Brassard du Corps franc de la Montagne noire
Légende :
Le Corps Franc de la Montagne Noire fut constitué début avril 44 par Roger Monpezat et Henri Sevenet, et placé sous les ordres directs de l'état-major Interallié.
Genre : Image
Type : Brassard
Source : © Collection Yannick Boyer Droits réservés
Détails techniques :
Brassard confectionné à partir du tissu d'une toile de parachute
Date document : 1944
Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées)
Analyse média
Le brassard comprend en son centre un écusson tricolore avec croix de Lorraine et le sigle CFMN brodé en lettres rouges.
Contexte historique
Le corps-franc de la Montagne noire est un des plus puissants groupements résistants de la région R4. Installé au sud du Massif Central, dans une zone montagneuse située aux confins de plusieurs départements (la Haute-Garonne, le Tarn, l'Aude), il apparaît en mars-avril 1944. A côté de Roger Monpezat ("Quercy", "commandant Roger"), Henri Sévenet ("commandant Mathieu") participe à sa création. Des contacts sont rapidement établis avec Londres, et un opérateur radio anglais, le major Richardson, est envoyé. Un instructeur militaire, Bernard de Kervenoael ("capitaine Saint-Michel"), supervise la formation des combattants. Ceux-ci approchent le millier. Ils viennent de tous horizons et de toutes nationalités. Parmi eux, des Alsaciens et Lorrains repliés, des républicains espagnols, des soldats russes antérieurement enrôlés dans la Wehrmacht, et un groupe israélite très actif. Le groupement dispose d'un important stock d'armes et d'équipement, parachuté ou prélevé lors de différentes opérations-coups de main. Il est, à ce sujet, l'un des mieux fournis de la région. Mais il constitue une sorte de réduit bien organisé, bien retranché, en relations directes avec l'état-major interallié qui définit ses orientations. Ce qui pose problème. A partir du 6 juin 1944, le corps-franc reste en effet à l'écart du mouvement d'intensification de la guérilla, auquel se consacre la Résistance régionale. Il constitue également un frein au développement unitaire des FFI. Il monte ses propres opérations et il dispose comme il l'entend de ses éléments. Il entretient des rapports houleux avec le groupe voisin Blanqui de Jacques d'Andurain. Le 14 juillet 1944, il fait une démonstration de force dans la petite ville de Revel, en y organisant un défilé militaire devant la population médusée. Le secret a été bien gardé. Au point qu'un médecin résistant, le docteur Ricalens, non averti, est pris dans un contrôle routier et tué route de Castres par des éléments du CFMN. Les relations se tendent alors avec le commandement régional FFI en R4, plus particulièrement avec son chef, Serge Ravanel. La correspondance échangée en témoigne. Ce n'est qu'au tout dernier moment, à la veille de la Libération, qu'un accord peut être enfin trouvé et signé entre les deux parties.
Les épreuves n'épargnent pas le CFMN. Il porte indiscutablement de rudes coups aux Allemands, mais ses activités l'éloignent de plus en plus, non seulement de la Haute-Garonne, mais également des limites de la région R4. Le 19 juillet, il mitraille des véhicules militaires qui circulent sur la nationale 113 à Pont d'Alzau, dans l'Aude. Il détruit des camions, fait des prisonniers. Le lendemain 20 juillet, des avions ennemis bombardent les camps du maquis, puis des fantassins allemands, appuyés par des blindés, cherchent à avancer et à encercler le massif montagneux. Le "commandant Mathieu" est tué. Les maquisards résistent courageusement, causent des pertes à l'ennemi, et décrochent finalement par petits groupes séparés. Il faudra attendre le 17 août pour que le groupement soit réunifié, aux limites du Tarn et de l'Hérault. La Libération achevée, des éléments du corps-fFranc rejoignent la Première Armée française et participent aux opérations militaires en Alsace et en Forêt noire.
Michel Goubet in CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2008