Jules Weil, père de Paul Weil
Légende :
Photo de Jules Weil prise à Vittel par Robert Feist (fils de Maurice Feist et de Marguerite Weil)
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Collection Bernard Weil Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en couleur
Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Versailles
Contexte historique
Mon grand-père paternel Jules Weil, est né à Paris dans le Marais le 1er Septembre 1875, il devient orphelin de père à 10 ans. A l’âge de 12 ans, son certificat d’études en poche, il est embauché comme commis «Aux Grands Magasins de la Samaritaine » en face du pont neuf à Paris. Son travail au sein de cet établissement consistait à livrer les achats des clientes à leur domicile. A cette époque les clientes ne s’encombraient pas de paquets. Elles portaient tout au plus une aumônière et une ombrelle. Les trajets aller-retour pour les livraisons étaient payés par le magasin, et permettaient d’emprunter l’omnibus tiré par des chevaux. Le moyen d’économiser cette course consistait à s’accrocher à l’arrière de l’omnibus, après le démarrage de ce dernier, en espérant ne pas se faire prendre par le contrôleur. Les quelques sous ainsi économisés et le pourboire remis par la cliente étaient remis à sa maman, complétant ainsi le maigre budget du foyer.
Le demi-frère de Jules, Alfred, étant installé à Versailles ; Jules est «monté » dans cette ville en 1890 à l’âge de 15 ans. Leur gagne-pain : billardiers ; métier qui consistait à réparer les billards, fournir queues, boules d’ivoire et tout le matériel nécessaire à ce jeu. Il faut dire qu’à cette époque chaque restaurant, café, maison close, hôtel particulier…possédait son ou ses billards. C’était là, autour d’un billard que les hommes de toutes conditions venaient passer un moment, le dimanche, en buvant un verre. Les deux frères organisaient leurs tournées dans la région parisienne et jusqu’en Eure et Loire.
C’est à Versailles que Jules rencontra Blanche Gintzburger, fille de Simon Gintzburger, brocanteur, dont la boutique se situait, autour des halles, au 4 rue André Chénier (propriété encore à ce jour dans la famille). Leur mariage eu lieu le 10 octobre 1898 à Versailles. Pour faire face aux charges du foyer, Jules s’installa comme brocanteur au 82 rue de la Paroisse à Versailles. Pour compléter cette activités il devint représentant et réparateur de machines à coudre pour la marque Singer. Sa respectabilité et ses connaissances dans ce métier du commerce des objets anciens lui permirent, plus tard, de devenir président des antiquaires de sa ville.
Jules Weil a vu son commerce confisqué et "aryanisé". Obligé de porter l'étoile jaune, les habitants du quartier se faisaient un honneur et un devoir de le laisser passer devant les files d'attente. Il est resté toute la guerre à Versailles avec sa femme Blanche, et c'est seulement en août 1944 (sa compagne étant décédée en mai 1944) qu'il a été caché par des amis commerçant de Versailles.
Avec mes parents Paul et Jacqueline Weil, mon frère Jean-Pierre et mes deux sœurs Marianne et Claudine, nous vivions dans l’appartement qu’occupait mon grand-père depuis sa retraite, en 1934, au 87 avenue de St Cloud à Versailles. La partie professionnelle de mon père, son cabinet de médecin, avait été installé au sein de cet appartement. Malgré la superficie relativement importante du logement, cela ne permettait pas beaucoup d’intimité aux locataires que nous étions. La vie commune avec mon grand-père a débuté en septembre 1945 et s’est terminée, au moment de son décès en juillet 1960. Cette vie grégaire a connu quelques péripéties liées à la promiscuité de ces différentes classes d’âge. Bien que mon grand-père ait eu beaucoup d’admiration et de respect pour ma mère, il ne fut pas toujours facile pour elle, de se retrouver, jeune mariée, partageant le huis clos de cet appartement. Nous vivions dans un appartement où il n’était pas question de bouger quoi que ce soit. Ce lieu était meublé avec le mobilier et les collections de mon grand-père, ancien antiquaire. Néanmoins, ma mère, dès son arrivée, décida, avec sa dot, de remplacer les multiples poêles par le chauffage central, et d’enlever de sinistres tentures. Jusqu’à son décès en 1960, mon grand-père occupait la place d’honneur au bout de la table : c’était le Patriarche. Et il tenait bien son rôle, aimé et respecté par toute la famille. La disparition à Auschwitz de son fils Henri et de sa belle-fille Louisette le conduisit à assurer la charge de tuteur légal de mes deux cousines Monique et Nicole Weil. Comme à son accoutumé, grand-père se chargea de cette responsabilité avec amour, compétence et succès.
Vice-président de la Comunauté juive de Versailles, il est décédé en 1960.
D'après les souvenirs de Bernard Weil, petit-fils de Jules Weil, fils de Paul Weil