Contexte historique

La Milice est créée dans la France de Vichy par la loi du 30 janvier 1943 et par la volonté de Pierre Laval. A sa grande déception, les autorités allemandes refusent de l'étendre à la Zone occupée où elle est autorisée tardivement,  le 11 février 1944. Reconnue d'utilité publique, elle est placée sous l'autorité de Joseph Darnand.

En Charente-Maritime, précédemment le général Maratuech avait dans différents courriers au préfet demandé avant l'heure et sans succès, que la Garde civique devienne officiellement une milice. Finalement, elle ne voit le jour dans le département, qu'en mars 1944. Le général Maratuech donne alors, l'ordre aux membres de la Garde civique et particulièrement aux cadres, de s'y enrôler.

Le chef départemental est François Sidos, agent d'assurance, ex-sous officier de carrière, officier de réserve, Croix de feu. Nommé le 1er mai 1942, délégué régional aux sociétés secrètes en zone occupée, il est en relation directe avec la Sipo. En janvier 1943, il adhère au Francisme. Le 17 mai 1944, Laval le nomme "chargé de mission à l'Inspection générales des Forces du maintien de l'Ordre", organisation fondée par Joseph Darnand en septembre 1943. Il sévit de Brest à Tours, du Mans à Nantes avant de devenir inspecteur régional de la Milice. En juillet, il est remplacé à la direction départementale , par Pierre Delestre, chef départemental du RNP et chef de la Milice dans l'île de Ré.

En juin 1944, le lycée Fromentin devient la caserne milicienne "Philippe Henriot", équipée d'une chambre forte. Elle héberge environ 100 miliciens du département mais également de la Vendée et des Deux Sèvres.

Des sections sont créées dans différentes centres administratifs et plus surprenants dans de petites bourgades et même des villages : Rochefort  dont le chef est le commandant Elie en même temps chef de secteur de la garde civique, Royan, Saintes, Pons, Jonzac, Saujon, Oléron, Bourcefranc, Fouras, Meschers, Saint-Just, Matha, Charron, Forges-d'Aunis, Saint-Cyr-du-Doret, Loulay, Saint-Symphorien, Aigrefeuille. Dans les catégories socio-professionnelles représentées, notons une présence importante de militaires à la retraite et celle de deux proxénètes qui avec leur équipe forment la garde personnelle de Delestre. Les jeunes de 18 à 24 ans sont relativement nombreux. Bras droit des forces d'occupation, le milice de Royan en collaboration avec la police allemande n'a pas hésité à créer un faux maquis aux Mathes dans la forêt de la Coubre afin de pièger les résistants. Elle provoque ainsi l'arrestation de dix huit d'entre eux. Etant donné la valeur du recrutement des membres de la Milice et l'autorité armée qui leur est conférée, les exactions sont inévitables et nombreuses dès juillet 1944 en particulier de la part de la garde personnelle de Delestre surtout préoccupée de pillage et de terrorisme.

Le 1er août, suite à un appel de Pierre Quéré, Sidos regagne La Rochelle. Il entre en conflit avec Delestre dont la garde a proféré des menaces contre son fils. Il obtient que les Allemands désarment les miliciens. Le problème est résolu le 12 août  1944, avec le départ à Poitiers des miliciens du département. Peu après le 23, en compagnie des miliciens de la Vienne, ils rejoignent l'Allemagne. Ils forment un groupe de 400 hommes qui est incorporé dans la division Charlemagne. Parmi eux se trouvent le commandant Elie qui a été nommé Oberskommandant et Delestre, chef de centaine.

Resté à la Rochelle, Sidos est chargé de la sécurité. Il fonde le 24 août 1944, la "délégation Atlantique du gouvernement français replié à Sigmaringen". Rassemblant les éléments qui n'ont pas rejoint l'Allemagne, il met en place une nouvelle milice, organise la propagande et crée Radio La Rochelle. L'activité de la Milice ne se dément pas pendant la Poche de La Rochelle. Associé à la SIPO, elle traque sans pitié résistants et maquisards,  et Sidos trouve même que le kapitän leutnant Koethe et les agents de l'Abwehr ne sont pas suffisamment nazis. Avec l'armée allemande et la Gestapo, il participe activement à l'attaque de Château-Gaillard en août 1944.

Le 17 avril 1945 à 23 heures, le bateau "Ville de Noirmoutier" entre dans le port de La Pallice. Il transporte 90 miliciens dont 22 sont blessés, probablement lors de l'attaque de la Poche de Royan qui vient d'être libéré. Le 6 mai, le bateau est arraisonné en mer par un hydravion alors qu'il cherche à gagner l'Espagne avec à son bord, les miliciens rochelais et leur chef.