Libération de Buis-les-Baronnies

Légende :

Une plaque commémorative a été apposée en souvenir de la libération de Buis-les-Baronnies, le 7 juin 1944, lors du soixantième anniversaire, en 2004, au bas du Monument aux morts du bourg.

Genre : Image

Type : Plaque

Producteur : Cliché Claude Seyve

Source : © Collection Claude Seyve Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Buis-les-Baronnies

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Lors du soixantième anniversaire de la libération de Buis-les Baronnies (7 juin 1944), il a été décidé d’apposer une plaque au monument aux morts, commémorant cette date importante pour la cité, alors enjeu régional réel, immédiatement après le débarquement de Normandie (6 juin).

Le cliché met en valeur une plaque : dans l’angle droit de celle-ci, en bas, est inscrite la date de la pose : « JUIN 2004 ».

Le texte de l’inscription est ainsi libellé, en lettres d’imprimerie :

« JUIN 1944
LIBERATION DE BUIS LES BARONNIES ET SA REGION
HOMMAGES AUX PATRIOTES RESISTANTS ».

On peut lire sur cette stèle : « Morts de la guerre » (six noms) ; « morts de la Résistance » (cinq) ; « morts en déportation » (trois) ; « prisonniers décédés » (deux) ; « disparu de la guerre » (un) ; « mort en Algérie » (un).

Le 7 juin 1944, la première séance du Comité de libération de Buis est organisée en présence de Paul Pannaux, Pierre Granjon, Édouard Bénard, Claude Bernard, Aimé Buix, Amédée Léautier, André Balme, Gaston Balme, Louis Moreau.

Ils se réunissent pour organiser la réception des troupes de la Résistance qui doivent arriver le soir même dans la ville.

Étant donné que la délégation spéciale a démissionné le 1er juin, le comité charge Monsieur Buix de « l’expédition courante des affaires municipales ». M. Pannaux est chargé du ravitaillement de la troupe et de la population civile. Le Comité comprend quinze membres : une commission administrative se composant de MM. Baron, Buix, Gauthier, Granjon, Jousselme, Clier, Léautier, Moreau et une commission de Ravitaillement se composant de MM. Pannaux, Balme André, Balme Gaston, Bénard, Girard, Lagarde, Martin.
La Présidence du Comité est confié à Édouard Bénard, instituteur à Buis.

Si 60 ans après l’événement, la commune a tenu à revenir sur le fait, c’est assurément qu’une prise de conscience s’est produite au fil des ans. Peu de communes dans la Drôme ou en France, furent en effet définitivement libérées si tôt. Parmi celles qui furent libérées après le débarquement du 6 juin, nombre d’entre elles furent reprises par les Allemands et parfois la reconquête fut accompagnée de péripéties sanglantes ; en Drôme ou dans le voisinage, Valréas (53 fusillés) et Vaison-la-Romaine dans le Vaucluse, Die, Romans… À proximité du Buis, combats et bombardements se poursuivirent : trois combats à Montclus (Hautes-Alpes) les 8, 19 et 21 juin 1944 ; combat de Montbrun-les-Bains par la compagnie Grangeon venant du Vaucluse, le 8 août ; bombardement à Sèderon et environs les 8 et 10 août ; sur la route de Nyons à Orange, accrochages violents entre FTP et Allemands appartenant à des unités de la 11e Panzer, 23-24 août ; bombardement de Nyons (4 morts, 12 blessés) les 24 et 25 août, etc. L’hôpital de la Résistance du Buis soignent les blessés de ces affrontements. « Pendant quelques semaines, le Buis devient ainsi une petite capitale de la Résistance », écrit Aimé Buix.

Les FFI, qui étaient cantonnés à Buis-les-Baronnies et dans la région et la population, craignaient un retour des occupants. Les circonstances et la présence d’une Résistance relativement nombreuse épaulée par une population coopérante, les propres objectifs de l’Armée allemande (repli de la 19e Armée au nord de Lyon), tout cela se conjugua pour qu’un tel épisode douloureux ne se produise pas. La Libération du 7 juin demeure une date forte pour le pays (au sens local).


