Pontaix, vue aérienne vers l'est

Légende :

Vue aérienne du village de Pontaix, construit au resserrement de la vallée de la Drôme. La Résistance levant son barrage, la route, en arrière-plan, vers Die est libre.

Genre : Image

Type : Carte postale

Producteur : Inconnu

Source : © AERD (Imprimerie du journal Le Crestois, collection le Diois illustré) Droits réservés

Détails techniques :

Carte postale.

Date document : Vers 1905

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Pontaix

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Analyse média

Le village de Pontaix est établi à un resserrement de la vallée de la Drôme.

À ce rétrécissement de la vallée de la rivière Drôme, un pont et un viaduc (dont on voit les dernières piles en bas à droite de la photo) permettent à la route et à la voie ferrée de changer de rive. Le vieux village, une double rangée de maisons de part et d’autre d’une voie étroite, se blottit en rive droite au pied de la colline surmontée des ruines du château médiéval.

Cet étranglement constituait, si la Résistance en avait eu les moyens, un site relativement favorable pour barrer l’accès et empêcher la progression allemande vers l’amont et le Vercors. Les troupes ennemies n’y rencontrèrent aucune opposition : l’ordre d‘évacuation, qui depuis n’a cessé de faire polémique, avait été donné aux résistants.

La photo regarde vers l'amont de la Drôme.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

Dans l’après-midi du 21 juillet 1944 à 17 heures, "Alain" (Raynaud) s’est rendu au PC de "Legrand". Il l’a trouvé « d’un optimisme invraisemblable », se refusant à admettre que la situation, sur le terrain, puisse être aussi grave qu’on le lui dit.

"Alain" explique que les Allemands ont « mis en œuvre des moyens considérables » et que « ce n’est pas avec quatre ou cinq armes automatiques qu’on arrête une forte colonne allemande, et à plus forte raison une colonne blindée, fortement appuyée par l’infanterie et ayant le concours constant de l’aviation ». "Alain" lui ayant fait part de ses inquiétudes quant à la participation des FTP (Francs-tireurs et partisans) à un combat défensif aussi disproportionné, "Legrand" signe à 18 heures un ordre prescrivant au capitaine "Roger" (Chaiffre) « délégué FTP au Régiment » de « rassembler les éléments disponibles dans le sud de la nationale 94 et de barouder ensuite face au nord ».
S’il y a résistance et combat à Pontaix, le village sera détruit et la population décimée. Or Pontaix a déjà payé un lourd tribut : 13 de ses fils ont été déportés après le déraillement du train de Vercheny. On a reçu des gens d’Aurel qui arrivaient blessés. Les gens ont vu brûler Espenel. Une réunion du CDL (Comité départemental de la libération) de Die, avec le lieutenant Giry, le capitaine "Alain" et son état-major, se tient au café de Paris. Sur la pression des représentants de la population qui craignent des représailles en cas de résistance, c’est vraisemblablement "Roger" (Chaiffre) qui donne l’ordre d’évacuer la position de Pontaix tenue par les FTP. En théorie, c’est le bataillon de Léonce Giry qui verrouille la vallée de la Drôme à Pontaix, il y a en réalité 30 à 40 hommes de la compagnie Deleygues en position défensive avec deux Hotchkiss, et un camion. Même si des groupes de FFI (Forces françaises de l'intérieur) sont arrivés en renfort de Die pour soutenir leurs camarades en position sur les rives droite et gauche de la vallée, à hauteur du viaduc, ils n’auraient pas pu opposer une grande résistance avec leurs armes légères.
De plus, au soir, la forte pluie faisait que la visibilité était faible, on n’aurait pas pu tirer de loin sur les ennemis. Et la coupure sur la route était peu efficace : les véhicules ennemis n’attaquent pas de front et, empruntant le lit de la rivière, remontent vers la maison Bernard et contournent la position. Les résistants reçoivent du PC d’"Alain" l’ordre d’évacuer leur position. Le choix a été fait d’évacuer. Le capitaine "Alain" raconte : « Quant aux positions de Pontaix, le capitaine Roger m’annonçait vers 21 h qu’elles étaient déjà débordées sur les ailes. Je lui demandais d’attendre qu’elles fussent engagées plus à fond avant de se replier au N et au S de la N 93. Il donna cependant l’ordre d’évacuation pour 23 h ».
À 3 h, à Pontaix, sous la pluie, le groupe FTP qui tenait le passage évacue. Ayant appris que les Allemands progressent au col de Grimone, il veut éviter d’être pris à revers. Deux camions sont à sa disposition. A la sortie de Pont-de-Quart, 25 km à l’est de Die, un pont détruit l’oblige à stopper, des avions allemands détruisent les deux camions. Armes et munitions personnelles sont sauvées, tout le reste est détruit. Les FTP continuent à pied sur Montlaur, puis vers Nyons où ils seront le 24 juillet. Le barrage de Pontaix avait été levé : peut-être a-t-on exagéré son importance. La route de Die est ouverte à l’assaillant. Message de la Drôme reçu à Alger le 23 juillet à 9 h 45 rendant compte de la situation aux 20 et 21 juillet, « après un jour de combats violents, les points de résistance sur RN 93 ont décroché le 22 à la nuit ». Pendant ce temps, les troupes allemandes continuent sans grosses difficultés à remonter la vallée de la Drôme. Le groupe de choc, composé du II/Pz.Gren.Rgt10 et d’une compagnie d’engins blindés de reconnaissance du Pz.Aufkl.Abt.9, commandé par Zabel, participe à un engagement à Sainte-Croix. Son compte-rendu fait le bilan : « le 22.7.44 à 10 h, Sainte-Croix est atteint (36 km au sud-ouest de Valence). De solides barrages routiers ont été enlevés. Des ponts détruits sont momentanément réparés. Le groupe de combat continue à avancer sur Die (43 km sud-ouest de Valence) malgré une résistance ennemie ardue - Pertes ennemies : 36 morts - Butin : 2 MG, 8 Mpi, 5 carabines, environ 10 000 munitions d’infanterie, 120 kg de dynamite, 10 engins explosifs, 30 grenades à main, pertes de notre côté : 4 morts, 12 blessés ». Un peu plus tard, les Allemands peuvent annoncer : « Succès des combats contre des terroristes dans la région de Sainte-Croix […] Pz Div groupe de combat Zabel est en marche sur Die après avoir essuyé une résistance ardue de l’ennemi. Perte de [chez] l’ennemi et prise de butin ».


Auteurs : Robert Serre
Sources : ADD, 97 J 27, mémoires Alain (T1), 9 J 4, rapport De Lassus 1945. Pour l’Amour de la France. Drôme terre de liberté. Gerland, La Résistance en Drôme Centrale. Témoignages de Yves Vert, de Robert Richaud. Archives Paul Arthaud : notes de Robert Noyer sur la Résistance dioise. La Drôme en armes, n°3, 26/08/1944. Ladet, Ils ont refusé de subir. Document fourni par P. Raynaud ("Alain") le 28/10/1986 à Montbrun-les-Bains. Rude, Dialogue Vercors-Alger. Borel-Bloch, témoignage R. Pagon.