Stèle commémorant la fin de la bataille de la Poche de Falaise, le 22 août 1944. Coudehard (Orne)
Légende :
Stèle située au nord de Mont-Ormel sur la D42 en arrivant par la D16
Genre : Image
Type : Stèle
Source : © Collection Jean Hutin-Sroka Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique en couleur
Date document : sans date
Lieu : France - Normandie (Basse-Normandie) - Orne
Analyse média
La stèle cote 262 Nord sur la commune de Coudehard commémore la fin de la bataille de la poche de Falaise où ont été engagées la 1ère division blindée polonaise, commandée par le général Maczek et la 4e division blindée canadienne. Lors de cet épisode sanglant, la Pologne a payé un lourd tribut : 325 soldats tués, 1 002 blessés et 114 portés disparus.
Contexte historique
La 1ère division de cavalerie blindée débarque le 31 juillet à Arromanches et Courseulles sur Mer. Pendant une semaine, elle stationne dans les environs de Bayeux. Elle est incorporée au 2e corps d'armée canadien composé de cinq divisions et commandé par le général Simonds.
La 1ère division polonaise doit participer à l'opération "Totalize" dont le but est de prendre Falaise et de parvenir à faire la jonction avec les Américains et les Français qui se trouvent à Argentan. Cette opération doit permettre d'encercler la VIIe armée allemande engagée dans une contre offensive sur Mortain. L'attaque est déclenchée le 7 août 1944 à 23 heures par deux divisions d'infanterie qui s'infiltrent dans les positions tenues par la 89e division d'infanterie allemande. Dans la matinée, la 4e division blindée canadienne et le 1ère division polonaise prennent position à leur emplacement respectif. En face, Kurt Meyer, commandant la 12e SS panzer, observe ce rassemblement et rappelle ses groupes blindés et les place à cheval sur l'axe Caen - Falaise. A 13 heures 30, les lignes ennemies sont soumises à un bombardement par l'aviation alliée. Malheureusement, les objectifs ne sont pas atteints et plusieurs bombes tombent sur les positions polonaises et alliées. A 13 heures 35, le 24e régiment de lanciers et le 2e régiment blindé de la division polonaise s'élancent de la ligne de débouchés vers Estrées la Campagne - Cauvicourt - cote 140. Le 24e régiment de lanciers réussit à percer et progresse vers Cramesnil, tandis que le 2e régiment blindé est stoppé par les chars lourds et les antichars ennemis. A 15 heures 30, Waldmuller contre-attaque avec 20 chars du type Panther IV-V-VI. Le 1er régiment blindé polonais en réserve intervient avec des antichars, l'ennemi perd douze chars et se replie. L'infanterie polonaise occupe le bois autour de Robert Mesnil et le 24e régiments de lanciers passe la nuit à la Grande Bruyère. Les Polonais ont perdu 40 chars, dont 26 pour le 2e régiment blindé.
Le 9 août 1944, au cours de la nuit, Kurt Meyer s'est replié pour constituer une nouvelle ligne de défense sur les hauteurs de Saint Sylvain à Rouves, les collines sud entre 140 et 183, la cote 195 ; l'infanterie tient Saint Sylvain, Soignolles, Estrées la Campagne. La mission pour les Polonais est de s'emparer de la cote 140, le 24e régiment de lanciers doit effectuer la prise d'Estrées la Campagne, appuyé par le 10e régiment de dragons. Le 1er régiment blindé attaque en direction de Cauvicourt suivi par le 9e bataillon d'infanterie, qui libère le village, tandis que les chars progressent vers Renemesnil pour atteindre la cote 140. A 16 heures, la cote 84 est conquise et le commandement décide de se porter sur la cote 111. A 20 heures 30, l'assaut est donné, les chars parviennent sur la cote 111, ils libèrent 80 prisonniers canadiens, ils détruisent un char Panther et cinq antichars, mais, faute d'infanterie, la hauteur est abandonnée, le repli s'effectue sur Renemesnil avec les blessés, les prisonniers canadiens libérées et des prisonniers allemands. Pendant ce temps, le 8e bataillon et le bataillon de Podhale libèrent le village de Saint Sylvain. Au cours de cette journée les Polonais ont perdu 20 chars et 35 membres d'équipage.
Le 10 août 1944, au cours de la nuit, les dragons ont repris La Croix. Dans la matinée, le 9e bataillon avec l'appui du 10e régiment de chasseurs à cheval a repris la cote 111 et le chemin de Hausse. Le 11 août 1944, les unités passent en réserve, tandis que le 10e régiment de chasseurs à cheval surveille la défense allemande à Bu sur Rouvres. Le 14 août 1944, le 24e régiment de lanciers s'empare de Fontaine le Pin et installe ses antichars à La Bruyère du Grand Lay. L'infanterie libère Potigny.
Le 15 août 1944, la division reçoit la mission de s'assurer les passages sur la rivière Dives à Vendeuvre et à Jort. Au cours de la journée, le 10e régiment de chasseurs à cheval franchit la Dives à Jort et neutralise la cote 82. Le 10e régiment de dragons occupe Jort. Le 1er régiment blindé franchit la Dives à la ferme Heurtaux et prend position face à Courcy entre Douit et Jort. Le 16 août 1944, le 10e régiment de chasseurs à cheval progresse vers Louvigny et Barou en Auge, le 24e régiment de lanciers appuyé par le 10e régiment de dragons se dirige vers Vicques, puis Lhome Couliboeuf et par Barou en Auge progresse vers la cote 159 près de Norrey en Auge.
