Débarquement d'un bataillon du 1er RTM à Ajaccio
Légende :
En provenance d’Afrique du Nord, un bataillon du 1er RTM (régiment de tirailleurs marocains) de la 4e DMM (division marocaine de montagne) débarque sur la jetée des Capucins du port d’Ajaccio. Les troupes semblent débarquer ici d’un des torpilleurs l’Alcyon ou Tempête qui assurent le transport des hommes et du matériel avec notamment les contre-torpilleurs le Fantasque et le Terrible.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © ECPAD TERRE L1835 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Septembre 1943
Lieu : France - Corse - Corse du Sud - Ajaccio
Contexte historique
Pendant un mois, à partir du 13 septembre 1943, et dans le cadre de l'opération "Vésuve", des unités françaises ont transporté d'Alger à Ajaccio des troupes et un certain nombre de moyens logistiques pour soutenir l'effort des patriotes engagés contre les Allemands et parvenir à libérer l'île. Le sous-marin Casabianca arrive le premier avec 109 hommes du Bataillon de choc ce 13 septembre 1943.
Le 14, deux contre-torpilleurs rappelés de Salerne à Alger, sont dirigés vers la Corse à la vitesse de 38 nœuds. A bord, le général Mollard, revenu en Corse pour en prendre le commandement militaire au nom de la France combattante, le nouveau préfet de la Corse, Charles Luizet, le lieutenant-colonel Deleuze, représentant du général Henry Martin qu’il précède de trois jours, et Arthur Giovoni, du Front national corse.
Les autres unités arrivent dans les huit jours suivants : ainsi la Jeanne d'Arc qui n’était rentrée à Alger que le 9 septembre en provenance de Fort de France, et avait été transformée, pourvue d’une DCA à tir rapide et d’un radar. Elle avait pu embarquer des Tabors le 19. Ils arrivent à Ajaccio le 21 à 2 heures du matin après une traversée de 28 heures à une vitesse de 22 nœuds. Ces voyages se font sans que l’aviation et la marine allemande ne les perturbent. Les traversées sont cependant pénibles, mais l’arrivée à Ajaccio se fait dans des conditions inespérées : le port est contrôlé par la Résistance. Le Casabianca est salué par des salves tirées par les fusils et les mitraillettes. La population fait aux troupes françaises un accueil enthousiaste, chante la Marseillaise, l’Ajaccienne et la Sampiera.
Environ 10 000 hommes sont déployés pendant l’opération « Vésuve » : des troupes uniquement françaises, si l’on excepte le commando américain du capitaine James Pitteri. Outre le Bataillon de choc conduit par le commandant Gambiez, sont affectés à cette opération :
- Unités de la 4e division marocaine de montagne (4e DMM) - Général Louchet :
- 1er Régiment de Tirailleurs Marocains (1er RTM) : colonel Jean Jacques de Butler
- Deux escadrons du 4e Régiment de Spahis Marocains (4e RSM) : 1er escadron (capitaine Leroux) et 2e escadron (capitaine d'Almont)
- IIIe groupe du 69e régiment d'artillerie de montagne : chef d'escadron Duvoisin
- 2e Groupe de Tabors Marocains (2e GTM) : colonel Boyer de Latour
Note du colonel De Butler relative aux conditions dans lesquelles le 1er RTM a participé à la campagne de Corse du 25 septembre au 4 octobre 1943 :
"Le 1er RTM transporté d'Alger à Ajaccio sur des navires de guerre entre le 15 septembre et le 26 septembre, est arrivé en Corse sans un animal, sans un véhicule, sans cuisine, sans récipients collectifs à eau, sans bagages. Deux jours après le début des opérations, 2 sections de 37 tractées avec des moyens réduits l'ont rejoint dans la région de PIEVE. Les 600 animaux du régiment et les véhicules de transport devaient être remplacés par 120 mulets italiens et 30 camionnettes italiennes d'une tonne. En fait, le nombre de mulets italiens utilisables mis à la disposition du régiment n'a jamais dépassé 100 - soit 1/6 de la dotation normale.
Le nombre de camions disponibles n'a jamais, sauf le 28, dépassé le nombre de 20. Pour suppléer à cette insuffisance de moyens de transports, il a été fait appel aux animaux civils. Mais, outre que ceux-ci n'existaient qu'en nombre limité (une centaine à la fois), il a fallu utiliser des bâts dépourvus d'étriers, et souvent de cordes de brelage. Ces moyens réduits n'ont jamais permis de faire face à tous les besoins des unités qui ont dû dans la plupart des déplacements faire transporter à des hommes une partie de l'armement collectif et des munitions de cet armement. [ ...]
Les 8/10 des moyens de transmission radio ont cessé de fonctionner, faute de piles, 48 heures après le début des opérations [...] . Le régiment étant pratiquement incommandable à partir du 2 octobre faute de moyens de transmissions et de transports (mulets).
PC le 11 octobre 1943
Le colonel de Butler, commandant le 1er RTM."
Le capitaine de vaisseau Lepotier témoigne que sur la ligne maritime Alger-Ajaccio, à partir de septembre 1943, et pendant 11 mois, "la marine française a tenu la Corse à bout de bras, [...] malgré l'usure, la fatigue, la fréquence des tempêtes, et contre les attaques sous-marines et aériennes de l'ennemi".
Après la Libération, en décembre, Américains et Anglais fournissent des vedettes rapides. Des opérations sont projetées par les Alliés à partir de décembre et le capitaine de frégate Sériot reçoit le titre de "chef du groupe naval d'assaut de Corse". Les premières actions offensives à partir de la Corse visent les communications ennemies dans la Tyrrhénienne.
D'après Hélène Chaubin, in CD-ROM La Résistance en Corse, AERI, 2007.
Les effectifs sont extraits de la page wikipedia "libération de la Corse" consultée le 12 juin 2015