Maquisards à l'entraînement dans une forêt

Légende :

Afin de faire face à des soldats allemands aguerris, les résistants essaient de s'entraîner, souvent dans de mauvaises conditions et avec un armement disparate.

Genre : Image

Type : Photo groupe

Producteur : Inconnu

Source : © Musée de la Résistance de Romans Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Quatre résistants posent pour le photographe alors qu'ils manipulent des armes. L'un d'eux réalise ou simule un tir avec un fusil.

Les vêtements des quatre hommes sont disparates. Les blousons semblent être de facture militaire. L'homme au premier plan est coiffé d'un bonnet de laine, style commando de l'US Army, celui du fond porte un bonnet de police. Quant à l'homme qui vise, il est équipé du casque Adrian, soit souvenir de la Première Guerre mondiale, soit un modèle 1926 récupéré dans un magasin de l'intendance militaire.

L'armement visible est l'armement classique des maquisards. Les deux premiers sont armés de la célèbre et symbolique Sten. Les deux armes ne sont pas munies de leur chargeur. Ce dernier est porté à la ceinture par le second maquisard. On peut remarquer la pénurie de matériel car, normalement, les chargeurs sont dans des étuis en tissus ou en cuir qui les protègent des chocs. Le maquisard du fond semble disposer d'un fusil, si l'on remarque la cartouchière qu'il porte à sa ceinture. Quant à l'homme accroupi, il est armé d'un fusil qu'il est difficile d'identifier. Il peut s'agir d'un Mauser 98 allemand, d'un Enfield Mark III britannique, d'un Springfield étatsunien. Ces deux derniers étaient souvent parachutés, surtout l'Enfield. Le Mauser aurait pu être récupéré lors d'un accrochage avec les Allemands.

L'intérêt du document est de montrer une scène classique de la Résistance armée : l'entraînement de maquisards dans une forêt. Cette dernière est composée de conifères. On peut localiser la photographie dans le Vercors couvert de profondes forêts de résineux qui ont servi de refuge, de cache et finalement de retraite lors de la dispersion du maquis après l'ordre donné le 23 juillet 1944 par le commandement de la Résistance. Le document montre parfaitement le dénuement vestimentaire et l'insuffisance de l'équipement militaire des maquisards : habits dépareillés, pas de casques, manque de cartouchières, etc.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

S'il est une arme emblématique de la Résistance armée, c'est bien la « mitraillette » Sten ou plus précisément le pistolet-mitrailleur Sten. Elle se trouve pratiquement sur toutes les représentations graphiques qui illustrent la Résistance armée. Paradoxalement, elle est une arme de qualité moyenne, médiocre sous certains aspects. La description générale met bien en évidence les limites de l'arme. Elle est faite pour le combat rapproché, combat caractéristique de la guérilla. Elle peut être utilisée quand même pour un tir lointain. Mais elle ne peut rivaliser avec un fusil de guerre.

Elle n'a pas la puissance de feu ni la fiabilité d'un Enfield II britannique, d'un Mauser 98 K allemand, ou de Springfiel M 1903 et Garand étatsuniens, fusils parachutés par les Alliés ou récupérés lors d'embuscades.

Tout résistant ayant combattu se souvient de ce pistolet-mitrailleur à la forme caractéristique, avec son chargeur latéral alors que, le plus souvent, ce dernier est axial comme sur le M 40 allemand ou sur les FM (fusils-mitrailleurs) 24 français ou Bren britannique. La Sten tire son nom de ses inventeurs Sheperd et Turpin, associés à l'arsenal qui la fabriquait initialement, Enfield. Sa facilité de fabrication en utilisant l'emboutissage pour certaines pièces non essentielles la rend peu coûteuse (30 shillings). La Sten Mark II est une arme rudimentaire, courte (0,76 m), légère (3,650 kg avec le chargeur garni), et elle se démonte en 3 parties. Le mécanisme est simplifié. Ses composants peu nombreux peuvent être usinés par des petits ateliers ruraux. La culasse, le canon, mis à part, tout le reste est fabriqué en tôle. Les organes de visée sont soudés, donc fixes et sans réglage. Sa simplicité de fonctionnement explique que sa production ait dépassé quatre millions d'exemplaires entre 1941 et 1945. En 1943, la production hebdomadaire atteignit 45 000 exemplaires. Les Alliés, particulièrement les Britanniques, ont donc pu fournir, par parachutages, des armes aux maquis européens. D'abord parachutées avec parcimonie, elles le sont en masse après le 6 juin 1944. Les maquis français auraient reçu environ 200 000 Sten.

Mais si la Sten est peu coûteuse, facile à fabriquer, à monter, elle présente des faiblesses. La liste des incidents cités dans le document le prouve. On a montré ses limites d'utilisation, combat rapproché, distance efficace ne dépassant pas la cinquantaine de mètres. Surtout elle n'est pas sûre. Dépourvu de sécurité, le tir peut se déclencher à l'improviste. Le servant ne doit pas tenir l'arme par le chargeur (comme on le voit dans les films) car cela perturbe l'alimentation de l'arme. Il doit l'empoigner par le canon malgré la chaleur dégagée. Son système de percussion, non protégé, fait qu'un choc peut déclencher le tir en rafale et toucher le servant ou ses voisins. Des accidents mortels émaillent l'utilisation de ce pistolet-mitrailleur.

Des améliorations ultérieures ont été apportées à la Sten. Mais elle a été rapidement abandonnée après la guerre au profit d'armes aux performances supérieures.

La Résistance armée européenne a été dotée d'une arme de qualité moyenne. Pourtant, la Sten a marqué l'imaginaire des hommes qui l'ont employée. Depuis, le cinéma, la télévision, ont amplifié la singularité de cet objet de mémoire.


Auteurs : Alain Coustaury