Etat général des membres et du personnel du CDL des Bouches-du-Rhône, novembre 1944
Légende :
Liste des membres et du personnel du CDL des Bouches-du-Rhône au 25 novembre 1944
Genre : Image
Type : Article de presse
Source : © AD des Bouches-du-Rhône - 9 W 8 Droits réservés
Détails techniques :
Document dactylographié.
Date document : 25 novembre 1944
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
Le Comité départemental de Libération (CDL) des Bouches-du-Rhône est créé en 1944, sur le modèle du CNR. Il rassemble les principaux mouvements de résistance, les organisations politiques et syndicales clandestines. La liste du 25 novembre 1944 est le résultat des différents élargissements réalisés depuis la Libération.
Le noyau du CDL, présent dès la sortie de la clandestinité, occupe les postes de responsabilité : la présidence est détenue par Francis Leenhardt au nom du MLN, qui compte par ailleurs trois autres membres, Max Juvénal, Joseph Féraud et Henri Contamin ; les deux vice-présidences sont attribuées respectivement au Front national (Lucien Goux) et à la CGT (Paul Papazian). Le secrétariat est partagé entre des organisations agrégées ultérieurement : Laurent Salini pour les Forces unies de la jeunesse patriotique ou FUJP à tendance communiste, Raymond Cayol au nom du Comité de coordination des organisations chrétiennes. Le Parti communiste apparaît en tant que tel avec Léon David, ce qui peut paraître modeste mais peut compter sur l’appui des vices- présidents Lucien Goux et Paul Papazian, ainsi que sur l'un des secrétaires Laurent Salini. Le Parti socialiste est représenté par Joseph Féraud, mais également à travers les membres du MNL.
La droite modérée obtient un siège occupé par Maurice Henrieis pour le groupe de résistance dit « Groupe Marin ».
Les autres membres représentent des organisations qui ont été cooptées entre septembre et novembre 1944, et qui sont destinées à représenter :
- le monde rural, puisque le CDL a une vocation départementale (Paul Demandolx pour le Comité de défense et d'action paysanne, Charles Peyre pour la Confédération général des Agriculteurs)
- les « absents », soit les prisonniers de guerre et les déportés (Georges Befort au nom du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés-MNPGD).
Parmi les 14 membres du CDL, une seule femme, Germaine Bonfante, agent de liaison dans la Résistance, au nom de l'Union des Femmes de France. Les Bouches-du-Rhône comptaient des résistantes confirmées : Mireille Dumont, Lucie Tichadou, Andrée Guizard, Josette Reibaud, pour le Parti communiste ; Irène Laure, Benjamine Esdra, qui militent dans les rangs des femmes socialistes, Germaine Poinso-Chapuis, qui milite au Parti démocrate populaire avant la guerre, puis au MRP et qui est aussi membre du MLN. Aucune de ces femmes n'est nommée par une organisation de Résistance ou un parti politique. Germaine Bonfante représente une organisation spécifiquement féminine : l'Union des Femmes de France, créée par le Parti communiste, qui vise à rassembler très largement les femmes autour de thèmes développés en accord avec la ligne du parti, mais sans afficher une appartenance partisane trop ostensible. L'Union des Femmes de France se développe dans le département à la Libération. Son action est avant tout caritative, tournée vers les familles et enfants nécessiteux. Les comités locaux organisent des galas et soirées récréatives pour financer leurs activités. Il n'y a pas de rupture avec les rôles traditionnellement dévolus aux femmes lorsqu'elles interviennent dans la société.
L'Union des Femmes de France est doublée par une organisation spécifiquement communiste, l'Union des Femmes françaises, issue des comités féminins de la Résistance fondés par Danielle Casanova. Le MLN compte également une organisation féminine, le Comité d'action féminine. Le CDL admet uniquement l'Union des Femmes de France, et rejette les autres organisations féminines en considérant qu'elles ne sont pas assez autonomes par rapport aux partis politiques et mouvements de résistance.
Sylvie Orsoni
Contexte historique
Le Comité Départemental de Libération des Bouches-du-Rhône s'installe à la préfecture le 22 août 1944. Il rassemble des représentants de la CGT, du PCF, du Front national, du PS, et du MLN.
Il s'élargit à la fin août aux Forces Unies de la Jeunesse Patriotique (FUJP), qui réunit les organisations de jeunesse de la Résistance et à l'Union démocratique républicaine ou « Groupe Marin ». Après de longues négociations, la présidence est attribuée au MLN. Max Juvénal, Maxence dans la clandestinité, blessé pendant les combats, ne peut exercer cette fonction qui est attribuée à un autre responsable du MLN, Francis Leenhardt, Lionel dans la clandestinité, en attendant le rétablissement de Max Juvénal.
Un second élargissement a lieu en novembre 1944. Max Juvénal, qui représente le MLN des Bouches-du-Rhône à l'assemblée consultative provisoire qui se réunit à Paris à partir du 7 novembre, abandonne la présidence. Le Parti communiste réclame la présidence pour la CGT, mais un vote l'attribue à nouveau au MLN et Francis Leenhardt est reconduit à la présidence. Par ailleurs, le CDL admet de nouvelles organisations : le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD), l'Association des anciens combattants, l'Union des Femmes de France (UFF), représentée par Germaine Bonfante, le Comité de coordination des organisations chrétiennes, le comité de défense et d'action paysanne et la confédération générale des Agriculteurs.
Le CDL, une fois installé le commissaire régional de la République, n'a plus de pouvoir de décision mais devient un organe consultatif qui joue un rôle actif par le biais de commissions dans tous les dossiers, épuration, ravitaillement, maintien de l'ordre. La place et le rôle des CDL dans la pyramide des pouvoirs sont âprement débattues au congrès d'Avignon, qui rassemble les CDL de la zone Sud, les 7 et 8 octobre 1944. Les motions réclamant une place des CDL aux côtés des partis politiques au CNR et à l'assemblée consultative sont rejetées.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources :
Maurice Agulhon, André Nouschi, Ralph Schor, La France de 1940 à nos jours, Paris, Nathan Université, 1995.
Maïté Albistur, Daniel Armogathe, Histoire du féminisme français, Tome 2, Paris, Des Femmes, 1977.
Christine Bard, Les femmes dans la société française au 20e siècle, Paris, Armand Colin, 2001.
Isabelle Debillly, Claude Martinaud, Madeleine Roux, Aux urnes citoyennes, Marseille CRDP, 1995.
Hélène Echinard, Marseillaises, le vote libérateur, plaquette PAE, Lycée Saint-Charles, 1995.
Jean-Marie Guillon, Philippe Buton, Les pouvoirs en France à la Libération, Paris, Belin, 1994.
Yvonne Knibiehler, Catherine Marand-Fouquet, Régine Goutalier, Eliane Richard Eliane (sous la direction de), Marseillaises - Les femmes et la ville, Paris, Côté Femmes, 1993.
Robert Mencherini, La Libération, et les années tricolores (1944-1947), Midi rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.
Sylvie Orsoni, La Libération du côté des femmes, Dossier pédagogique n° 8, Archives départementales des Bouches-du-Rhône.