Le CRR présente l'ordonnance du 18 octobre 1944 sur les profits illicites
Légende :
Communiqué du CRR pour la presse annonçant la mise en place des Comités réprimant les profits illicites, paru au Bulletin Officiel du CRR n° 38, 30 octobre 1944
Genre : Image
Type : Communiqué de presse
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Détails techniques :
Document dactylographié sur papier pelure.
Date document : 30 octobre 1944
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
L'ordonnance du 18 octobre 1944 organise la confiscation des profits illicites réalisés à partir du 1er septembre 1939, date de l'entrée en guerre de la France. Elle ne concerne donc pas seulement les profits issus de la collaboration avec l'ennemi, comme le rappelle le début du communiqué qui reprend l'article premier de l'ordonnance définissant le profit illicite.
Le communiqué annonce la création de Comités départementaux chargés d'enquêter puis de confisquer les profits illicites. Étant donné la complexité des enquêtes à mener, l'article 5 de l'ordonnance prévoit que le Comité soit composé de six hauts fonctionnaires de l'administration des Finances, le trésorier-payeur général, le directeur des contributions directes et du cadastre, le directeur des contributions indirectes, le directeur de l'enregistrement, des domaines et du timbre, le directeur départemental du contrôle des prix, le directeur des douanes ou de son représentant, à côté de trois membres désignés par le CDL, soit neuf membres au total.
Le troisième paragraphe fait montre de volontarisme en annonçant la constitution rapide des Comités et la mise à disposition de moyens permettant des enquêtes approfondies.
Les deux derniers paragraphes font le lien entre enrichissement indu et collaboration. Dans les deux cas, les coupables sont considérés comme des citoyens indignes. Ils peuvent donc être poursuivis pénalement, comme le souligne la dernière phrase.
Sylvie Orsoni
Contexte historique
La population, tout comme les membres de la Résistance, réclame le châtiment des profiteurs de guerre.
Deux ordonnances codifient la répression économique, celle du 16 octobre qui traite de l'épuration des entreprises [voir notice média liée], et celle du 18 octobre qui réprime tous les types de profits illicites, puisque la date de départ est celle de l'entrée en guerre de la France.
L'ordonnance du 18 octobre 1944 veut faire œuvre de justice en frappant, par exemple, les trafiquants du marché noir, particulièrement honnis par la population, mais ne vise cependant pas à changer les structures économiques.
Le Comité départemental de confiscation des profits illicites (CDCPI) se met rapidement en place dans les Bouches-du-Rhône. Il tient sa séance inaugurale dès le 16 novembre 1944 en présence de M. Gibert, inspecteur des Finances, chargé de mission, et de Flavien Veyren, préfet des Bouches-du-Rhône.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources :
Robert Mencherini, La Libération et les années Tricolores (1944-1947). Midi rouge, ombres et lumières, tome 4, Paris, Syllepse, 2014.
Henry Rousso, « L'épuration en France, une histoire inachevée », in Vingtième siècle, PFNSP, n° 33, 1992, pp. 78-105.