Analyse média

Cet article figure en partie en première page du journal Le Provençal – Organe des Patriotes Socialistes et Républicains – du 6 septembre 1944, la totalité de l'article s'étendant sur deux pages. Il a pour objet la première réunion de la délégation municipale qui s'est tenue la veille, à partir de 15 heures à l'Hôtel de Ville de Marseille, et il est accompagné d'une photographie en noir et blanc sur laquelle figurent les 25 membres de cette délégation (22 hommes et 3 femmes).

Parmi les différentes nouvelles que contient l'article, une seule est reprise dans un encadré en caractères gras et en gros titres, et occupe le pied de la colonne centrale : elle a trait à « (...) une augmentation de pain qui serait réalisée dès dimanche (...) ». Cette mise en perspective journalistique est évidemment en rapport avec le problème crucial du ravitaillement. Outre le ravitaillement, titre d'une rubrique de l'article, trois autres rubriques – le règlement intérieur, la position de la Délégation municipale et les Commissions – renvoient aux questions abordées lors de la première réunion plénière de la délégation municipale.

Contexte historique

Raymond Aubrac prend ses fonctions de commissaire de la République le 24 août à Marseille.

Il a pour mission de rétablir la légalité républicaine face à toutes les possibilités d'exaction, et de mettre en place les nouveaux pouvoirs. Il nomme Flavien Veyren préfet des Bouches-du-Rhône, et Pierre Massenet préfet délégué à la ville de Marseille (ville placée sous tutelle depuis 1939). Il nomme aussi les deux sous-préfets des Bouches-du-Rhône : Max Moulin, maintenu à son poste pour Aix-en-Provence, et Henri Morand, dirigeant du Front National pour la Libération de la France, pour Arles.

Le 28 août, il organise à la préfecture une réunion d'une quarantaine de fonctionnaires municipaux. Les assemblées municipales mises en place par Vichy étant dissoutes par l'ordonnance du 21 avril 1944, les 25 membres de la délégation municipale (22 hommes et 3 femmes) qui devront gérer Marseille jusqu'aux élections, sont installés dans leur fonction le 30 août par Raymond Aubrac, en présence d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie, ministre de l'Intérieur.

Le 5 septembre, le délégation municipale tient sa première réunion plénière, sous la présidence de Gaston Defferre, et en présence de Pierre Massenet. Plusieurs commissions sont mises en place, pour s'attaquer aux "chantiers" consécutifs à la guerre et à ses conséquences, avec à la base de celle-ci, la création d'une commission composée de 4 membres – parmi lesquels le président lui-même, Gaston Defferre – visant, contrairement à un décret de décembre 1941, à ne pas cantonner la délégation municipale à un seul pouvoir consultatif, mais à lui octroyer également un pouvoir décisionnel.

Les autres commissions, composées chacune de six membres, certains figurant dans plusieurs de celles-ci, concernent les finances, les travaux, le ravitaillement, l'administration générale, l'eau, le gaz et l'électricité, ainsi qu'une délégation exceptionnelle pour les tramways. Parmi ces "chantiers", il en est un crucial pour les populations de Marseille et de sa région : celui du ravitaillement, qui restera insuffisant pendant plusieurs années encore après la guerre, tant en ce qui concerne les cultures que l'élevage.