Rapport de police sur un tract du PPF, 5 juin 1944
Légende :
Rapport de police relatif à la distribution de tracts édités par la section d'entreprise du Parti Populaire Français (PPF) de la métallurgie, daté du 5 juin 1944
Genre : Image
Type : Rapport
Source : © Archives départementales Bouches-du-Rhône 76 W 129 Droits réservés
Détails techniques :
Document en papier pelure d'une page.
Date document : 5 juin 1944
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
Il s'agit d'un rapport de police rapportant le fait qu'une distribution de tracts signés par la "Section d'entreprise PPF de la métallurgie", a eu lieu "dans le courant de la matinée", c'est-à-dire le 5 juin, aux Chantiers de Provence à Marseille. Le rapport, qui tombe le jour même des faits, cite le titre de ces tracts : "Ouvriers marseillais" et reproduit l'intégralité de leur contenu.
Dans les tracts distribués par le PPF, il est bien question du bombardement du 27 mai sur Marseille, sur lequel s'appuient ses rédacteurs pour attaquer les Alliés et répandre une propagande clairement anti-communiste. Sont également mentionnés les ouvriers pris en otage par les Allemands au Brébant, et qui - signale la section du PPF - n'ont pas été fusillés par les occupants.
La rhétorique du PPF est alors posée : les communistes, qualifiés d'"ignobles exploiteurs de la misère humaine", répandent le sang, tout comme les alliés en bombardant, tandis que les Allemands n'osent pas aller jusqu'à fusiller les otages.
Alain Giacomi et Paulina Brault
Contexte historique
Ce tract est distribué à la veille du Débarquement, et le jour même où vers 4 heures du matin est donné le feu vert pour que débute l’opération « Overlord ». Au même moment, les vichystes et les collaborationnistes tentent d’exploiter à des fins politiques le traumatisme causé dans la population marseillaise par le bombardement du 27 mai. À cette fin, le tract du P.P.F. reprend un thème déjà utilisé, celui du bolchévique « au couteau entre les dents » qui se sert des Anglo-Américains pour générer une misère ouvrière susceptible de servir les intérêts politiques de ces derniers.
Ce même jour, le P.P.F. affiche également un tract sur la devanture de sa permanence pour dénoncer « L’état juif [qui] cherche à envahir l’Europe à l’aide de ses mercenaires, STALINE-CHURCHILL-ROOSEVELT » et appeler à la mobilisation les Français « désireux de combattre les Anglo-Saxons pour que l’Europe vive ».
Ancrant l’argumentation dans la réalité locale, le tract distribué mentionne Le Brébant, qui est un centre de criblage des étrangers, ouvert en 1939 à Marseille, dans le quartier des Chartreux, et qui est transformé à partir de 1940 en « centre de séjour surveillé » à l'usage des étrangers, des communistes et des prisonniers de droit commun.
Equipe PACA
D'après Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi rouge, ombres et lumières, Une histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1930 à 1950, tome 3, Paris, Editions Syllepse, 2011.