Analyse média

Cet article s'étend sur les pages 1 et 2 du journal Le Provençal – Organe des Patriotes Socialistes et Républicains " – du 31 août 1944. Selon un procédé journalistique traditionnel, l'importance des informations est hiérarchisée en fonction de la taille et de la graisse des caractères, mais aussi de l'emplacement de l'article et de sa longueur. Ainsi, l'article consacré à la nouvelle délégation municipale est à lui seul aussi large que les deux colonnes en place des sous-tribunes, soit la moitié de la page de une (sans compter la suite sur la deuxième page). La photographie a la même largeur que l'article.

Contexte historique

L'ordonnance du 10 janvier 1944 avait donné tous les pouvoirs aux commissaires régionaux des 18 régions pour, entre autres, "pourvoir à l'administration du territoire" et "rétablir la légalité républicaine". Fort de ces fonctions, Raymond Aubrac nomme Flavien Veyren préfet des Bouches-du-Rhône, et Pierre Massenet préfet délégué à la ville de Marseille (qui est sous tutelle depuis 1939). L'année précédente, ce dernier avait été pressenti, pour assurer cette fonction, par Francis Leenhardt Lionel, responsable en France pour la création des CDL. Il nomme aussi les deux sous-préfets des Bouches-du-Rhône : Max Moulin, qui est maintenu à son poste pour Aix-en-Provence, et Henri Morand (dirigeant du Front National pour la Libération de la France) pour Arles.

Le 28 août, le même jour où la presse annonce sa nomination comme préfet délégué de la ville de Marseille, Pierre Massenet organise à la préfecture une réunion d'une quarantaine de fonctionnaires municipaux. Les assemblées municipales mises en place par Vichy étant dissoutes par l'ordonnance du 21 avril 1944, sont nommés également les 25 membres de la délégation municipale (22 hommes et 3 femmes) qui devront gérer Marseille jusqu'aux élections. Celle-ci, comme le montre la photographie parue dans Le Provençal, est installée à l'hôtel de ville le 30 août, par Gaston Defferre, nouvellement nommé président de la délégation municipale de Marseille, qui prend la parole autour de laquelle sont présents Flavien Veyren, Raymond Aubrac (et non Gaston Aubrac, selon le mot-valise patronymique du journaliste), Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Pierre Massenet et le général Goislard de Monsabert. Elle comprend vingt-cinq membres venus de différents horizons professionnels, et représentent, selon les mots de Gaston Defferre, « toutes les organisations qui, à Marseille, ont participé à la lutte clandestine et au combat libérateur ». Au cours de la cérémonie d'investiture, comme cela est l'usage, différentes prises de parole ont lieu, qui s'attachent à souligner les épreuves traversées, mais aussi les tâches qui incombent à présent à la nouvelle délégation.