Insigne d’un éclaireur unioniste protestant
Genre : Image
Type : Insigne
Source : © Collection Michel Brosille Droits réservés
Détails techniques :
Insigne tissé.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme
Analyse média
Insigne d’éclaireur unioniste protestant, tissé représentant un coq sur écu mi vert mi jaune.
La progression d'un éclaireur unioniste routier était découpée en 4 étapes faisant à chaque fois l'objet d'un insigne : postulant, équipier, compagnon et entraîneur. Ici, il s’agit d’un équipier routier.
Auteurs : Pierre Balliot
Contexte historique
Les Éclaireurs unionistes (EU) ont vu le jour en 1911, quatre ans après la fondation officielle du Scoutisme, en 1907, par Lord Baden Powell.
Ils appartiennent au mouvement de scoutisme français de confession protestante, l'un des premiers créés en France. En 1970, il s'est fondu avec la section unioniste de la fédération française des éclaireuses, dans le nouveau mouvement des éclaireuses et éclaireurs unionistes de France (EEUDF).
Pour Raymond Aubrac, l’engagement dans la Résistance était conforme à sa formation d’Éclaireur. En Drôme-Ardèche, l’engagement de nombreux éclaireurs unionistes relevaient de la même éthique : le respect de l’autre, quels que fussent son origine, son milieu, ses croyances ; la solidarité dans le bonheur, l’effort ou la peine ; l’amour de la Patrie, en respectant ce sentiment chez l’autre, l’étranger.
En juillet 1939, les jeunes chrétiens protestants sont nourris par le débat intellectuel et le partage des idées avec le mot d’ordre de Karl Barth « la journée doit commencer avec une Bible dans une main et le journal dans l’autre. »
Septembre 1939 voit l’invasion de la Pologne et l’entrée de la France dans la guerre. Suzanne de Dietrich, Secrétaire générale de la FUACE (Fédération universelle des associations chrétiennes d’étudiants) présenta un rapport sur ce que vivaient les Alsaciens Lorrains évacués dans les départements du centre et du sud de la France. Elle s’adressa aux Éclaireurs Unionistes, Unions chrétiennes de jeunes gens et de jeunes filles et fédé, en vue de « témoigner de l’amour du Christ. »
En novembre 1942, la Cimade passe alors d’une présence de solidarité à la résistance. et apporte son témoignage de réalités occultées et difficiles à appréhender. Cela conduit aux thèses du groupe de Pomeyrol en 1942, traitant notamment, des rapports de l’Église et de l’État, du respect des libertés individuelles, de l’antisémitisme. « Tout en acceptant les conséquences matérielles de la défaite, l’Église considère comme une nécessité spirituelle la résistance à toute influence totalitaire et idolâtre. »
En Drôme, les éclaireurs unionistes sont nombreux à participer aux actions de la Cimade et au combat contre l’envahisseur nazi. À la Cimade, ils excellent à camoufler les enfants juifs en organisant des camps fictifs et en leur confectionnant de fausses cartes de scout ayant à cette époque valeur de carte d’identité. En outre, plusieurs se révèlent de remarquables passeurs sachant utiliser les anciennes filières d’exfiltration huguenotes vers la Suisse. Dans les maquis, les éclaireurs ayant obtenu leur brevet de morse sont choisis et formés pour servir en qualité d’opérateurs radio. Habitués à séjourner en patrouille dans les camps scouts, sachant s’orienter, suivre un itinéraire, se montrer responsables et capables d’initiatives, ils sont très rapidement distingués et promus aux différents échelons de responsabilité. C’est le cas à la compagnie Wap qui compte huit éclaireurs unionistes parmi ses 80 hommes.
Le mémorial des éclaireurs et éclaireuses drômois morts pour la France rappelle :
Abel Achard, mort à Montluc.
Maurice Blanc, tué en service commandé.
Paul Bonnet, tué lors d’une mission AS (Armée secrète).
Georges Briand, victime des suites de maladie contractées à la guerre.
Jacques Delpuech, responsable du renseignement de l’Armée secrète (AS) en R1, atrocement torturé, aveuglé, massacré à Montluc puis fusillé à Neuville-sur-Saône. Il repose sous le nom de « capitaine François » à la nécropole de Vassieux-en-Vercors.
Simone Donguy, arrêtée avec son père, cheftaine rieuse devenue chair meurtrie dans un camp vers Belsen. Exemple de réconfort pour ses camarades déportés.
Marcel Dumont, « Claude » créateur de plusieurs maquis FTP (Francs-tireurs et partisans) mort d’épuisement avant la Libération.
Lucien Faure, tué à Combovin.
Étienne Ginouvier, mort en s’évadant d’un camp de prisonniers en Allemagne.
Willy Jonac, tué dans la Somme, parmi les premiers, en 1940.
André Mounier, enfermé à Montluc, condamné à mort par la milice, relâché puis abattu par les Allemands.
Henri Paschke, tué sur le Ventoux.
André Sabliet, tué au Vercors.
Ces héros avaient appris le verset 15.13 de l’Évangile de Jean : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
D’autres ont connu la joie à la Libération : Thérèse Chauvin, Théodore Morin, Louis Morin, Charles Chapoutat, Jeanne Barnier, Amédé Tena, Germain Fraisse, René Falavel, Willy Jonac, Jean Latune, René Courtin, Colette Roulet, Louis Vallon, Camille Vernet, Yvonne Oddon…
L’Institut Yad Vashem de Jérusalem honore les Justes des Nations. Dans la cohorte des Justes français, les éclaireurs et éclaireuses sont les plus nombreux.
Auteurs : Pierre Balliot
Sources : Aubrac Raymond, Où la mémoire s’attarde, Éditions Odile Jacob, Paris 1996. Bulletin n° 168, Les Tisons, juin 2009, Alain Morley. Bulletin « Le feu » de juillet 1988, André Fourel- René Falavel.