Résistants du Vercors se familiarisant avec les gammons
Légende :
L'utilisation de cette puissante et dangereuse grenade demandait beaucoup d'habileté et de précautions.
Genre : Image
Type : Armes
Producteur : Inconnu
Source : © Musée de la Résistance de Romans Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme
Analyse média
Quatre résistants du Vercors se familiarisant avec les gammons. Le deuxième homme à partir de la gauche est Paul Jansen, directeur de la Maison des jeunes de Romans-sur-Isère. On mesure bien la taille de la gammon qui est plus grosse qu'une grenade courante comme la Mills. La manipulation de l'engin ne semble pas inquiéter les hommes et présenter de danger.
La grenade gammon n° 82 porte le nom de son inventeur, le capitaine Gammon, officier parachutiste britannique. Elle est entrée en service à partir de 1943, mise au point pour pallier le manque de puissance de feu d'unités parachutistes. C'est une grenade à percussion qui détonne lors de son impact sur sa cible, quel que soit l'angle avec lequel elle atterrit. Les grenades à retard sont préférées car leur mécanisme de mise à feu est plus sûr que celui des gammons. Plusieurs versions de gammons ont été produites : la gammon bakélite, la gammon au phosphore. Celle qui fut le plus souvent utilisée par les résistants est la gammon avec jupe d'étoffe que l'on garnissait d'explosif du type plastic ou 808.
Sa fabrication peut être artisanale et réalisée avec des explosifs variés. Elle semble être une arme parfaite pour des résistants démunis. Elle explose au contact de l'objectif. La charge et la qualité de l'explosif varient selon ce qui est visé. Plusieurs sont utilisés : le plastic C2, le Nobel 808 ou tout autre explosif. La gammon peut détruire les blindés légers qui sont souvent utilisés contre les résistants. Par contre, elle est insuffisante pour neutraliser des tanks comme le Panzer IV et à fortiori le Panther ou le Tiger. Elle ne peut être lancée qu'à une vingtaine de mètres ce qui limite dangereusement son utilisation, d'autant que l'explosion de sa charge qui peut dépasser un kilogramme de plastic est d'une très grande puissance et que son souffle est dévastateur.
Auteurs : Alain Coustaury
Contexte historique
Parmi les armes qui ont fortement impressionné les Résistants et qui marquent leur mémoire, la gammon tient une place éminente. L'explosion, le souffle dégagé, les dégâts causés sont souvent évoqués dans les récits. Frédéric Bleicher, un des Résistants du Vercors, évoquait avec émotion cet engin. Il remplaçait le tissu d'origine par une chaussette qui permettait d'augmenter la quantité de plastic et donc la puissance de la gammon. Quand il la lançait, il gardait la bouche ouverte afin d'éviter l'effet de souffle qui risquait de faire éclater les poumons. À cette fin, il avait accroché un bouchon de liège à sa veste de combat et le mettait entre ses dents quand il projetait la gammon. Albert Fié et ses camarades mettaient un morceau de bois entre les dents pour limiter l'effet de souffle de l'explosion.
Cette grenade, ou du moins ses composants, a été parachutée à partir de 1943. D'après le livret, la gammon se trouvait dans les containers de type H3 et dans la cellule E de ce type de container. Ces détails expliquent la vigilance des réceptionnistes de parachutages qui devaient connaître le type de container pour effectuer une répartition des armes entre tous les Résistants. L'absence ou la perte de containers créaient des dissensions entre les Résistants. De nombreuses notes échangées entre les chefs de groupes témoignent de ces difficultés. La réception de gammons apportait une appréciable puissance de feu à des groupes ne disposant pas d'artillerie, même légère. La gammon impressionnait mais était aussi redoutée à cause de son utilisation délicate.
Dans le Vercors, elle a été utilisée pour enrayer l'attaque allemande du 13 juin 1944 à Saint-Nizier-de-Moucherotte. Le 28 juin, à Ourches, La Rochette c'est avec des gammons que les Résistants détruisent un blindé léger. Le 21 juillet 1944, à Aouste-sur-Sye, au quartier des Grands Chenaux, les hommes de la compagnie Chapoutat arrêtent quelque temps l'ennemi qui attaque le flanc sud du Vercors. Des postes de grenadiers sont disposés sur tous les points défendus dans la vallée de la Drôme, sur les routes escarpées d'accès au Vercors. Les grenades gammons ont donc été largement utilisées par la Résistance drômoise. Malheureusement, leur emploi est dangereux, leur transport présente des risques. Le 28 juin, près de Combovin, René Ladet est gravement blessé, son camarade tué par l'explosion accidentelle d'un sac de gammons.
Largement utilisée par la Résistance et certaines unités britanniques de parachutistes, la grenade gammon a été abandonnée après 1945 au profit de grenades aussi puissantes et moins dangereuses. Elle a été aussi remplacée par des engins lance-fusées, du type « bazooka ».
Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Patrice Escolan, Lucien Ratel, Guide-mémorial du Vercors résistant, Le cherche midi, 1994. Fédération des unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l'amour de la France Drôme, Vercors, 1940-1944, Éditions peuple libre, 1989.
La mitraillette Sten, d'origine anglaise, parachutée aux résistants était l'une des armes les plus utilisées. De calibre 9 mm, d'une longueur de 76 cm et d'un poids de 3 kg, c'était l'arme légère par excellence. Elle était alimentée par un chargeur de 32 cartouches et tirait à la vitesse de 550 coups à la minute. Elle était surtout adaptée aux combats rapprochés n'étant pas très précise, ni d'une grande portée. D'autre part, elle n'était pas toujours très fiable et s'enrayait quelquefois, elle a été parfois la cause d'incidents, voire d'accidents. Elle était facile à démonter (47 pièces seulement) et pouvait utiliser des munitions de 9 mm prises aux Allemands.
