Saint-Jean-en-Royans après le bombardement du 29 juin 1944
Légende :
Destruction d’un quartier de Saint-Jean-en-Royans lors du bombardement du 29 juin 1944
Genre : Image
Type : Photo
Source : © ADD, fonds Pierre Vincent-Beaume Droits réservés
Détails techniques :
Photographie en noir et blanc d’assez bonne qualité. Format 6 x 9 cm.
Date document : Fin juin ou début juillet 1944
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Saint-Jean-en-Royans
Analyse média
Cette photographie est prise du nord-ouest vers le sud-est.
Au premier plan, les maisons ont été éventrées par le bombardement du 29 juin 1944. Des objets et des meubles de la vie quotidienne sont exposés à la vue des passants comme ce fauteuil en osier qui semble attendre l’occupant habituel de la maison, peut-être décédé. Au second plan, le clocher de l’église n’a pas été touché ou seulement par quelques éclats. À l’arrière-plan, on distingue la montagne de l’Écharasson.
Vers 20 heures, six avions allemands ont lâché cinq bombes de 300 kg au nord-ouest de l’agglomération tuant dix habitants (certaines statistiques indiquent 11), en blessant plus d’une vingtaine, détruisant totalement quelques immeubles, en endommageant plus d’une centaine. Près de 500 personnes ont été sinistrées.
Auteurs : Jean Sauvageon
Contexte historique
Le Royans est une échancrure au nord-ouest du massif du Vercors, ouverte au nord sur la vallée de l’Isère. Saint-Jean-en-Royans est à 250 mètres, entourée de montagnes d’environ 1 000 mètres d’altitude. La commune compte 2 700 habitants en 1944, c’est le chef-lieu de canton de cette petite région du Royans assez refermée sur elle-même. Une partie du Royans est dans le département de l’Isère.
Saint-Jean-en-Royans, en particulier, a été, dès 1940, un centre de Résistance autour de quelques personnalités comme le chirurgien-dentiste Constant Berthet (Molaire, tué le 27 août 1944 à La Maladière à Bourg-de-Péage) ou, surtout, Benjamin Malossane (1886-1970).
Malossane, directeur de l’école de garçons depuis 1929, est très actif dans les activités péri-scolaires, donc très impliqué dans la vie locale. Socialiste depuis 1907, franc-maçon, d’emblée hostile à Vichy. Benjamin Malossane est mis à la retraite d'office le 26 décembre 1941.
Il adhère au mouvement Libération, puis, un noyau de Combat ayant été créé à Saint-Jean par Constant Berthet, il passe à Combat, avant de se rallier à Franc-Tireur en janvier 1943. Il participe, fin 1942, à la création du camp pour réfractaires à la ferme d’Ambel, responsable de la logistique et d‘une filière de faux papiers, il est le principal organisateur d'un nouveau camp (le C 6) au col de La Chau, au-dessus de Vassieux-en-Vercors, au printemps 1943. Dans la clandestinité, après septembre 1943, il est désigné pour représenter le Vercors à l'Assemblée consultative d'Alger, mais, se cachant pour échapper à la Gestapo, il manque le rendez-vous. Il rejoint le Vercors le 9 juin 1944, où il occupe, sous l'autorité d'Eugène Chavant, responsable civil de la République du Vercors, les fonctions de responsable de la zone Sud, véritable sous-préfet, en charge du ravitaillement et de l'administration. Il sera membre du CDL (Comité départemental de libération) de la Drôme à la Libération, maire de Saint-Jean de 1945 à 1965 et conseiller général de 1945 à 1955. Benjamin Malossane est l’auteur, avec Gaby Monnet, du Chant des Pionniers du Vercors.
Saint-Jean-en-Royans est donc un centre de Résistance important ce que ne pouvaient ignorer les Allemands. Les communes visées par les bombardements allemands sont toutes des centres de Résistance active. C’est certainement ce qui a motivé ceux du 29 juin 1944 sur Saint-Jean-en-Royans, mais aussi à quelques kilomètres à Saint-Nazaire-en-Royans (2 morts) et, dans l’Isère, à Pont-en-Royans.
Saint-Jean-en-Royans sera de nouveau bombardé le 14 juillet 1944.
Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Dvd-rom, La Résistance dans la Drôme – le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.