Carte des incursions italiennes sur le Vercors
Légende :
Carte présentant les principales incursions, ou raids, de troupes italiennes sur le Vercors en 1943
Genre : Image
Type : Carte
Producteur : Christophe Clavel
Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés
Détails techniques :
Carte en couleur.
Date document : 2015
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes)
Analyse média
Le 19 janvier, incursion italienne au col de Rousset.
Le 10 mars, action italienne sur le camp 1 d’Ambel (C1), sans lendemain.
Nuit du 31 mars, les Italiens attaquent le camp de Béguere (C4), situé à l’est de Rousset. Les 41 maquisards des camps, guidés par Cathala (Grange), abandonnent la maison forestière et rejoignent leur ancien refuge à Cornouze.
Demeurée seule au col de Rousset, Mme Jeanne Bordas, l’héroïque Mémé du Vercors ayant toujours soutenu et ravitaillé ses maquisards, malgré les risques encourus, raconte que les Italiens dérobent 18 tonneaux de vin réservés pour les maquisards. Quatre jours plus tard, nouvelle incursion italienne, sans conséquences.
Le 24 avril, arrestation du docteur Léon Martin, par l’Organisation de vigilance et de répression antifasciste (OVRA), la police secrète du royaume d’Italie depuis 1927. Léon Martin est l’ancien député-maire de Grenoble. Il a refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Il est emprisonné au fort de l’Esseillon, au-dessus de Modane. Aimé Pupin, résistant de la première heure en Isère et dans le Vercors, envisage d’organiser son évasion. Celle-ci se révélant impossible, le projet est abandonné. Léon Martin parvient à s’enfuir lors de la capitulation italienne ; il rejoint alors un maquis de l’ouest et revient en Isère le 15 octobre 1944.
Le 24 mars puis les 19 et 30 avril, raid italien contre le camp 7 (C7) installé sur le plateau de Saint-Ange au lieu-dit "le Pré du Four". Les baraques sont incendiées. Le camp se replie sur les Allières et fusionnera avec le camp 3 (C3) et le camp 5 (C5). Le raid se solde par la mort de l'artilleur italien Michele Morreale, âgé de 26 ans.
Le 17 mai, raid italien sur le camp 4 installé à Cornouze. Les Italiens viennent des gorges de la Bourne et des Grands-Goulets. Averti par un sympathisant anonyme de Saint-Martin, le camp sort du piège et s’installe à Darbounouze.
Le 27 mai, raid italien sur Villard-de-Lans. Le chef de camp et le cuisinier du camp 5 (C5) sont capturés. Ce raid est la conséquence d’un concours de circonstance mais aussi de l’improvisation d’une tentative de récupération à Mens d’un camion d’essence déposé par le Camouflage du matériel (CDM) dans le garage des transports Grindler. Ignorant les événements de Grenoble, le groupe tombe dans le piège tendu par l’OVRA. Répondant à l’attentat perpétré à l’Hôtel Gambetta, PC des italiens, par le groupe-franc Petit-Louis, le couvre-feu est décrété la nuit à Grenoble, et des barrages sont mis en place aux principales sorties de la ville.
Le capitaine André Virel, agent de liaison habituel d’Yves Farge, futur Commissaire de la République pour la Région R1 (Lyon) à partir d'avril 1944, est responsable de l’opération. Bien qu’en tenue militaire, il décide de rejoindre imprudemment Grenoble en camion après l’échec du coup de main de Mens. Intercepté à Pont-de-Claix, le groupe de maquisards est fait prisonnier et incarcéré à Grenoble.
Les renseignements recueillis au cours des interrogatoires conduisent les Italiens dans divers lieux : à Lans-en-Vercors, où ils découvrent six tonnes de dynamite, à la Croix-Perrin ; à Méaudre pour s’emparer des maquisards des camps C5 et C9 ; ceux-ci, alertés, ont pu se replier dans la forêt ; à Villard-de-Lans, le 27, où ils s’emparent d’Aimé Pupin et arrêtent Victor Huillier, André Glandas, Bonnet, Maréchal, Charlier, Chabert et Simon Samuel, tous résistants. Remi de Jessé tente de faire délivrer deux de ses gardes forestiers, il est alors arrêté et déporté au pénitencier de Fossano, dont il s’échappera en septembre 1943.
Du fait de ces événements, le premier noyau dur de la Résistance dans le Vercors est décapité.
Auteur : Guy Giraud
Sources :
Association Nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors (ANPCVV), Le Vercors raconté par ceux qui l’ont vécu, Grenoble, 431 pages.
Paul Dreyfus, Vercors, Citadelle de Liberté, Grenoble, Arthaud, 1966 (2e édition), 1re édition 1947, 232 pages.
Escolan Patrice et Ratel Lucien, Guide-Mémorial du Vercors Résistant, Drôme-Isère 1940-1944, Paris, collection documents, éditeur Le cherche midi, 1994, 404 pages.
André Valot (Lieutenant Stephen), Vercors premier maquis de France, Grenoble, Association Nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors, Grenoble, 178 pages.
Cahier des troupes de Montagne, n° 36, Grenoble, éditeur Union des troupes de Montagne (UTM), mars 2004, 82 pages.
Contexte historique
Chronologie du Sud-Est de la France de juin 1940 à octobre 1943 :
- Le 22 juin 1940 au soir, la France signe l’armistice avec l’Allemagne. Cette signature n’interrompt cependant pas les hostilités. Il est en effet prévu qu’il n’entrera en vigueur que lorsque les Italiens, alliés des Allemands, et les Français seront arrivés à un accord, qui n’interviendra que le 24 juin en fin de journée, avec une prise d’effet le 25 juin à 0 heures 35.
- Les 23 et 24 juin 1940, l’Armée des Alpes arrête la Wehrmacht aux portes de Voreppe (Isère) et les Italiens sur la frontière franco-italienne.
- Le 11 novembre 1942, la Wehrmacht envahit la zone libre ; les Italiens occupent une zone à l’est de la vallée du Rhône et font preuve d'une attitude modérée.
Ce même jour, l’Armée d’armistice est dissoute.
- Le 30 janvier 1943, le gouvernement de Vichy crée la milice « pour lutter contre le terrorisme » (sic.).
- Le 3 septembre 1943, un armistice est signé entre le général italien Badoglio et les Alliés anglo-américains.
- Le 8 septembre 1943, les Allemands contrôlent les territoires occupés par les Italiens qui refluent vers leur pays. La zone grenobloise est alors occupée par les Allemands.
- Le 13 octobre 1943, l’Italie déclare la guerre à l’Allemagne.
Pour en savoir plus :
L'occupation italienne (J-W. Dereymez)
Les Alpini (J-W. Dereymez)
Rapport militaire sur l'activité déployée par le général de division Maurizio Lazzaro de Castiglioni, commandant la 5e division alpine, dite Pusteria
- IVe armée italienne - 6 au 12 septembre 1943 et jusqu'au 4 juin 1944 (transcription)
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Guy Giraud