Sources : © Collection Jean Sauvageon, droits réservés.
Armes légères en service dans l'US ArmyDe gauche à droite : fusil Garand calibre 30, M1 ; 2e : pistolet-mitrailleur Thompson M1, un des plus célèbres ; 3e ; carabine, calibre 30 M1, très appréciée par la Résistance qui en reçut ; 4e ; la même avec crosse pliante, pour les parachutistes. Au premier plan : fusil mitrailleur Browning BAR M1918A2, la Résistance en reçut quelques-uns. L'homme porte l'uniforme des parachutistes largués lors du débarquement de Provence, le 15 août 1944.
Sources : © Alain Coustaury avec l'autorisation de "Forty four memories" 13590 Meyreuil, droits réservés.
La vitrine des armes du CHRDDà droite Michel Combe, résistant de la compagnie William, un des fondateurs du Centre historique de la Résistance et de la Déportation en Drôme
Sources : © Photo Alain Coustaury, droits réservés.
Pistolet-mitrailleur allemandPistolet-mitrailleur MP40 « Schmeisser » ; dérive du MP 38 ; équipe l’armée allemande à partir de 1940 ; plus de 600 000 ont été produits. Caractéristiques : automatique. Calibre : 9 mm ; chargeur de 32 balles ; portée 200 m ; 450 coups par minute ; poids : 3,9 kg. C’est une arme que la Résistance a récupérée lors des accrochages. De ce fait elle est assez rare.
Sources : © Photo Alain Coustaury, droits réservés.
Fusil allemandMauser 98 ; fabriqué en 1917. Le système du Mauser a été mis au point en 1898 ; il semblerait que l’on ait rien fait de mieux depuis. Le système du mécanisme n’a pas été surpassé pour sa fiabilité, sa solidité, sa résistance, sa maniabilité et sa sécurité. On estime que plus de 100 millions d’exemplaires de ce système ont été fabriqués. Il est l’arme internationale du XXe siècle. Il a servi plus de 75 ans. Caractéristiques : Calibre 7,92 mm ; chargeur 5 balles ; portée pratique : 400 m ; utile : 2 000m. La version présentée est antérieure à celle de 1939, le Mauser 98 K, au canon plus court. Ce fusil est très recherché par la Résistance. Il a souvent été récupéré sur les troupes d’Occupation. La règle mesure 50 cm.
Sources : © Photo Alain Coustaury, droits réservés.
Fusil françaisMAS 36 ; calibre 7,5 mm ; répétition manuelle ; vitesse de tir : 10 coups par minute ; 3,750 kg.
Sources : © Photo Alain Coustaury, droits réservés.
Pistolet-mitrailleur de l’US ArmyPistolet-mitrailleur Marlin UD 42. A été conçu en 1940 et fabriqué par la firme Marlin. Elle est appelée UD pour l'United Defence Supply Corporation. Le calibre de 9 mm inhabituel pour une arme américaine est dû à la commande initiale passée par le gouvernement néerlandais en exil. Les armes seront reversées à l’OSS ou au SOE qui en parachuta en Europe. Ce pistolet-mitrailleur convient particulièrement aux résistants. Caractéristiques : calibre 9 mm ; tir coup par coup ou par rafale ; poids chargé : 4,5 kg ; chargeur de 20 cartouches ; peut être doublé par un chargeur chargé tête-bêche comme sur l’exemplaire représenté.
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Pistolet françaisGallia ; pistolet automatique 6,35 mm ; 6 coups ; fabriqué par la Manufacture d'Armes des Pyrénées Françaises, Hendaye.
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Fusil britanniqueFusil Lee-Enfield numéro 4 modèle 1. Excellent fusil largement parachuté pour la Résistance européenne. Calibre 303 (7,7 mm) ; poids à vide : 4 kg ; magasin de 10 cartouches.
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Pistolet de l’US ArmyColt 38, modèle long. Calibre 38 (8,9 mm) ; 6 cartouches
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Fusil-mitrailleur britanniqueFusil-mitrailleur Bren Modèle II. A été fabriqué de 1937 à 1945. C’est donc une arme récente qui est parachutée par les Britanniques à la Résistance française et européenne. Calibre 303 (7,7 mm) ; tire au coup par coup ou en rafale ; poids 10 kg à vide ; chargeur de 30 cartouches. FM le plus employé par la Résistance avec le FM français modèle 24-29. La règle mesure 50 cm.
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Pistolet de l’US ArmyColt 38, model court
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Pistolet italienPistolet Beretta modèle 1934. Calibre 9mm ; 7 cartouches. La date de fabrication est intéressante à noter. Elle est une combinaison du calendrier julien, ici 1939, et du calendrier fasciste XVII. L’exemplaire photographié était destiné à la regia esercito, armée de terre italienne, RE gravé sur la crosse. Pistolet renommé, souvent récupéré par la Résistance lors d’accrochages ou de départ des soldats italiens (voire d’échange contre de la nourriture … )
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Fusil-mitrailleur de l’US ArmyFusil-mitrailleur Bar. Produit dès 1917 ; calibre : 7,62 mm ; poids 8,8 kg ; chargeur de 20 cartouches ; cadence de tir 400 / 600 coups par minute. La carcasse du Bar présenté a été retrouvée dans les ruines de Vassieux. La règle mesure 50 cm.
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Pistolet allemandPistolet Walther P 38 ; calibre 9 mm ; poids à vide 780 g ; chargeur de 8 cartouches
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