Exécution de Gérard Morgan, à Romans-sur-Isère, le 23 août 1944

Légende :

C’est un peloton de tirailleurs sénégalais qui est chargé de fusiller cet « agent de la Gestapo », au pied de la Tour Jacquemart.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Fonds Musée de la Résistance de Romans-sur-Isère Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

Une partie du peloton de tireurs, commandé certainement par un sous-officier, va exécuter Gérard Morgan. Un autre cliché antérieur montre que le peloton compte huit tirailleurs sénégalais.

Le condamné est placé face au mur, à genoux, les mains liées dans le dos.

Le peloton est constitué de tirailleurs sénégalais ayant participé, la veille, à la libération de Romans. On peut constater que les tenues des soldats ne sont pas toutes identiques.

Sur un deuxième cliché (album), on voit le sous-officier, portant une mitraillette Sten en bandoulière, venant de donner le coup de grâce avec un pistolet.

Sur une autre photo (album), un soldat, à droite, vient constater le résultat, un gendarme s’approche tandis qu’une troisième personne tient à la main une caméra, semble-t-il. A-t-il filmé l’exécution ? D’autres films ont été tournés ce jour-là, mais nous n’avons pas trouvé de séquence de cette opération.

Le lieu se situe au nord de la Tour Jacquemart, contre le mur d’enceinte surmonté d’une grille en fer forgé. On aperçoit le mur de la tour à gauche de l’arbre. Au deuxième plan, on devine les vitrines des magasins entourant la petite place, à l’ouest et au sud. On est donc en pleine ville sur un emplacement très connu des habitants.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Fonds Musée de la Résistance de Romans-sur-Isère

Contexte historique

La ville de Romans a été libérée, la veille, le 22 août 1944, par les groupes de résistants sous le commandement du commandant "Thivollet" (Narcisse Geyer) avec les troupes reconstituées du 11e Cuirassiers regroupées autour de Romans après les combats du Vercors. Parmi eux, une soixantaine de tirailleurs sénégalais étaient sous le commandement du capitaine Moine. Les compagnies Daniel et FTPF (Franc-Tireur et partisan français) sont venues les renforcer dans la matinée.

Une des tâches premières des libérateurs a été de neutraliser et arrêter les collaborateurs des Allemands. Les exécutions immédiates sont rares, une à Romans, Gérard Morgan, et une à Bourg-de-Péage, le milicien Gaston Quiron.

Voici ce qu’écrit Jeanne Deval dans son livre Les années noires : « À neuf heures Gérard Morgan, un traître, agent de la Gestapo, arrêté la veille, condamné à mort sur le champ par le commandant Thivollet pour avoir tiré sur les Français au cours de la prise de Romans est conduit au pied de Jacquemart par un peloton de Sénégalais pour y être exécuté. Il est fusillé en traître, de dos, les mains liées »
Dans le n° 3 du journal La Drôme en armes, du 26 août 1944, ces évènements sont relatés sous le titre La justice française à Romans :
« Parmi les prisonniers fait par les FFI (Forces françaises de l'intérieur) à leur entrée à Romans figurait le nommé Quiron Gaston, de Bourg-de-Péage. C’était un milicien notoire, qui fournissait des renseignements sur les Patriotes de Bourg-de-Péage, et qui fut chef d'équipe pour escorter les convois de jeunes arrêtés dans les environs. II participa à l'expédition de répres¬sion, dans le Vercors.
II a été fusillé.
D'autre part, au cours des opérations militaires à Romans, un per¬sonnage qui s'était mêlé à nos troupes pendant l'assaut s'était arrogé le droit d'interroger et de fouiller les Boches prisonniers. Il fallait voir comme il vous les flanquait au garde-à-vous ! On s'inquiéta de son identité.
II fut alors reconnu pour avoir tiré sur les Français, rue Saint-Nicolas. Il était porteur d'excellents papiers français, de cartes de masseur, de moniteur d'éducation physique. Mais il fut identifié comme le dépositaire de trois valises, laissées sous menaces à la Poste. Et dans ces valises, on trouva un poste émetteur, un uniforme allemand, des papiers d'identité allemands, une carte de la Gestapo.
Place Jacquemart, à 10 heures, le mercredi 23 août, il a été passé par les armes.
Ces deux exécutions que nous avons relatées sont les seules qui aient été pratiquées à Romans. »


Les autres collaborateurs ont été arrêtés surtout après la libération définitive, le 30 août 1944, et emprisonnés au camp d’internement créé par le Comité local de Libération.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Jeanne Deval, Les années noires, éditions Deval, 1984. La Drôme en armes, n° 3 du 26 août 1944.