Analyse média

Ces papillons trouvés par la police de Vichy et qualifiés par elle de « gaullistes » montrent ce que recouvre exactement ce terme, apparu dès 1940-1941 : les « gaullistes » sont simplement ceux qui, après la défaite de 1940, refusent l'armistice, souhaitent ouvertement la victoire alliée et approuvent les Français qui veulent y contribuer hors de métropole (de Gaulle). Ils désignent l’occupant comme responsable des malheurs actuels de la France (en particulier du non-retour des prisonniers de guerre et des pénuries), se réclament au besoin de la germanophobie héritée des guerres précédentes,  et fustigent les partisans de la collaboration (Pierre Laval).

Deux remarques sur les termes employés par la police française : au début de l'Occupation, celle-ci appelle indifféremment "tracts" des papillons, des tracts voire des journaux clandestins, ne sachant pas forcément qui les a produits et pour quel usage.  De même, l'appellation "mouvement de Gaulle" est volontairement floue: il ne s'agit pas de décrire une organisation unique (comme le sont les "mouvements" ou les "réseaux" de résistance) mais de rassembler sous un même terme des gens dont la police ne sait dans quelle mesure ils agisssent ensemble alors qu'ils se manifestent un peu partout en France, avec des opinions à peu près similaires.

Contexte historique

Les « papillons » sont la forme de propagande la plus simple, à la portée d’un individu isolé et sans même qu’il ait des informations à transmettre : réduits à quelques mots, leur but est de prendre parti par rapport à une situation connue de tous, et de signifier aux Français qui partagent cet avis qu’ils ne sont pas seuls: Ils peuvent être fabriqués artisanalement à plusieurs centaines d’exemplaires et diffusés partout, discrètement (glissés dans un journal) ou ouvertement (collés sur un mur).