Fernand Fournier

Légende :

Le résistant arlésien Fernand Fournier, mort pour la France - sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection CRDA Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Arles

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Contexte historique

Né le 24 mai 1903 à Arles (Bouches-du-Rhône), Fernand Marcellin Laurent Fournier est le fils de Denise Roubaud et de son époux, Marius Fournier, employé à la compagnie des chemins de fer des Bouches-du-Rhône. Il se marie, très jeune, à Arles, le 7 octobre 1922, avec Françoise Pierrette Coustellier dont il aura deux enfants. D’abord maçon au moment de son mariage, dégagé de ses obligations militaires le 7 novembre 1924, il embauche à la compagnie PLM, le 27 novembre 1929, comme aide-ouvrier auxiliaire, aux Ateliers ferroviaires d’Arles. Les Ateliers PLM d’Arles qui comptent des centaines d’ouvriers sont un foyer syndicaliste et communiste important. Fernand Fournier y milite activement à la CGTU et au Parti communiste, et, après la réunification syndicale de 1936, à la CGT. Il devient responsable de la FSGT en fort développement dont il s’occupe, en particulier, du club de football.

Sous Vichy, le Parti communiste se reconstitue au sein des Ateliers et diffuse ses publications clandestines, ce qui inquiète particulièrement le sous-préfet et attire l’attention de la police. Le 6 juin 1941, la 9e brigade mobile de Marseille arrête Fernand Fournier et sept autres cheminots des ateliers d’Arles (Louis Deguilhem*, Charles Gardiol, Joseph Peloux, Adolphe Piche, Claude Pin*, Charles Raymond, Pierre Souchon*) pour menées antinationales et distribution de tracts communistes. Comme ses camarades, Fernand Fournier est jugé, en juillet 1941, par le tribunal correctionnel de Tarascon (Bouches-du-Rhône), puis traduit devant le tribunal militaire de la XVe région à Marseille (Bouches-du-Rhône). Le 6 septembre 1941, celui-ci condamne les inculpés à des peines qui s’échelonnent de 20 ans de travaux forcés (ce qui est le cas pour Fernand Fournier) à 5 ans de prison, accompagnées d’amendes, de dégradation civique et d’interdictions de séjour.

Les huit cheminots, révoqués de la SNCF, sont incarcérés à la centrale de Nîmes (Gard) ou, comme Fernand Fournier, à la prison Saint-Roch de Toulon (Var). Celui-ci y demeure, cellule 37, alors que ses camarades sont transférés à la centrale d’Eysses, près de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Très malade, Fernand Fournier meurt le 25 janvier 1944 à l’hôpital civil de Toulon. Selon le commissaire central d’Arles, pour ses obsèques qui ont lieu à Arles, plus de 1 800 personnes se rassemblent devant les ateliers SNCF où le corps, venant de Toulon est placé sur un corbillard. La cérémonie dure une heure et une collecte organisée sur place rapporte une somme élevée. Sans qu’aucun discours ne soit prononcé, il s’agit d’une véritable manifestation d’opposition à Vichy et aux occupants. Le journal communiste clandestin régional du PCF, Rouge-Midi, daté de mars (1er ?) 1944, diffusé le 18 mars, évoque ces obsèques (avec 4 000 personnes et des délégations venues de la proche région) dans un tiers de colonne sous le titre « Vengeons nos morts ».

Fernand Fournier a été reconnu « Mort pour la France ».
Son nom figure sur la plaque commémorative des Ateliers d’Arles, (déplacée à la gare d’Arles) avec Louis Deguilhem, Claude Pin, Pierre Souchon, sous l’inscription : « Morts en camp de concentration ».
Il a été donné au stade de la ville (avenue du XVe corps, aujourd’hui avenue du docteur-Imbert). À Marseille, son nom est gravé sur la colonne octogonale dédiée aux 446 agents SNCF « des 8e arrondissements morts pour la France »**, érigée dans le square de la gare Saint-Charles.

 

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** Ces arrondissements correspondent au découpage territorial et fonctionnel de la SNCF de l'époque.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :

Dir. Thomas Fontaine, Les cheminots victimes de la répression - 1940-1945. Mémorial, coédition Perrin/SNCF, 2017 ;

Archives historiques de la SNCF, CXXV 5 agents fusillés 0118LM0120/06 (Renseignements sur des agents sanctionnés pour communisme ou activité antinationale, agents fusillés) ;

Centre d’archives multirégional SNCF de Béziers, dossier de pension ;

Actes de naissance et de décès ;

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 97W 19, rapport du commissaire central au sous-préfet d’Arles, 31 janvier 1944 ;

Renseignements fournis par le Centre de la Résistance et de la Déportation du pays d’Arles (CRDA) ;

Adrien MOUTON, Notes d’un Vétéran sur les 60 ans du Parti Communiste Français, 1920-1980, Arles, chez l’auteur, 1981, p. 120 ;

Rouge-midi, mars (1er mars ?) 1944 ;

Nicolas Koukas, « La Résistance à Arles, 1940-1944 », mémoire de maîtrise, dir. R. Mencherini, Université d’Avignon, 1997 ; 

Association du Musée de la Résistance et de la Déportation d'Arles et du pays d’Arles, Résister en pays d’Arles, Arles, Actes Sud, 2014, p. 90 et sq. ;

Robert Mencherini, Cheminots en Provence. Les années de guerre, 1939-1945, Marseille, éditions du CE Cheminots, 2012, pp. 34, 70, 76, 152.