Auteurs : Claude Seyve Michel Seyve

Contexte historique

Dès le 6 juin 1944 – débarquement de Normandie – les FFI occupent villes et villages, dans de nombreuses régions de France, notamment dans les Baronnies : Buis, Séderon, Montbrun ; mais aussi, Nyons, Taulignan, Vaison-la-Romaine et Valréas (Vaucluse), Bourdeaux, Die, Romans… sont libérées. « Partout règne l’allégresse », commente Aimé Buix qui décrit encore l’atmosphère du moment.

Les jeunes s’engagent dans les nouvelles compagnies des FFI, poursuit- il en substance : celle du commandant Girard à Sainte-Jalle ; celle du commandant Bonfils au Buis, celles des FTP de la compagnie Morvan, celle des aviateurs cantonnés à Propiac… : elles voient leurs effectifs s’enfler.

Mais Valréas, Vaison-la-Romaine, Die, Romans sont réoccupés par les Allemands… La compagnie Grangeon se replie au Buis. En juillet 1944, l’hôpital-hospice est transformé en hôpital militaire où sont soignés les blessés de la région.

En effet, la guerre se poursuit : l’euphorie des premiers jours fait place à la détermination dans l’action chez les Résistants.

Avec la Libération de Buis se mettent en place les pouvoirs civils, avons-nous observé. Mais ils ont à faire avec les pouvoirs des unités de volontaires qui s’installent rapidement après le 7 juin et qui sont les véritables « décideurs » compte tenu de la guerre qui n’est pas encore prête à quitter le Sud-Est. Fernand Tressos, adjudant Meyraud dans la Résistance FTP, donne ses impressions sur le comportement des maquisards, parfois issus de la population locale, après la libération de Buis.

« Nous sommes arrivés à Buis-les-Baronnies le 19 juin 1944. Comment allons-nous être intégrés ? Cinq jours durant, nous sommes sans affectation et certainement en observation ; nous observons nos “enfants héroïques”. Il y a du positif et du négatif. D'abord, il faudrait que la sentinelle qui garde le cantonnement tienne debout ! Elle en prend un peu trop à son aise. La 2ème compagnie est chargée de protéger le Buis contre une incursion possible de l'ennemi, et les trois détachements sont à tour de rôle au barrage à trois kilomètres devant la petite ville. Les deux détachements de repos doivent être disponibles et prêter main forte. Les éléments locaux rentrent chez eux passer la nuit et désertent les “piaules” jusqu'au matin. Les habitants peuvent-ils compter sur nous et dormir tranquilles ? ! Ce n'est pas sérieux.

Le 22 juin, on affecte enfin Journaud au 1er détachement en tant que CE, Tressos au 2ème détachement et Tronchon au 3ème.
[...] Je choisis mon nom de guerre : je serai l'adjudant “Meyraud”. J'interviens tout de suite pour que les hommes que je commande ne désertent pas le cantonnement la nuit, que la sentinelle se redresse, sans pour cela présenter les armes ! Le lendemain, je suis au barrage avec le 2ème détachement que commande “Garcia” (David Golberg). Après avoir constaté le bon choix de l'emplacement, je m'informe de la disposition des postes. [...] Je constate que, dans deux postes sur trois, tout le monde pique un roupillon. Je rappelle les camarades à l'ordre et je leur demande de veiller à tour de rôle. Mais de veiller ! La sécurité de Buis-les-Baronnies en dépend. Combien de fois entendrai-je : “Mais ! C'est l'armée bourgeoise !”, avant d'asseoir correctement mon autorité ? »

Buis-les-Baronnies libéré, la guerre continue, la crainte du retour de l’envahisseur pèse sur la population et les FFI qui ont, entre autres, la charge de la protéger. Il reste que, désormais, ce sont ces forces nouvelles elles-mêmes et non plus l’envahisseur ou ses suppôts, qui mènent la lutte et gèrent les problèmes, en tout premier lieu celui du ravitaillement. Ainsi, c’est une différence de situation notoire et tout à fait nouvelle qui commence avec la libération du Buis et de la région à partir du 7 juin 1944, qui se poursuit jusqu’au débarquement de Méditerranée le 15 août et la bataille dite de Montélimar, jusqu’à la fin du mois d’août. La plaque de 2004 en un haut-lieu de la commune situe le souvenir à son juste niveau.


Auteurs : Claude Seyve, Michel Seyve
Sources : Archives communales du Buis-les-Baronnies, Fonds Aimé Buix.