Contexte historique

Situé à 80 km des côtes italiennes, le port de Bastia est, en septembre 1943, la principale issue des forces allemandes en retraite vers le front italien : environ 30 000 hommes avec du matériel lourd venus soit de positions en Corse même, soit de la Sardaigne, abandonnée par la 90e Panzergrenadier. Aussi le contrôle de cette ville est-il, en septembre et octobre 1943, un enjeu de premier ordre. Tombée entre les mains des Allemands après l'insurrection du 9 septembre 1943, bombardée par les Alliés le 13, le 21 et le 25, terrain de combats jusqu'au 4 octobre, elle est encore bombardée par erreur ce jour-là par l'US Air Force. Sur les quais, que les Allemands viennent de quitter, il y a de très nombreuses victimes corses, probablement plusieurs centaines. Le port encombré d'épaves est inutilisable : le trafic avec l'Afrique du Nord est détourné sur Ajaccio. La restauration est différée jusqu'en 1945 parce que priorité a été accordée à Marseille. Presque tous les hangars sont éventrés. Sur les quais, réduits de 780 à 300 mètres, l'éclairage ne fonctionne plus. En ville, les quartiers proches du port et de la gare, et celui de Saint-Joseph sont gravement endommagés. Une longue crise du logement commençe. Les locaux de la Chambre de Commerce sont à reconstruire, beaucoup d'archives perdues. Bastia n'est donc libérée que 25 jours après Ajaccio. Elle est déclarée sinistrée par un arrêté ministériel du 22 avril 1944.