Voir le verso

Analyse média

Le document est pris devant la Laiterie de la Britière qui abrita en juin-juillet 1944 le PC des radios, dirigé par Robert Bennes, officier du BCRA. Les radios assuraient les liaisons avec Alger et Londres. Le motocycliste représenté est l’un des radios sur sa motocyclette, l’un des moyens utilisés – faute de moyens radios internes au Plateau – pour les liaisons entre unités. Ce moyen servit notamment pour la diffusion de l’ordre de dispersion, par exemple pour prévenir le PC de Thivollet, commandant de la zone Sud, installé à La Rivière, dans la commune de Saint-Agnan-du-Vercors, près de La-Chapelle-en-Vercors.

On note que le motocycliste porte le chèche, marque des résistants formés en Algérie.

Contexte historique

La difficulté, voire l'impossibilité, de liaisons internes aux maquisards s'est avérée un obstacle très important à la diffusion de l’ordre de dispersion en temps et heure ainsi qu'à sa bonne compréhension.

Les moyens de diffusion de l’ordre de dispersion cités par les sources sont :
- la moto (lieutenant Stephen) des PC vers les Unités ;
- l’estafette à pied (vers Costa de Beauregard?) (Tanant) ;
- le contact direct (de Jouneau à Bennes) et la « voie hiérarchique » (témoignage de Bourgeois aux Barraques) ;
- le bouche à oreille, « au passage des maquisards » (chasseurs de Chabal à Bechmann au passage aux Valets).

Il semble que le téléphone ait été inutilisable (le central téléphonique de La Chapelle-en-Vercors était désert, selon Tanant). Robert Bennes a précisé que le téléphone reliait les bourgs, qu’il a été très utilisé avant la dispersion, mais que c’était aussi le moyen de liaison le plus dangereux.
Tanant indique que l’estafette envoyée à Costa ne l’aurait rejoint que le 9 août… ?
L’ordre n’a pas été répercuté auprès de tout le monde (ex : au Pas de l’Aiguille).

 

L’interprétation et l’exécution de l’ordre de dispersion 
L’ordre disait clairement de rester sur le Plateau, en petits groupes organisés, et, par différence, de ne pas chercher à franchir l’encerclement. Certains chefs l’ont compris différemment et autorisé les hommes qui le souhaitaient à rentrer chez eux, individuellement ou en petits groupes, et sans armes. Nombreux furent alors ceux qui tombèrent dans le piège allemand. 

D’autres ont estimé la zone de dispersion qui leur était proposée comme inadéquate et ont préféré tenter une sortie en unité organisée et armée (comme ce fut un succès pour Bennes).
En revanche, les « vieux maquisards » (des unités Geyer et Costa en particulier) ont totalement joué la tactique demandée, d’instinct pour Costa ou sur ordre pour Geyer, avec succès.
Les Compagnies « civiles » ont aussi très bien joué la partie, comme ce fut le cas de la Section Jacqueline dans les Coulmes. Y-eut-il des cas de paniques ? On ne peut l'exclure (témoignages de Lassus de Saint-Geniès et de Chapuis).

 

Pour en savoir plus :

Les services secrets et les liaisons radio dans le Vercors (G. Giraud)

La dispersion - essai de synthèse (P. Huet)

La dispersion - Parcours de Robert Bennes (Bob) et son détachement (P. Huet)

Témoignage de Robert Bennes sur la dispersion, août 2012

Robert Bennes, dit "Bob", chef des opérateurs radio pour la zone du Vercors

La dispersion : le parcours de Robert Bennes