Analyse média

La traduction du « Rapport final » de l’affaire Catilina, rédigé par Ernst Dunker-Delage, conservée aux archives nationales, présente, de la page 1 à la page 4 (voir l'album), la succession d’arrestations intervenues, à la suite des renseignements communiqués au SIPO-SD par l’agent Érick (Noël pour la Résistance). Les arrestations s’enchaînent, depuis celle, à Marseille, d’un dirigeant de l’ORA, André Gérard, jusqu’à celle d’Henri Lazzarino à Port-de-Bouc.
Dans le bilan qu’il tire de cette première série d’arrestations, Dunker-Delage se félicite de la quantité d’armes, de munitions et d’explosifs saisis et estime avoir anéanti la Résistance dans la région de Martigues. 

Contexte historique

Dans la nuit du 7 juin, André Gérard, Gervais, Gervau (ou Gerbat), responsable de l’ORA, est arrêté. La « Gestapo », très bien renseignée, s’empare de nombreux documents lors d’une perquisition à son domicile. Grâce aux informations recueillies, celle-ci parvient à éviter quelques sabotages de ponts et de lignes de chemin de fer. Surtout, elle connaît désormais les sept lieux principaux de rassemblement dans le département des Bouches-du-Rhône. Ces derniers sont immédiatement communiqués à l’état-major allemand. Dans les heures qui suivent, une perquisition a lieu à Martigues au domicile du chef des MUR pour cette zone, Aldéric Chave, Mazarin. Celui-ci est surpris en compagnie de Georges Richard, responsable MUR pour les questions de Marine. Les interrogatoires et les nombreux papiers saisis apportent d’autres informations sur le secteur du sud de l’Étang de Berre.

Le 8 juin, en fin d’après-midi, les jeunes membres des MUR qui s’apprêtent à prendre le maquis sont arrêtés à Martigues au domicile de Robert Daugey. Il s’agit des instituteurs Paul Di Lorto, Lucien Toulmond, Henri Tranchier, du monteur d’aviation Joseph Barthélémy et du cultivateur Barthélémy Abbadie. Paul-Baptistin Lombard (PCF) et Marius Arnaud, (FTPF), venus à la réunion pour exprimer leurs désaccords avec ce départ, tombent également aux mains des Allemands. Tous sont emmenés à Marseille, y compris Marius Arnaud, grièvement blessé au moment de son arrestation. Des plans de la défense côtière, des fiches sur des collaborateurs de la Sicherheitspolizei sont saisis par les Allemands, ainsi que des armes : deux mitraillettes et des pistolets chez Daugey, et, dans une cache, neuf mitraillettes, une mitrailleuse légère anglaise, de nombreuses cartouches, cent grenades, cinquante kilos d’explosifs. Le démantèlement du secteur se poursuit avec l’arrestation d’Henri Lazzarino, responsable des MUR pour Port-de-Bouc.

À l’exception de Marius Arnaud qui, grièvement blessé lors de son arrestation, meurt à Marseille, tous les résistants arrêtés sont fusillés le 13 juin 1944, dans le vallon du Fenouillet, à Charleval.