Evasions par l'Espagne : centre d'accueil de l'Union des évadés de France de Casablanca

Légende :

Vue intérieure du centre d'accueil des évadés de France à Casablanca : le bar. Sur les murs fugurent V, croix de Lorraine et portrait du général de Gaulle.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © SHD, CHA-Vincennes, Fonds du Comité d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir-et-blanc

Date document : 1944

Lieu : Maroc

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Casablanca est le point de ralliement des évadés de France. Il y est fait un accueil quasi-délirant aux personnes qui débarquent. Devant la gare maritime, un détachement militaire présente les armes ; la musique des tirailleurs joue une émouvante Marseillaise. Les nouveaux arrivants sont inviter à s'engager dans l'arme de leur choix. Les affectations individuelles s'ensuivent après un interrogatoire serré de la part de la Sécurité Militaire.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

"Les évadés de France sont des patriotes ayant choisi la périlleuse aventure de s'évader de France en franchissant les Pyrénées, à la fois par refus d'aider les Allemands occupant leur pays et pour l'honneur de servir la France en s'engageant dans les Forces françaises libres devenues Forces de la France combattante en juillet 1942". Général de Lattre de Tassigny.

De 1940 à 1944, de nombreux Français décident de tout quitter, de rompre complètement avec leur environnement familial, professionnel et avec leur pays pour participer, en soldats, à la lutte pour la libération de la France. Leur combat commence par le franchissement des Pyrénées au péril de leur vie, car il faut affronter la montagne par des itinéraires longs et éprouvants, ce qui explique que beaucoup abandonnent devant ces difficultés : la moyenne d'âge de ceux qui ont réussi le passage se situe autour de 25 ans.

Les risques sont d'autant plus grands que quitter la France clandestinement est alors considéré comme une trahison et durement sanctionné par les autorités d'Occupation et de Vichy. Après l'invasion de la zone non occupée (8 novembre 1942), plus de 3 000 Allemands surveillent la frontière. 33 000* Français passent en Espagne mais 1 860* évadés sont remis par les Espagnols aux autorités de Vichy avant le 8 novembre 1942, 2 120* sont capturés par les Allemands et déportés, 320* meurent dans les Pyrénées (tués par les Allemands ou victimes d'accidents de montagne).

Leurs motivations sont diverses, comme pour toutes les catégories de résistants, mais le plus grand nombre de passages s'effectue à l'automne 1942 et au printemps 1943 : 56% des passages ( 18 540* sur 33 000) ont lieu en 1943. Beaucoup des évadés de France sont donc des réfractaires au STO. On y trouve aussi des résistants repérés par la police qui décident de partir pour continuer leur lutte sur les champs de bataille ainsi que des jeunes patriotes tentés par l'aventure de la France combattante.

Après le franchissement des Pyrénées, les évadés sont confrontés aux autorités espagnoles qui les internent dans leurs prisons et surtout dans le camp de Miranda Del Ebro (130* évadés meurent en détention en Espagne). Toutefois, grâce à la pression des Etats-Unis qui utilisent l'arme économique (libération des prisonniers français contre une aide alimentaire et matérielle américaine à l'Espagne épuisée par trois ans de guerre civile), le gouvernement de Franco accepte de libérer les évadés de France qui rejoignent l'Afrique du Nord après plusieurs mois de détention en Espagne.

23 000* évadés de France s'engagent les unités de la France combattante : ils se battent en Tunisie, puis en Italie avant de débarquer en Provence. On les trouve dans les deux grandes unités françaises qui combattent jusqu'à la fin de la guerre en France et en Allemagne aux côtés des Alliés, la 2e DB du général Leclerc et la division française libre du général de Lattre de Tassigny, mais aussi dans la marine et dans l'aviation, les commandos, les parachutistes. Plus de 6 000 d'entre eux sont morts dans les combats pour la Libération.



* Les chiffres sont ceux fournis par la Confédération des évadés de France.


Christian Ernandoréna, "Les évadés de France", CD-ROM La Résistance dans les Landes, AERI, 2008.