Analyse média

Le père Louis Lazar, seul à avoir échappé à la rafle, a utilisé cette photo collective de sa famille après la guerre. Il a découpé la partie de la photo où il figurait, ne laissant que sa femme Berthe (à gauche), ses quatre enfants Ruth, Gunther, Kurt et Francine et, à droite, son neveu Werner Strauss.

Cette photographie est extraite de Serge Klarsfeld, Mémorial des enfants juifs déportés de France, p. 822.

Contexte historique

Si plus de la moitié des déportés politiques (résistants, politiques, otages,...) sont revenus, seulement 3% des déportés raciaux (Juifs) ont survécu à la déportation.

Le 21 janvier 1944, une rafle opérée par la Gestapo aidée de miliciens à Nyons frappe plusieurs familles juives, dont les Lazar, pris à leur domicile, promenade des Anglais. Seul le père, Louis Lazar, venu en permission depuis le GTE (Groupe de travailleurs étrangers) de Crest où il est interné, se cache et échappe à l’arrestation. Sa femme, Berthe Lazar née Salmon, 41 ans, ses quatre enfants, Ruth, 18 ans, Gunther, 16 ans, Kurt, 12 ans, Francine, 4 ans, née à Nyons le 23 juin 1939, ainsi que le neveu et cousin des Lazar, Werner Strauss, 16 ans, sont déportés. Tous iront à Drancy avant d’être embarqués dans les wagons à bestiaux du convoi n°67 du 3 février 1944 pour mourir à Auschwitz…. 

Le train, qui part de Paris-Bobigny le 3 février, est chargé de 1 214 personnes, mélangées dans les wagons sans distinction d’âge et de sexe. Parmi eux, 184 enfants (dont 4 bébés et 26 enfants de moins de 5 ans), mais aussi des personnes âgées, 14 ayant plus de 80 ans. Le train mettra trois jours et quatre nuits pour atteindre Auschwitz. Ce n’est qu’au bout de deux jours qu’il marque un arrêt avec ouverture des portes en pleine nuit sur un paysage enneigé. Quatre personnes par wagon sont autorisées à remplir les seaux d’eau, vider les tinettes débordantes et nettoyer rapidement les wagons. Un deuxième arrêt, le lendemain, permet aux gardiens allemands de piller les objets que transportent les déportés auxquels ils ne laissent aucune illusion sur leur sort. Des familles entières, comptant jusqu’à douze membres, sont au nombre des déportés. C’est aussi dans ce convoi que se trouvent les trois garçons cachés sous un faux nom au collège d’Avon dont le drame a inspiré le film Au revoir les enfants de Louis Malle.
Sous les coups de nerfs de bœufs des kapos, les arrivants déposent leurs maigres bagages et sont triés. 985 des transportés de ce convoi sont gazés à l’arrivée à Auschwitz, dont les Lazar. Après la guerre, le père Lazar, tente de retrouver la trace de sa famille disparue : il fabrique une affichette avec des photos, implorant toute personne susceptible de le renseigner. Il n’a pas encore abandonné l’espoir. Jusqu’au jour où il lui faut se rendre à la raison : personne ne reviendra. Alors, Lazar se suicide.

Avis de recherche de la famille Lazar