Le 17 août 1944, le maréchal Model remplace le maréchal Von Kluge et l' OKW approuve un repli sur la Seine. Le 10e régiment de chasseurs à cheval effectue une reconnaissance au-delà de Le Marais - La Chapelle, traverse Louvière en Auge et s'installe pour la nuit à l'Amyottière avec vue sur Trun. Le 2e régiment blindé et le 8e bataillon libèrent Norrey en Auge et atteignent la cote 259 dans le bois à l'ouest de Saint Gervais des Sablons avec vue sur la départementale 916 entre Hordousseau et l'hostellerie Faroult. Le 18 août 1944, à 2 heures, le 2e régiment blindé et le 8e bataillon partent pour occuper Chambois, mais une erreur d'orientation les mène au bourg Les Champeaux, et de là ils reprennent la bonne direction, mais en panne d'essence, ils s'arrêtent à Le Besion. Dans la matinée, le 10e régiment de chasseurs à cheval libère Le Mesnil Gérard, fait une reconnaissance sur la départementale 916 et reçoit l'ordre d'atteindre Chambois. En passant par Le Bas de Neauphe, La Mairie de Neauphe, Les Tours, il atteint la cote 113 Mimbeville face à Chambois. Pour la nuit il se retire sur la cote 143.
Le 19 août 1944, le 10e régiment de chasseurs à cheval revient sur la cote 113. Dans le même temps, le 24e régiment de lanciers et le 10e régiment de dragons reçoivent la mission d'occuper Chambois et de bloquer la départementale 916. Pour cette mission, il faut reconquérir Le Mesnil Gérard et les collines dominant la départementale 916. L'attaque est lancée par le 10e régiment de dragons soutenu par le 24e régiment de lanciers et des antichars. L'ennemi perd trois chars et la route de Trun à Vimoutiers est sous de contrôle des Polonais dans l'attente de l'arrivée de la 4e division blindée canadienne. L'après midi, ce groupement passe par la Cour du Boscq et débouche sur la départementale 16 au Nord de Chambois. Le 24e régiment de lanciers prend position sur la cote 137, tandis que le 10e régiment de dragons s'infiltre dans Chambois par le Nord et l'Est. Le 1er régiment blindé passe la nuit du 18 au 19 entre les cotes 239 et 240 ; au matin le 2e escadron s'empare de la cote 239 et se dirige vers la cote 262 Nord . A 12 heures, le détachement de tête atteint Coudehard. Le bataillon de Podhale réduit les défenses ennemies. A ce moment, les Polonais occupent les hauteurs de Coudehard et de Mont Ormel et dominent la route Chambois Vimoutiers saturée de véhicules se déplaçant sur deux files, une cible inespérée : les Polonais se mettent en position de tir, alertent l'artillerie et ouvrent le feu sur la colonne sans possibilité de repli.
Vers 17 heures, le 2e régiment blindé et le 8e bataillon arrivent à la cote 262 Nord. Le 10e régiment de dragons progresse dans Chambois tandis que les Américains approchent de Fel, le capitaine Waters (Americain) rencontre le lieutenant Karcz (Polonais) sur la route Avenelles. Le dépôt de Bourdon est attaqué par la 9e SS Panzer qui a repris Hordousseau et bloque la division canadienne.
Les 20 et 21 août 1944, de la cote 113, le 10e régiment de chasseurs à cheval va affronter les fuyards venant du gué de Moissy ; les chars et les antichars bloquent tous les assauts. Le général Von Elfeldt commandant le 84e corps d'armée est fait prisonnier avec tout son état-major. A Chambois, les attaques venant du Nord Ouest sont nombreuses mais le 10e régiment de dragons résiste bien. Sur les pentes de Coudehard, toute la nuit, les fantassins se sont opposés au flux des fuyards sous un déluge d'obus tirés par l'ennemi. Au lever du jour, les chars reprennent position sur le plateau de Boisjos, ils sont attaqués par un char Panther à l'affût sur la cote Saint Léger : cinq chars sont détruits. Les Américains renforcent leur position en disposant des antichars sur la route d'Aubry Exmes et Tournay sur Dives et procurent aux Polonais un début de ravitaillement.
La situation sur la cote 262 est très critique, l'ennemi lance le 2e corps blindé SS de Bittrich venant de Vimoutiers au moment où la 2e SS Panzer, appuyée par la division Das Reich, se lance contre le camp retranché. En fin de journée du 20, les Alliés maîtrisent progressivement la situation, le passage du gué de Moissy se tarit. La pression sur la colline diminue, mais les défenseurs doivent faire face à une violente attaque sur le manoir de Boisjos. Heureusement, l'artillerie lourde bloque l'assaut. Le 21 août 1944, les chars du lieutenant Nienowski tentent une sortie et font la jonction avec le 22e régiment blindé canadien. A 12 heures, les Canadiens sont sur la colline, les blessés peuvent être soignés et évacués.
Au cours de ces combats la division aura :
- 325 tués dont 21 officiers
- 1002 blessés dont 35 officiers
- 144 disparus
soit au total 1 471 ;
Elle aura fait prisonniers :
- 137 officiers dont un général de corps d'armée
- 4 976 hommes de troupe
Elle aura détruit 55 chars, 44 canons, 38 véhicules chenillés, 207 véhicules auto et 152 véhicules hippo.
Jean Hutin-Sroka, "La 1ère division de cavalerie blindée polonaise en 1944" in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI, 2013