Léon Dulcy

Légende :

Léon Dulcy, Léon, membre du réseau Jockey (SOE), sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © DAVCC Caen Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc. Voir aussi l'album photo lié.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Léon Dulcy naquit le 3 novembre 1911 en Vaucluse, à Avignon, d’une famille originaire de Sablet dans le même département. Diplômé de la faculté de Médecine de Montpellier où il soutint, en 1938, sa thèse sur Les relations entre les tumeurs inflammatoires du cæcum et l'amibiase, il s’installa dans sa ville natale, 16 place-Crillon, comme médecin gastro-entérologue. Louis Dulcy était apparenté à la bonne société avignonnaise et au bâtonnier Ferdinand Bec, qui fut de 1919 à 1925, maire d’Avignon à la tête d’une majorité de Bloc national. Léon Dulcy évoluait d’ailleurs dans un entourage familial et amical de droite, ainsi qu’en témoigne son beau frère, l’avocat Louis Gontier, lui-même conservateur, dont il était très proche. Selon Gontier, le docteur Dulcy, patriote et républicain, s’affirmait très respectueux des devoirs et traditions. Chasseur et sportif, il fut également en 1934-1936 détenteur des records de France d’altitude et de durée en planeur biplace, et présida l’Aéro-club vauclusien - auquel appartenait aussi Max Knipping - en fort développement grâce à l’aviation populaire.

Mobilisé dans les chars d’assaut en 1939, Léon Dulcy conserva, après la défaite, des contacts avec les officiers de son groupe repliés en Afrique du Nord. Confiant dans le maréchal Pétain, il adhéra à la Légion française des combattants, présidée en Vaucluse par Ferdinand Bec, que rejoignit aussi Max Knipping. Mais Léon Dulcy refusa de prendre le même chemin que ce dernier qui, en 1943, devint responsable de la Milice. Le docteur Dulcy s’engagea dans la Résistance, sans doute par l’intermédiaire du dentiste avignonnais Louis Malarte. Il abandonna alors Avignon et son cabinet pour les Basses-Alpes où il participa au réseau Jockey du Special Operations Executive (SOE), l’un des services qui devaient, selon les mots de Churchill, « Mettre l’Europe à feu et à sang », en tout cas apporter une aide à la Résistance. Il organisa, sous le pseudonyme de Léon, la réception de parachutages dans les Basses-Alpes, en particulier dans le secteur de Bras d’Asse et à Mézel, où il remplaça un autre agent du SOE, Pascaud, Fred. Il établit, à cette occasion, des liens cordiaux avec les FTP, avec lesquels il partagea d’ailleurs équitablement les armes reçues.

Le dimanche 16 juillet 1944, le docteur Dulcy fut informé que le village d’Oraison était libéré par les FTP. Sans tenir compte des mises en garde d’un FTP, il franchit les deux kilomètres séparant Bras-d’Asse d’Oraison pour, selon Jean Garcin, « se jeter dans la gueule du loup ». On sait que les Allemands, informés d’une réunion du CDL des Basses-Alpes à Oraison, avaient monté la mauvaise comédie d’une libération du village.

Arrêté, comme ses camarades, Léon Dulcy fut transféré à Marseille, puis fusillé à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 714), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata l’éclatement de l’occipital, des pariétaux et du maxillaire supérieur.

Le nom de Léon Dulcy figure sur une stèle, avec celui des dix autres résistants arrêtés le 16 juillet, à la sortie nord d'Oraison. Son nom a également été donné à un stade d’Avignon. Il est gravé sur la plaque qui, dans le hall de l’hôtel de ville d’Avignon, honore les « Militaires et civils d’Avignon morts pour la France de 1939 à 1960 », dans la colonne « Déportés et résistants ». Le monument aux morts de Senez (Basses-Alpes) dont son épouse était originaire, porte aussi son nom mais sous la dénomination « Dr Dulcy Jean ». Il est également inscrit sur la plaque dédiée « À la mémoire des médecins et étudiants en médecine morts pour la France, 1939-1945 » (867 noms), apposée en 1990 dans le hall de l’ancienne faculté de médecine de Paris, rue de-l’École-de-médecine [voir l'onglet "Album" lié].


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Acte de décès ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier, les numéros 1 et 42 ; Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence, 17 juin 1940 - 20 août 1944, Digne, Imprimerie Vial, 1983, rééd. 1990, p. 351 et sq. ; Jean Vial, Un de l’AS bas-alpine. Souvenirs d’un résistant, Marseille, Chez l’auteur, imprimerie Villard, 1947, 3e rééd., Imprimerie Villard, 1990, pp. 214-218 ; Jean-Christophe Labadie, La répression allemande. Basses-Alpes 1943-1944, Digne, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2014, pp. 121-125 et recueil documentaire, pp. 20-21 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014 ; Louis Gontier, Mémoires d’un avocat de Provence, Le Pontet, Atelier Séri-Graffic, 1994, pp. 492, 542, 585-594 ; La Voix des airs, Bulletin de l’aéro-club vauclusien, n° 15, février 2011 ; Ray Jenkins, The greatest untold story of WWII heroism. A pacifist at War, London, Hutchinson Random House, 2009, Arrow Books, 2010 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Laurent Cardonnet, Contribution à l’étude des étudiants en médecine et des médecins « morts pour la France » pendant la Seconde Guerre mondiale, thèse pour le doctorat en médecine, dir. Bruno Halioua, faculté de médecine Paris-Descartes, 2010, p. 85 ; Commission départementale de l’information historique pour la paix, Le Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale dans les Basses-Alpes, Digne, 1992 ; Hélène Vésian, Claude Gouron, Les chemins de la liberté, sur les pas des résistants de Haute-Provence, ADRI/AMRID, 2004.