Organisation du réseau Shelburn chargé du rapatriement en Angleterre des parachutistes et aviateurs alliés

Légende :

Organigramme du réseau d'évasion Shelburn en janvier 1944. Ce document est extrait du dossier d'homologation du réseau conservé au service historique de la Défense à Vincennes sous la cote 17 P 214.

Genre : Image

Type : Organigramme

Source : © Service historique de la Défense, 17 P 214 Droits réservés

Détails techniques :

Document manuscrit

Date document : sans date

Lieu : France

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Analyse média

Le réseau Shelburn est dirigé par Paul Campinchi. La laison avec Londres est assurée par deux agents du SOE, Dumay et Labrosse. 
Le réseau est divisé en cinq sections : faux-papiers, identification, hébergement, ravitaillement, convoyage. L'essentiel des convoyages se fait à destination de la Bretagne mais également vers Grenoble, Nice ou encore Toulouse.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

La région parisienne ne fut qu'une étape de la ligne d'évasion pour les aviateurs alliés que constitua le réseau Shelburn (du nom du dernier anglais rapatrié par ce réseau, selon le témoignage du chef du réseau, Paul Campinchi) mais une étape d'importance qui vaut que l'on s'y arrête. Si l'évasion avait lieu uniquement par bateaux, à partir de la Bretagne, il s'agissait, dans un premier temps, de repérer les aviateurs en province et de leur permettre de rejoindre les points d'embarquement avec un maximum de sécurité. Ainsi Georges Fromageot fut-il chargé de rechercher un général anglais dont l'avion avait été abattu le 7 mai 1944 près de Saint-Remy-du-Plain, dans la Sarthe. 

Sur le chemin de l'évacuation, Paris constituait un lieu de rassemblement où les aviateurs étaient hébergés et équipés en faux-papiers avant de prendre la direction de la Bretagne. D'après Paul Campinchi, la ligne aurait compté environ 60 convoyeurs. En province, le convoyeur remettait son "client" au chef convoyeur qui effectuait le voyage province-Paris afin de remettre un groupe d'aviateurs au chef logeur qui les attendait à la gare. De là, les candidats à l'évasion étaient emmenés chez des logeurs. Marie-Rose Zerling ("Claudette", "Yvon", "Marie", "Aline ") effectuait ainsi des convoyages dans Paris en liaison avec un chef convoyeur dans la capitale, Henri Bois. Elle dirigea une équipe d'hébergement au sein de laquelle on trouvait M. Aude (avenue Mozart), Mme et Mlle Maron (idem), Mme Coulomb (boulevard Péreire), M. et Mme Lwoff (avenue de Suffren), M. et Mme Ponselet (boulevard des Capucines), Mme Massenet (rue Renan), Mme Huet (avenue Wilson), Mmes de Mirbeke à Saint Maur, M. Tarin (boulevard Barbès)… Dans un témoignage d'après-guerre, M.-R. Zerling rapporte que M. et Mme Schrub, à Courbevoie, cachèrent pendant trois semaines un convoyeur de Lille qui avait échappé aux Allemands. Mme Wiame dirigea également une petite section de logeuses. Marcel Colas ("Yvon"), d'abord convoyeur, devint chef de la section logeurs après l'arrestation de M.-R. Zerling le 5 février 1944 par la Gestapo.

Jean Pivet ("Michel"), qui travaillait au contrôle du ravitaillement (rue Mabillon), confectionna des faux papiers pour les aviateurs alliés ; il fut aidé en cela en cela par Maurice Cavalier. En novembre 1943 le Dr Porc'her prit la direction du secteur imprimerie de Shelburn.

L'évacuation des aviateurs s'effectuait ensuite de la gare Montparnasse en direction de la Bretagne. L'embarquement avait ensuite lieu sur les côtes bretonnes. Si l'on en croit Jean Pivet, un aviateur mettait en moyenne une année complète pour regagner la Grande-Bretagne.

L'activité comportait d'importants risques. Ainsi Pierre Germain fut-il arrêté le 22 septembre 1943 alors qu'il convoyait de faux parachutistes, agents de la Gestapo.

Le réseau Shelburn se livra par ailleurs à une activité de renseignement. Un laboratoire de photographies de document fut organisé avec la complicité du Dr Peiffert ("Jean") à la Faculté de médecine. Des plans des chemins de fer, par exemple, y furent reproduits. Campinchi s'occupait de la transmission de ces documents au réseau Mithridate. Un agent du réseau, Charles Martelli parvint à subtiliser des cartes d'Etat-major à l'Institut géographique national.

Le réseau Shelburn connut une série de coups difficiles, notamment lorsqu'en 1943, un émissaire anglais se fit prendre en gare de Dax, ce qui entraîna la fin de la liaison par radio avec Londres. La Gestapo se présenta plus tard au domicile du chef du réseau, rue des Ursins, ainsi qu'à son bureau de la Préfecture de Police. Campinchi était absent et put être prévenu. Il fut coupé un temps de ses liaisons mais renoua peu à peu les fils et reprit son travail.
En février 1944, Shelburn fut victime d'une série d'arrestations. Malgré tout, la ligne fonctionna jusqu'à la Libération.

Le réseau fut homologué en tant qu'unité combattante pour la période allant du 1er mars 1943 au 30 septembre 1944.



Emmanuel Debono in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-FRance, AERI, 2004

Sources :
Archives nationales, 72 AJ 80 (Réseau Shelburn : témoignage de Paul Campinchi recueilli le 30 décembre 1945 par Etaix ; témoignage de Georges Labarthe recueilli le 24 juin 1946 par Mlle Patrimonio ; homologation du Ministère de la Guerre ; témoignage de Jean Pivet recueilli le 21 juin 1946 par Mlle Patrimonio ; témoignage de Maire-Rose Zerling recueilli le 28 février 1946).
SHD, synthèse des dossiers d'homologation des réseaux réalisée par le Commandant Housset.
ONAC de Versailles, dossiers de CVR d'agents du réseau Shelburn.