Henri Grouès, "abbé Pierre" : la Résistance de Malleval à la France libre
Légende :
Henri Grouès, plus connu sous le pseudonyme d'abbé Pierre, ici en 1955
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Wikimedia - Nationaal Archief- La Haye, Pays-Bas Libre de droits
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : 27 août 1955
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Malleval-en-Vercors
Contexte historique
La famille d’Henri Grouès est originaire du Hameau de Fouillouse, commune de Saint-Paul-sur-Ubaye, dans les Alpes-de-Haute-Provence (Basses-Alpes à l’époque).
Henri Pierre Grouès est né le 5 août 1912 à Lyon. Il est décédé le 22 janvier 2007 à l’Hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris.
Il fut d'abord prêtre catholique de l’Ordre des Frères mineurs capucins sous le pseudonyme de Frère Philippe. Son ordination sacerdotale eut lieu le 14 août 1938.
Puis, en 1942, il fut appelé par l’Evêque de l’Isère comme vicaire de la cathédrale de Grenoble.
En octobre 1946, il fut élu député de Meurthe-et-Moselle et devint Président du Comité exécutif du Mouvement Universel pour une Confédération Mondiale, durant quatre ans. Il démissionna de la fonction de député en 1951.
Plus tard, il créa le Mouvement Emmaüs, organisation laïque de lutte contre l’exclusion.
Après l'hiver 1954, Emmaüs devient connu des Français, et reçut un nombre important de dons. De là est née la première tentative de structuration du Mouvement, avec la création de l'Association Emmaüs. Cependant, celle-ci se détachera vite de ce rôle initial pour se concentrer sur la gestion des centres d'accueil et d'hébergement de Paris et de sa région.
À la fin des années 1950, l'abbé Pierre, après une période de maladie, entama une série de voyages à travers le monde, et notamment en Amérique Latine. L’association devint alors Emmaüs international en 1971.
Résistant à Malleval
Découvrant les horreurs de la persécution des patriotes et des juifs, Henri Grouès s’engage dans la Résistance le 18 juillet 1942. L’abbé Pierre accueille des juifs, organise à leur intention un laboratoire de faux papiers et le passage de la frontière vers la Suisse.
En février 1943, une loi institue le Service du travail obligatoire (S.T.O.) en Allemagne ; l’abbé Pierre crée des maquis pour les jeunes réfractaires au S.T.O. Il monte des filières de passage dans les Alpes, et crée à son domicile un laboratoire de fabrication de cartes d’identité.
En mars 1943, il ouvre le camp du « Maquis Palace », par contraste avec la vétusté des lieux, en Chartreuse. Il édite, en avril 1943, un bulletin de liaison à leur intention, pour lequel il a besoin d’une secrétaire. La publication clandestine, imprimée à Grenoble, s’appelle L’Union Patriotique Indépendante (UPI) et est destinée aux cadres du maquis. C’est à cette occasion qu’il rencontra Lucie Coutaz, qui devient sa principale collaboratrice durant 39 ans et sera la co-fondatrice d’Emmaüs. Il prend plusieurs identités clandestines, dont celle d'« abbé Pierre », afin de ne pas être repéré par la Gestapo et la police du régime de Vichy.
L’histoire du maquis de Malleval commence en 1943. Après l’instauration du Service du travail obligatoire (STO), Henri Grouès, l’abbé Pierre, est confronté à un afflux de demandeurs d’asile. Le placement dans des fermes ne suffit plus, il crée un maquis en Chartreuse. Après plusieurs attaques italiennes, ce maquis fut transféré dans le Vercors, sur le plateau de Sornin, au début de l'année 1943. Les camps de Sornin émigrent ensuite à Malleval (Isère), cuvette estimée plus sécurisante. De novembre 1943 à février 1944, il a également organisé, avec Mademoiselle de Sainte-Marie, le ravitaillement des détenus de la prison de Montluc (Lyon).
L’abbé Pierre, aidé de l’ingénieur Zunio Waysman (« Gilbert »), les accueille. Le groupe s’étoffant, l’abbé Pierre recrute, pour les encadrer, un officier de réserve, ancien chef démissionnaire de chantier de jeunesse et ancien scout routier, Pierre Godart (« Raoul »).
De son côté, Albert Seguin de Reyniès, chef de l’Armée Secrète (AS) pour l’Isère, appartenant à l’Organisation de la Résistance de l’Armée (ORA), porte aussi son intérêt sur Malleval, afin d’ouvrir un camp-refuge encadré par d’anciens cadres du 6e BCA, de manière à préparer une unité formée militairement et apte, le moment venu, à épauler les troupes devant débarquer dans le Midi. C’est ainsi qu’arrivent, à Malleval, l’adjudant Eysseric (« Durand ») et trois compagnons.
D’un effectif d’une centaine d’hommes, le camp de Malleval est ramené, en janvier 1944, à une trentaine suite à la décision de Seguin de Reyniès d’évincer Pierre Godard pour le remplacer par Gustave Eysseric. Jusqu'en janvier 1944, Henri Grouès, aidé de Mademoiselle Louise (Lucie Coutaz) et de Madame Marie (Jévodan), assure le ravitaillement et l'entraînement, par divers officiers, des maquis de Sornin, puis de Malleval (environ 80 hommes) en Vercors.
L’abbé Pierre quitte Malleval avant l’attaque allemande du 29 janvier 1944.
En février 1944, recherché par la Gestapo de Lyon, et tandis qu'il est en convalescence, ses chefs lui ordonnent de franchir les Pyrénées pour rejoindre de Gaulle à Alger. Il prendra successivement les pseudonymes d' « abbé Houdin » à Paris, puis celui de « Sir Harry Barlow », dans le cadre de sa mission à Gibraltar pour le BCRA, le 14 juin. Entre février et mai 1944, il fut rédacteur à l'AID (Agence d'Information et de Documentation), créée par le CNR.
Traqué par la Gestapo, il est arrêté le 19 mai 1944 au retour d'un voyage en Espagne. Il parvient à s'évader dans la nuit du 19 au 20 mai. Le 26 mai, il reprend la route de l'Espagne et relie, en 20 jours, Paris et Alger. À partir d'août 1944, il devient aumônier de la Marine, au Maroc.
Titres et distinctions au titre de résistant :
Grand-croix de la Légion d’honneur (2004) ; Croix de guerre 1939-1945 avec palme ; Médaille de la Résistance ; Médaille des Evadés - Médaille de la Résistance belge.
Auteur : Guy Giraud
Sources :
Dossier individuel du Service historique de la Défense (SHD) - 16P 272433.
Site Internet Emmaüs international - L’engagement politique de l’Abbé Pierre, consulté le 26 septembre 2016.
Centre abbé Pierre Emmaüs - Esteville. Biographie de l’abbé Pierre.