Raymond Lévy

Légende :

Raymond Lévy, dit Manou, jeune étudiant juif ayant rejoint le camp C6 en Vercors-drômois, sans date

Genre : Image

Type : Image

Source : © ANPCVV Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Contexte historique

Raymond Lévy est né le 7 janvier 1920 à Niederbronn-les-Bains (Bas-Rhin).

Son père Simon, né en 1878 dans l'Alsace annexée, a épousé une juive allemande en 1905, avant de fonder son entreprise de récupération en 1912.

Troisième d’une fratrie comptant quatre enfants nés dans une famille juive traditionnaliste alsacienne, Raymond Lévy est le premier enfant de la famille à naître français. Sa sœur ainée, Gertrude, née en 1914, institutrice, sera brûlée le 29 janvier 1944 à Malleval par les Allemands, avec six de ses camarades de l’AS. L'époux de Gertrude Lévy, le docteur Moïse Blumensztok, juif d’origine polonaise, sera arrêté et emmené à la Gestapo de Grenoble, puis déporté à Auschwitz via Drancy, en mars 1944. 

Son frère cadet, Robert, né en 1923, rejoindra les FTP de la Creuse en juin 1944, puis les FFL où il sera engagé pour la durée de la guerre.

Elève au cours complémentaire de Niederbronn-les-Bains, Raymond Lévy obtient son brevet élémentaire. En 1935, il entre à l’Ecole Normale d’Instituteurs de Strasbourg, où il y prépare le baccalauréat 1re partie qu’il réussit en 1938. Au lendemain de la déclaration de guerre, le 1er septembre 1939, les habitants de Niederbronn-les-Bains sont évacués en Haute-Vienne. L’Université de Strasbourg est repliée à Clermont-Ferrand et valide son baccalauréat le 16 décembre 1940. L’Ecole normale d’Instituteurs de Strasbourg déménage à Périgueux, Raymond Lévy y passe le Brevet supérieur pour l’Enseignement primaire en juin 1940. Parallèlement, il obtient son brevet de Préparation Militaire Supérieur (PMS) et il est admis au peloton d’Elèves Officiers de Réserve (EOR), section Artillerie. Il effectue son service militaire comme 2e classe à Issoire, de juin à septembre 1940. 

II tombe sous le coup de la loi du 18 octobre 1940 portant sur le statut des juifs édicté par le gouvernement de Vichy. Bien que n’ayant jamais exercé son métier d’instituteur, il reçoit un courrier du recteur d’Académie l’excluant de l’enseignement.
Il travaille ensuite comme secrétaire à la fabrique de conserves Ungemach, installée à Périgueux, jusqu'en mai 1942. Il rentre ensuite dans la clandestinité.

Le 13 juillet 1943, il est arrêté à Marcilloles (Isère) pour faux papiers et propagande antinationale. Le tribunal de Saint-Marcellin (Isère) le condamne à un mois de détention, mais il s’échappe, probablement avec la complicité de la Résistance locale très active, et rejoint, environ un mois plus tard, le Vercors-secteur sud, placé sous le commandement de Geyer, Thivollet. Le 13 août 1943, il signe son engagement pour la durée de la guerre au sein du 11e régiment de Cuirassiers. Son nom de guerre est Manou. Il est affecté avec le grade de maréchal des logis au Camp 4 (C4), commandé par Cathala, dit Grange, ou encore Le Vieux. 

Au mois de septembre 1943, le C4 est absorbé par le C6 et placé sous le commandement unique de Cathala, Grange. Le C6, après une sanglante affaire avec des soldats italiens en débandade, doit se replier au monastère de l’Esparron. Au cours de l’attaque du monastère, le 3 février 1944, Raymond Lévy est chargé, avec la sizaine de protection, d’assurer le repli du camp. Il est alors blessé à la jambe droite de deux balles. Cathala, Grange, rédige une proposition de citation : (…) "A fait preuve de belles qualités guerrières… A été blessé à son poste de combat".

Cathala, Grange, dans ses rapports, mentionne la présence de Raymond Lévy lors :

- de l’attaque allemande sur le monastère de l'Esparron, le 3 février 1944, durant laquelle Raymond Lévy est blessé à la jambe droite ;
- de l’attaque de la Milice et des Waffen-SS le 16 avril 1944 ;
-
de la bataille du Vercors du 13 juillet au 18 août 1944, dans la cuvette de Vassieux et au col de Rousset (Drôme) ;
- d’actions et engagements sur les voies de communications de la vallée du Rhône ;
- de la prise de Romans-sur-Isère et de Lyon.

Le 15 août 1944, Raymond Lévy est nommé maréchal des logis chef par le commandant Narcisse Geyer, Thivollet. L’escadron Cathala, devenu 11e Cuirassiers, devient 3e escadron du 11e Cuirassiers le 15 août 1944.

Le 20 octobre 1944, Raymond Lévy fait une demande d’admission à l’Ecole de Cherchell (Algérie) en section Artillerie pour la session de novembre, appuyée par le capitaine Cathala.

Raymond Lévy ayant signé un engagement dès son arrivée dans le Vercors pour la durée de la guerre, il se trouve, dans le cadre de l’amalgame, incorporé au 3e escadron (Cathala) du 24e bataillon de marche de la 1re Division Française Libre (DFL) le 6 novembre 1944. Il fait alors par courrier deux demandes de réhabilitation auprès du Procureur de la République de Saint-Marcellin, une pour lui-même, une pour sa sœur Gertrude et son mari, le docteur Moïse Blumensztok. Ces deux courriers resteront sans réponse.

Le 23 novembre 1944, le capitaine Cathala est blessé à Grosmagny (Territoire de Belfort).
Le lendemain, 24 novembre, Raymond Lévy est tué à 17 heures au combat de Grosmagny. L'acte de décès est établi par le sous-lieutenant Bonaldi, officier d'état civil au 24e BM, sur la déclaration de Raymond Chielens, sergent-major au 24e BM et Yves Le Saux, soldat de la même unité. En janvier 1945, Bonaldi écrira au père de Raymond Lévy, Simon Lévy : « C'est pendant l'attaque du village de Grosmagny que votre fils est tombé au champ d'honneur. Très courageux, il fut toujours un exemple pour ses hommes. »

Raymond Lévy repose auprès de sa famille dans le cimetière israélite de Gundershoffen (Bas-Rhin).


Citations et décorations :

« Lévy Raymond, sergent-chef FFI. A toujours fait preuve de courage et d’abnégation. S’est notamment distingué lors de l’attaque du monastère de l’Esparron, le 3 février 1944. Blessé à son poste de combat, a continué l’engagement jusqu’à l’épuisement de ses munitions. Belle figure de résistant ».
Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil ; Médaille militaire, à titre posthume.

[Voir l'album lié.]


Auteurs : Alain Raffin et Raymond Lévy, neveu de R. Lévy.

Sources :

Dossier individuel ANPCVV, archives Famille Lévy - Grenoble.

Archives de la Famille Lévy.

Dossier individuel de R. Lévy au Service Historique de la Défense (SHD- site de Vincennes) 16 P 370629.