Paul Louis Deguilhem
Légende :
Paul Louis Deguilhem, ouvrier aux ateliers SNCF d'Arles, résistant mort pour la France - sans date
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Collection CRDA Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Arles
Contexte historique
Paul Louis Deguilhem est né le 10 mai 1904 à Beaucaire (Gard). Fils de Désiré Deguilhem, marbrier, et de son épouse, Adrienne Boudou, il embauche au chemin de fer le 1er octobre 1925. Il se marie à Oulins le 22 janvier 1927 avec Jeanne Lombard, dont il a un enfant, né en 1928. En 1940, Louis Deguilhem habite avec sa famille avenue Paulin-Talabot, à proximité de la gare d’Arles. Il travaille alors comme ouvrier aux Ateliers SNCF (ex-PLM) de cette ville.
Ces derniers sont un lieu important de résistance ouvrière, où le Parti communiste se reconstitue rapidement. Le 6 juin 1941, Louis Deguilhem et sept autres cheminots des ateliers d’Arles (Fernand Fournier*, Charles Gardiol, Joseph Peloux, Adolphe Piche, Claude Pin*, Charles Raymond, Pierre Souchon*) sont arrêtés par la 9e brigade mobile de Marseille pour « menées antinationales » et distribution de tracts communistes. Louis Deguilhem est accusé d’avoir remis à Fernand Fournier 1 000 exemplaires ronéotés de La Vie ouvrière et de L’Humanité. Il est emprisonné deux mois à Avignon, et jugé, en juillet 1941, par le tribunal correctionnel de Tarascon (Bouches-du-Rhône). Transféré en août 1941 à la prison Saint-Pierre de Marseille, il est traduit, comme ses camarades, le 6 septembre 1941, devant la section spéciale du tribunal militaire de la XVe région. Les inculpés sont condamnés à des peines qui s’échelonnent de 20 ans de travaux forcés à 5 ans de prison, accompagnées d’amendes, de dégradation civique et d’interdictions de séjour. Louis Deguilhem est condamné à dix ans de travaux forcés (commués, en mai 1944, en cinq années de prison).
Immédiatement révoqués de la SNCF, les huit cheminots sont incarcérés à la prison Saint-Roch de Toulon (Var) - c’est le cas de Louis Deguilhem - ou à la centrale de Nîmes (Gard). Sept d’entre eux, dont Louis Deguilhem, sont transférés à la centrale d’Eysses, près de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Ils participent, dans cette prison, à l’organisation communiste clandestine. Chacun est tenu de se cultiver, de participer à des conférences et s’emploie à des activités diverses. Paul Deguilhem rédige des poèmes et une pièce de théâtre, jouée par les détenus le 11 novembre 1943, effectue des peintures sur bois (dont celle d’une Arlésienne) et écrit les paroles de « Debout », chant des patriotes emprisonnés à Eysses.
Le 19 février 1944, une tentative d’évasion collective échoue et entraîne une répression féroce. Cinquante détenus sont pris comme otages et douze d’entre eux sont fusillés, le 23 février 1944, après condamnation par une cour martiale. Le 30 mai 1944, plus de 1 100 détenus d’Eysses sont transférés à Compiègne (Oise).
Le 18 juin 1944, un transport de plus de 2 100 hommes est organisé à partir de Compiègne pour le KL de Dachau (Allemagne), composé, pour moitié, d’anciens détenus d’Eysses. Parmi eux, Louis Deguilhem et quatre des huit cheminots arlésiens. Le convoi arrive à Dachau le 20 juin 1944, en fin d’après-midi. Louis Deguilhem est immatriculé 73 325. Selon le témoignage de Louis Auguste, cheminot communiste et responsable CGT à Marseille, également déporté à Dachau, Paul Deguilhem est affecté au travail en usine. Tombé malade en décembre 1944, il entre à l’infirmerie du camp où, en dépit des soins de Louis Auguste, il meurt le 6 février 1945.
Louis Deguilhem a obtenu les mentions « Mort en déportation » et « Mort pour la France ». Il figure sur la plaque commémorative des Ateliers d’Arles, avec Fernand Fournier, Claude Pin et Pierre Souchon, sous l’inscription : « Morts en camp de concentration ».
À Marseille, son nom est gravé sur la colonne octogonale dédiée aux 446 agents SNCF « des 8e arrondissements morts pour la France »**, érigée dans le square de la gare Saint-Charles.
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** Ces arrondissements correspondent au découpage territorial et fonctionnel de la SNCF de l'époque.
Auteur : Robert Mencherini
Sources :
Thomas Fontaine (dir.), Les cheminots victimes de la répression - 1940-1945. Mémorial, coédition Perrin/SNCF, 2017 ;
Archives historiques de la SNCF, CXXIV.2. Agents déclarés décédés en Allemagne/ 0118LM0108 A à Q de Abonneau à Quinton ;
DAVCC Caen, dossier de Mort pour la France, 21P 441 638/114 530 ;
Centre d’archives multirégional SNCF de Béziers, dossier de pension ;
Renseignements fournis par le Centre de la Résistance et de la Déportation du pays d’Arles (CRDA) ;
Marion Jeux (coord.), Résister en Pays d'Arles, 1944 - 2014, 70e anniversaire de la Libération, Arles, Actes Sud/Association du Musée de la Résistance et de la Déportation d'Arles et du Pays d'Arles, 2014 ;
Nicolas Koukas, « La Résistance à Arles, 1940-1944 », mémoire de maîtrise, dir. R. Mencherini, Université d’Avignon, 1997 ;
Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945, Paris, Éd. Tirésias, 2004, tome II ;
Amicale des Anciens d’Eysses, Eysses contre Vichy, 1940…, Paris, éd. Tirésias - Michel Reynaud, 1992 ;
Robert Mencherini, Cheminots en Provence. Les années de guerre, 1939-1945, Marseille, éditions du CE Cheminots, 2012.