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Le Comité régional de Libération et sa composition, octobre 1944

Légende :

Article intitulé « La composition du Comité régional de Libération », paru dans La Marseillaise, 5 octobre 1944

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © Collection Robert Mencherini Droits réservés

Détails techniques :

Document imprimé sur papier journal (voir recto-verso).

Date document : 5 octobre 1944

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Un article de la une de La Marseillaise du 5 octobre 1944, qui ressemble fort à un communiqué de presse, annonce la création d’un comité régional de Libération, « à la demande du Commissaire Régional de la République ». Les membres de cette nouvelle instance ont été désignés par les « organisations de Résistance » (déjà présentes au CDL des Bouches-du-Rhône). Ils représentent le Front national, le MLN, la CGT, le Parti communiste, le Parti socialiste, le Comité de coordination des organisations chrétiennes, les Forces Unies de la Jeunesse Patriotique (FUJP). Sa fonction est très brièvement définie : il doit jouer - comme les CDL - un rôle consultatif auprès du commissaire régional de la République, et « coordonner l’activité des CDL dans toute la région ».


Robert Mencherini

Contexte historique

La Marseillaise annonce à la une de ce numéro, de manière un peu optimiste, la tenue d’élections municipales et cantonales en février 1945. De fait, les premières auront lieu en avril-mai 1945, et les secondes en octobre 1945. Les autres articles sont consacrés aux opérations contre le Reich, aux massacres perpétrés par les Allemands à la prison des Baumettes, à l’épuration, et aux difficultés du Ravitaillement.

La création du comité régional de Libération annoncée par ce numéro concrétise un projet pour lequel le CRR consulte depuis un mois. Au lendemain de son voyage à Nice où, au début septembre, il a remplacé le préfet Maurice Moyon par Paul Escande, le commissaire régional de la République adresse, le 4 septembre 1944, une lettre au président du CDL des Bouches-du-Rhône pour solliciter son avis, ainsi que celui des organisations de Résistance, sur la constitution d’un Comité régional de Libération (CRL). Sans doute a-t-il pris rapidement conscience de l’extrême diversité de la région et estime que, pour résoudre un certain nombre de problèmes, un tel comité l’aiderait vraiment. Proche du commissariat régional, il permettra de mieux gérer les tensions au sein des CDL de la région. Le comité régional siègera à Marseille. C’est donc aux organisations qui composent le comité départemental des Bouches-du-Rhône que Raymond Aubrac demande de désigner très rapidement des délégués susceptibles d’en être membres.

Le CDL des Bouches-du-Rhône discute de cette proposition dans les jours qui suivent, non sans émettre quelques réserves, en particulier sur le rôle exact de cette nouvelle assemblée. Le Front national, en particulier, souhaite que ses attributions « ne portent pas atteinte à celles du CDL, ni à leur [sic.] souveraineté dans les affaires locales » et le cantonne dans les tâches administratives. Le Parti communiste se fait prier pour donner son avis. Finalement, une autre séance du CDL, en présence de Raymond Aubrac, est nécessaire à la fin septembre. Le commissaire régional fait valoir que le futur CRL pourrait jouer un rôle de régulation des conflits au sein des CDL, et pallier les difficultés de liaison avec le CNR. Le Parti communiste approuve finalement cette création. Une commission est désignée pour porter la bonne parole dans les autres départements. 

Le CRL se met en place dans la première semaine d’octobre 1944. Ses membres sont des Marseillais. Jean Cristofol, ancien député communiste de Marseille, en assure la présidence, Max Juvénal la vice-présidence, et Lucien Molino, le secrétariat. Comme le comité départemental, le CRL s’élargit, au fil des semaines, à d’autres organisations, parfois à titre consultatif. Mais ses pouvoirs, de fait, semblent nettement plus limités. Raymond Aubrac estimera lui-même, plus tard, que ce comité régional était peu actif et sans grand pouvoir. Mais cette création confère au Parti communiste un poste honorifique important, alors que pratiquement toutes les autres structures sont sous responsabilité socialiste. Max Juvénal admet d’ailleurs très bien que la présidence du CRL soit attribuée à Jean Cristofol.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :

Archives Départementales des Bouches-du-Rhône - 76 W, cabinet du préfet ;

Archives Départementales des Bouches-du-Rhône - 9 W, P-V des délibérations du CDL ; articles dans la presse régionale ;

Raymond Aubrac, Où la mémoire s’attarde, Paris, Odile Jacob, 1993 ;

Mencherini Robert, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.