Les élections générales et le référendum (octobre 1945)
Légende :
Journal Le Provençal, éditions des 21 et 22 octobre 1945, rendant compte des élections générales et du référendum soumis à la population française
Genre : Image
Type : Article de presse
Source : © Collection Robert Mencherini Droits réservés
Détails techniques :
Documents imprimés sur papier journal (voir recto-verso, ainsi que l'album photos lié).
Date document : 21 et 22 octobre 1945
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
Le Provençal du dimanche 21 octobre 1945 consacre une large place à la consultation électorale qui a lieu le même jour. La une du journal présente, dans son oreille gauche, le bulletin du référendum à propos des pouvoirs de l’Assemblée constituante qui doit être élue à la même occasion. Celui-ci, présenté en quelque sorte pré rempli, appelle au vote OUI/OUI : OUI à l’élection d’une assemblée constituante, OUI à la limitation des pouvoirs de celle-ci (définis par un projet de loi). Une caricature renforce ce propos et appelle à « voter OUI aux deux questions ».
Un autre article reproduit l’allocution de Félix Gouin, radiodiffusée la veille, en faveur des listes socialistes (dont celle de Gaston Defferre à Marseille et la sienne dans le secteur d’Aix-Arles). D’autres textes donnent d’ultimes recommandations aux électrices et électeurs, dressent le bilan national des candidatures et tentent d’expliquer la mécanique complexe d’attribution des sièges à l’assemblée constituante. Le tout est complété par un éditorial de Gaston Defferre qui défend le bilan des socialistes et dénonce une campagne électorale violente, les calomnies des communistes et des « faux socialistes » (de fait les exclus de la fédération socialiste regroupés autour de Ferri-Pisani). Ce kaléidoscope de consignes et d'arguments électoraux, entrecoupé d’informations internationales et agrémenté de la photographie d’une jeune nageuse, occupe, en ordre dispersé, toute la première page du quotidien.
L’édition du lundi 21 octobre du Provençal présente, à la une, les résultats de la consultation électorale de la veille. Le titre principal qui occupe toute la largeur de la page se félicite du vote OUI/OUI, et fait état de la « magnifique victoire » des socialistes. Celle-ci est illustrée par les photographies des cinq élus de la coalition SFIO-UDSR. Les autres députés élus, cinq pour le PCF et deux pour le MRP, sont tout de même évoqués. On peut remarquer qu’à aucun moment n’est mentionnée la liste dissidente du Parti socialiste menée par Pierre Ferri-Pisani.
[Voir l'album photos lié]
Auteur : Robert Mencherini
Contexte historique
Le 21 octobre 1945, les Français doivent se prononcer par deux votes. Le premier concerne les questions posées par référendum que l’on peut ainsi librement résumer : L’assemblée élue doit-elle être constituante ? Ses pouvoirs doivent-ils respecter le projet de loi annexé (qui, de fait, les encadre et les limite) ? La plupart des formations politiques appellent à voter « Oui-Oui », sauf le Parti communiste, partisan du « Oui-Non », et les radicaux-socialistes favorables au « Non-Non ». Le « Oui-Oui » l’emporte nettement, dans le département, comme dans l’ensemble du pays.
Le second vote porte sur les élections à l’assemblée constituante. Le département est divisé en deux circonscriptions, Marseille-Aubagne-La Ciotat et Aix-Arles-Roquevaire. Dans la première, la liste SFIO-UDSR de Gaston Defferre et Francis Leenhardt obtient 74 256 voix et trois élus (les deux têtes de liste et Irène Laure), tandis que celle, dissidente, de Pierre Ferri-Pisani ne totalise que 17 796 voix et ne bénéficie d’aucun élu.
Les résultats définitifs répartissent les treize sièges des Bouches-du-Rhône, entre le Parti communiste (cinq élus, François Billoux, Jean Cristofol, Raymonde Nédelec, Paul Cermolacce, Adrien Mouton), la SFIO (cinq également, avec Félix Gouin et Max Juvénal pour la 2e circonscription), et le MRP (trois, Alexandre Chazeaux, Germaine Poinso-Chapuis et Raoul Francou). La liste du Parti républicain démocratique, dirigée par Charles Mourre, n’a aucun élu, en dépit de ses 15 848 voix dans la première circonscription. Les suffrages radicaux-socialistes, en chute libre, passent de trois pour cent, pour les cantonales, à moins de un pour cent.
Auteur : Robert Mencherini
Sources :
Archives Départementales (AD) des Bouches-du-Rhône - 149 W, rapports des renseignements généraux ; presse régionale.
Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.