jacqueline (ou "Jacquelin"), pendant la dispersion
Genre : Image
Type : Carte
Producteur : Christophe Clavel
Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés
Détails techniques :
Carte en couleur sur fond en relief.
Date document : 2014
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes)
Analyse média
La carte a été élaborée spécifiquement pour l’exposition virtuelle à partir des sources indiquées ci-dessous, notamment le journal de guerre de Marcel Jansen (Mohican).
Elle schématise les déplacements et lieux de repli de la Compagnie Daniel, constituée essentiellement de jeunes romanais, notamment de la Maison des jeunes de Romans-sur-Isère.
Pour en savoir plus :
La dispersion - essai de synthèse (P. Huet)
Visualiser le parcours de dispersion en 3 D :
1- Installer Google Earth, en téléchargeant le lien ici
2- Cliquer sur "Visualiser le parcours de dispersion de la compagnie Daniel"
3- Un fichier se télécharge au bas de l'écran
4 - Cliquer sur le fichier pour l'ouvrir
5- Naviguer sur les lieux, notamment à l'aide du pictogramme , zoomer, dézoomer, etc.
Auteur : Philippe Huet
Cartographie 3 D interactive : Thierry Bontems
Contexte historique
L’ordre de dispersion du maquis, diffusé par son chef F. Huet (Hervieux) le 23 juillet après-midi, prescrivait aux maquisards de rejoindre par petits groupes les zones-refuges du Plateau. Les troupes aguerries situées à proximité de ces zones et encadrées purent s’y conformer ; d’autres, isolées, non prévenues ou encore situées dans des zones inappropriées au repli, durent improviser, parfois avec des pertes pour ceux qui tentèrent le franchissement de l’encerclement allemand. Néanmoins, l’ordre sauva plusieurs milliers de maquisards.
Tous les parcours de la dispersion ont été analysés suivant une grille commune, qui décrit successivement chacun des aspects concrets du « vécu » des maquisards pendant cette dure période de la dispersion.
Ainsi, les voici pour la section Jacquelin de la Compagnie Daniel, 4e Compagnie de l'Armée Secrète (AS)-Drôme.
Anticipation de l’ordre :
Montée au Vercors le jeudi 29 juin 1944 depuis son camp de Montmiral, par Saint-Nazaire-en-Royans, puis Pont-en-Royans, la Compagnie, cantonnée près du camp de Pétouze, occupe les avant-postes à l’ouest, au-dessus de la rive gauche de l’Isère. Elle a pris « des précautions », camouflant armement (trois tonnes) et ravitaillement, dans la grotte de Serre-Marignat. Elle n’a manqué de « presque rien », « notre cantonnement avait été prévu à l’avance et nous n’avons jamais souffert ».
Prise de connaissance :
Dans la soirée du 23 juillet, ordre de repli sur Presles.
Mise en œuvre :
Le camion est en panne. Le départ se fait donc par les sentiers, le 24 à 2 heures du matin, pour la section des « jeunes », commandée par Mohican (Marcel Jansen), vers Malleval et le Col de Romeyer. Mais la section revient à Presles dans la soirée pour rejoindre « Jacquelin » ou « Jacqueline » (Paul Jansen).
Taravello part avec vingt hommes pour essayer de descendre dans la plaine. Le lieutenant Bonardel est décidé à rester dans les bois de Pétouze.
Itinéraire :
En fait, la section Jacqueline restera groupée dans le bois autour de Presles, patrouillant, se terrant, déménageant en plein bois armes et ravitaillement, jusqu’à son retour en plaine le 10 août par Saint-Pierre-de-Chérennes. L’Isère est franchie par le bac de la Sône sans accroc, et l’arrivée à l’ancien camp de Montmirail se fait sans obstacle.
Lieu de repli :
Maintien dans les bois entre Presles et Le-Faz en aval de la route, dans la forêt des Coulmes.
Les armes :
À l’évidence, le détachement est bien armé et gardera ses armes, quitte à les « planquer ». Il redescendra en plaine avec « armes individuelles et trois armes automatiques » lui appartenant en propre et « trois tonnes d’armes du Vercors » qu’il a camouflées dans la grotte précitée puis en plein bois ("neuf fusils-mitrailleurs + 25 chargeurs FM, 6 mitrailleuses légères avec 12 bandes par arme, mortier de 60 avec 20 obus, plus de 500 grenades, 50 Gammons, mitraillettes, fusils américains Springfield et Remington avec de nombreuses munitions". (1)
Eau et ravitaillement :
Les points d’eau sont repérés par les Allemands qui sont à l’affût, en limite de forêt ou près des fermes abandonnées, ce qui exige des maquisards une approche prudente la nuit (« avec des récipients noircis pour éviter les reflets »).
Le ravitaillement n’a jamais manqué (provisions suffisantes), mais avec beaucoup de conserves, corn-flakes, et qui peuvent être réchauffés sans fumée, grâce au plastic. « On avait même un tonneau de pinard ».
Le détachement ravitaille un groupe de 12 Américains « perdus » et affamés, à partir du 26 juillet jusqu’au 3 août (ils mangeaient jusqu'alors des pommes de terre crues).
Liaisons :
Sont cités :
Un aller et retour de Jean Chapus (Zizine) dans la Plaine, et de nombreux passages de dissidents.
Le 30 juillet : rencontre de six gendarmes de Villard-de-Lans, cachés dans les bois.
Le 6 juillet : coup de téléphone du maire de Presles à Pont-en-Royans qui indique la persistance de la présence des Allemands. Des renseignements sont donnés par les fermiers, les gardes…
Accrochage et proximité des Allemands :
Les Allemands sont à proximité (à Presles, sur la route de Presles à Pétouze ou au Faz).
Des atrocités allemandes sont signalées alentour (fermes brûlées, assassinats, ainsi que des récupérations de matériel) les 27 et 30 juillet, les 1er, 5 et 7 août…
Les maquisards « esquivent ».
Les pertes :
Roger Reppelin, 32 ans, père de deux enfants, pris blessé, est assassiné le 28 juillet 1944.
Autres pertes signalées mais « hors détachement » :
Le 28 juillet : arrestation en deux jours de plus de 60 jeunes qui tentaient de passer.
Le 30 juillet : 16 jeunes sont fusillés à Pont-en-Royans.
Le 2 août : des jeunes se sont noyés en traversant l’Isère.
Date de retour en plaine :
M. Chapus, le père de Zizine, chef de gare de Romans, organise le retour en plaine. Le 10 août après-midi, ils arrivent à Romans, où « on les croyait tous morts » (1).
Autres points à signaler :
L’exemple de la section « Jacqueline » (également appelée « Jacquelin ») est intéressant car il montre ce que peut faire un détachement de jeunes bien encadrés, entraînés, se connaissant depuis longtemps et ayant reconnu sa zone de repli et prévu son approvisionnement. Il faut souligner son sang-froid, sa ténacité pour rester « dans les bois » du 23 juillet au 10 août, en zone hostile, pratiquement sans perte, et son retour en plaine avec « armes et bagages », dont plus de trois tonnes d’armes « du Vercors » qui serviront ensuite.
A contrario, il montre ce que peut engendrer la panique, la destruction d’une troupe, les abandons de poste et d’armes, le passage de dissidents en fuite, et finalement, la mort de beaucoup (embuscades, noyades, assassinats).
Enfin, il montre les atrocités allemandes pendant trois semaines, où l’ennemi ne rentre pas dans les bois, mais se venge sur les fermes et les civils du secteur (assassinats, destruction des fermes).
Les Coulmes ont servi de refuge ou de lieu de passage à bien des maquisards. « Ça naviguait dans les bois », dit Jean Chapus, Zizine.
Citons :
- La Cie Daniel,
- La Section Cocat,
- La 3e Compagie Brisac à Haute-Valette, puis La-Sarna,
- Le 12e BCA (Philippe), dont le PC se situait dans l'école de Rencurel,
- La récupération d’Américains et de gendarmes,
- La Compagnie Abel, dont R. Tonneau, qui fut capturé et fusillé à Malleval.
Auteur : Philippe Huet
Sources :
1- Marcel Jansen (Mohican), Journal de guerre, chapitre « Jeunes dans les maquis » in Jean-Claude Le Royer, Les adhérents de la Maison des Jeunes de Romans dans la Résistance, édité par MJC Robert Martin, 1991, pp. 95 à 123.
[Les sources citent aussi des abandons de matériel par d’autres groupes.]